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Cosmétique naturelle et bio : « Leben wie Gott in Deutschland » ? (suite2)

ICADA s’affiche comme « lié au commerce spécialisé, qui offre par sa compétence professionnelle et sa prise de conscience de la Nature les dispositions particulières pour conseiller la cosmétique naturelle et bio. (…) Le commerce de détail a ainsi la possibilité de se démarquer avec une cosmétique naturelle et bio ‘authentique’ et différenciée, alors que le discounter voisin est engagé dans une bataille des prix avec d’autres labels » ! Le problème d’une éventuelle qualification de « refus de vente » ne semble visiblement pas leur poser problème.

Concernant les fabricants, ne sont acceptés par ICADA que « les authentiques sociétés de cosmétique naturelle (…). Les imitateurs qui choisissent au sein d’une liste positive les ingrédients pour faire ainsi des formules de ‘cosmétique naturelle’ ne seront pas reconnues comme société de cosmétique naturelle » par ICADA. De plus les conditions financières d’accès et de contrôle se veulent particulièrement favorables aux petites entreprises. Mais bien qu’annonçant une « communication presse dynamique » (?) et une « activité internationale », il apparaît qu’ICADA reste inconnu, non seulement de la plupart des consommateurs, mais aussi de beaucoup de détaillants. Sur leur site Internet, seules 20 sociétés adhérentes sont mentionnées, dont 5 néerlandaises et une américaine. 2 des sociétés allemandes sont même membres du BDIH ! La plupart de ces sociétés membres, aussi sympathiques soientelles, sont en général de petits voire très petits acteurs du marché. Et pour couronner le tout, ni le nom de cette « certification » ni son graphisme n’affichent une naturalité évidente.

Ce qui aurait pu ainsi être un retour à un « BDIH ou Neuform des origines », c’est-à-dire de l’époque où un logo de cosmétique naturelle ne signalait que des entreprises à l’ancrage ancien et authentique dans le monde du bio est en fait visiblement une expérience qui est loin de connaître le succès escompté. A l’heure où les entreprises qui répondent à ce profil recherchent des moyens de mieux se différencier des… « imitateurs », pour reprendre le terme employé par ICADA, cela ne semble pas être donc, sans réels moyens de communication, une solution efficace. A méditer.

D’ailleurs, les spécialistes des études consommateurs – comme cela a été dit au Congrès de Berlin en septembre dernier – constatent d’une part que, perdus dans la « jungle des labels », les consommateurs font bien plus confiance aux logos des résultats des magazines de tests comparatifs, comme Öko-Test ou Stiftung Warentest, très connus, et que d’autre part certaines entreprises ont tendance à faire passer à l’arrière des emballages les logos des certifications, pour réserver la face avant à la mise en avant des qualités des produits. Un signe de temps nouveaux ? Mieux communiquer sur cette qualité des produits et les valeurs

"Les logos illustrant cet article appartiennent à leurs propriétaires respectifs et ne sont présentement destinés qu’à visualiser les pratiques relatées constatées sur le marché "

 

5e Congrès professionnel allemand de la cosmétique naturelle :
« la certification c’est regarder en arrière »

Régulièrement, des conférences à l’attention des professionnels, fabricants ou distributeurs, sont organisées en France sur le thème de la cosmétique naturelle et bio, notamment dans le cadre des salons professionnels Natexpo ou encore Beyond Beauty/Cosmeeting. On peut aussi citer la Conférence Eco-experts / Eco-Cosmetics qui vient de se tenir le 23 octobre 2012 à Paris. Mais il n’existe pas encore en France de vrai congrès régulier de la cosmétique bio, en dehors de toute attache avec une association ou un « label » particulier.

Ce type de congrès existe par contre chez nos voisins allemands : sa 5e édition vient de se tenir à Berlin du 24 au 26 septembre dernier, réunissant près de 160 participants, principalement d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse, mais aussi avec une délégation russe, quelques congressistes et/ ou intervenants des Etats-Unis… et de France, au total 8 pays différents. La plupart des participants étaient soient des fabricants soit des fournisseurs de l’industrie cosmétique, mais il y avait aussi des distributeurs et une bonne vingtaine de journalistes. Créé en 2008, ce Naturkosmetik Branchenkongress (Congrès professionnel de la cosmétique naturelle) s’était tenu pour ses trois premières éditions à Nuremberg, ville qui accueille chaque année en février le salon BioFach (avec sa partie Vivaness pour la cosmétique), qui est le plus gros salon bio du monde. Dès la première année, près de 120 congressistes avaient été présents, venant principalement des trois pays germanophones susmentionnés, mais avec des intervenants étrangers comme la britannique Liz Butterfield, de la Soil Association Certification Limited, ou encore Valérie Lemaire pour Ecocert.

