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1970, année décisive pour la culture biologique

Comment, avec un tel thème, une entreprise engagée résolument depuis plus de dix ans dans la diffusion d’une méthode d’agriculture excluant tout apport d’engrais, de pesticides, d’insecticides chimiques, au coeur même de la bataille pour la protection de la nature, intégrée viscéralement avec son fondateur dans le monde agricole et rural depuis plus de quatre-vingt ans, ne pouvait-elle alors ne pas aller au grand rassemblement des Paysans de France, au salon de l’Agriculture à Paris, pour présenter ses travaux et sa solution pour la protection de la Nature ?
La Sté SVB Lemaire, puisqu’il s’agit de cette Entreprise, invita donc tous les agrobiologistes qui lui avaient fait confiance en pratiquant la méthode Lemaire-Boucher à se rendre à Paris au 7ème Salon International de l’Agriculture pour porter témoignage face aux nombreux contradicteurs qui ne manqueraient pas de se présenter. Pour la première fois, l’Agriculture Biologique allait donc apparaître au grand jour, dans le temple même de l’Agriculture productiviste qu’elle combattait.

En avant-première toutefois, la veille de l’ouverture du Salon, le professeur Jean Boucher devait intervenir au colloque international organisé au Palais de l’UNESCO par le Centre National des Expositions et Concours Agricoles (C.E.N.E.C.A.) sur le thème ‘’le monde rural, gardien de la Nature’’. Il y développa la place prépondérante qu’avait la culture biologique dans cette démarche. Sa communication fut reprise, au mois de Novembre suivant, dans la publication spéciale des cahiers du CENECA, confirmant ainsi sa réalité concrète sur le terrain.
Du 7 au 15 mars, le Stand central du SVB Lemaire fut pris d’assaut par les producteurs cherchant à se renseigner sur la méthode biologique et son application dans leur régions. Très nombreux furent les étudiants avides de compléter leurs connaissances, inquiets de ce qu’on ne leur apprenait pas… Les détracteurs forcenés ne pouvant admettre la moindre contradiction à ce qu’ils pratiquaient dans leur champs – ou, pire, à ce qu’ils enseignaient, obstinément convaincus qu’en dehors des engrais et pesticides chimiques, il ne pouvait y avoir d’agriculture rentable, étaient aussi présents : les échanges étaient généralement suffisamment vifs pour provoquer des attroupements autour du stand. Plusieurs personnalités de divers horizons apportèrent sur place leur soutien à l’équipe Lemaire, à l’image du Professeur Kervran dont les ouvrages sur les transmutations biologiques interpellaient le monde scientifique.
Deux autres stands Lemaire étaient également ouverts.
Le premier, au Bâtiment réservé à l’élevage : le Docteur Quiquandon, directeur du service vétérinaire au SVB Lemaire, y proposait l’aromathérapie et ses produits …et bien d’autres conseils pour préserver et renforcer la santé animale assaillie de toutes parts en cette période où les épidémies de fièvre aphteuse et de tuberculose se succédaient les unes après les autres.
Le second au Bâtiment du matériel agricole : dans un stand bien petit par rapport aux géants du machinisme agricole, les Ets Toutol, constructeurs de la «‘Fouilleuse», ancêtre de l’Actisol d’aujourd’hui, y présentaient leurs différents modèles. Cet outil polyvalent, imaginé par