Depuis 2011, la rencontre se déroule dans la capitale Berlin, « la » ville qui bouge en Allemagne et qui est à l’origine de nombreuses innovations commerciales, en particulier dans le Bio. C’est pour cette raison que dorénavant les deux jours de congrès proprement dit sont précédés par un Trend Tour d’une demi-journée. Celui-ci consiste en la visite de points de vente, en général nouvellement ouverts, symptomatiques du dynamisme en matière de cosmétique bio : grands magasins, boutiques de cosmétique naturelle, pharmacies et bien sûr Reformhäuser ou Bioläden. En général tous des exemples à suivre et/ou pouvant amener à des réflexions intéressantes.

Ce congrès est organisé par l’équipe de Elfriede Dambacher, consultante spécialisée en cosmétique bio, avec plus de 25 années d’expérience dans le domaine. Conférencière et auteure, elle édite également chaque année un annuaire de la branche (Naturkosmetik Jahrbuch) avec les adresses des marques, des magasins, des fournisseurs de matières premières, et tous les deux ans une étude de marché très détaillée (Naturkosmetik Branchenreport).

Le congrès 2012 s’est penché sur de nombreux thèmes, allant des chiffres actuels du marché allemand (plutôt en stagnation tant en chiffre d’affaires qu’en nombre de consommateurs) à la comparaison de certains marchés internationaux (Allemagne, USA, Chine, Russie, France… où l’on vit que potentiel et compréhension de la cosmétique bio sont bien différents d’un pays à l’autre), en passant par les attentes des consommateurs, le marché en pharmacie en Allemagne (bien moins développé qu’en France) ou encore la discussion sur la nécessité ou non d’avoir des certifications encadrées par les Etats plutôt que par des cahiers des charges privés. Lors de la table ronde sur la comparaison des marchés, ce fut Betty Santonnat, Directrice du Développement chez Cosmébio, qui exprima le point de vue français. Parmi les points les plus intéressants, sur lequel nous reviendrons sans nul doute dans un prochain article, nous avons relevé, dans l’intervention du Prof. Braungart l’idée que « la certification c’est regarder en arrière » (c’est-à-dire sur ce qui a été fait pour garantir une certaine qualité), alors que pour lui l’urgence est bien de regarder vers l’avenir en matière non seulement d’écologie et d’économie durable, mais aussi de « cradle to cradle », ce concept économique basé sur le 0 % pollution et le 100 % recyclage. Selon lui, le « durable » est même (trop) devenu un argument galvaudé, pour ne pas dire déjà dépassé. De fait, ainsi que cela a aussi été souligné récemment chez nous lors des 10 ans de Cosmébio en juin dernier, les simples « labels » de certification de cosmétique bio ou équitable ne suffisent visiblement plus, ne serait-ce que d’une part parce que les consommateurs n’y comprennent souvent rien entre les différents labels, même en Allemagne (point sur le quel Christa Möller, Directrice Beauté de l’important – plus de 3 millions de lectrices – bimensuel féminin Brigitte a beaucoup insisté) mais aussi parce que cela n’est pas forcément un signe de qualité cosmétique stricto sensu. Or il ne faut pas oublier que ce que recherchent avant tout les consommateurs, ce sont bien des produits cosmétiques répondant à leurs besoins en matière de soins de la peau et du corps, sans oublier le facteur plaisir. Et nombreux ont ainsi été les intervenants et les congressistes à souligner que les marques pionnières réellement engagées dans une démarche éthique et bio doivent mieux communiquer sur leurs engagements, pour mieux se différencier d’une cosmétique qui ne regarde pas « en avant », vers le futur, ainsi que sur leurs valeurs pour un monde plus sain et plus propre, et qui pourra surtout subvenir à tous nos besoins le plus longtemps possible encore, tout en étant concurrentiels sur les plans de l’efficacité cosmétique et du plaisir d’utilisation. La prochaine édition du Naturkosmetik Branchenkongress se tiendra les 25 et 26 septembre 2013 à Berlin (avec le Trend Tour la veille). Nul doute que les entreprises françaises qui y participeront ne pourront qu’y trouver des éléments de réflexion, voire de remise en question, plus qu’intéressants. Partager les expériences, les difficultés et les solutions trouvées avec d’autres personnes issus de cultures et d’horizons différents est en effet des plus enrichissants. Et la cosmétique bio authentique a plus que jamais besoin de parler d’une même voix, en allant au-delà des différences culturelles et des (fréquentes) « querelles de chapelle ».

Pour plus d’informations sur le Naturkosmetik Branchenkongress :
http://www.naturkosmetik-branchenkongress. de/
et par mail auprès de Mme Beate Vogel (qui parle français) :
b.vogel@naturkosmetik-verlag.de
ou directement auprès de nous-même : manasa.conseil@orange.fr


Autres informations

La référence pour les professionnels de la distribution bio spécialisée et alternative

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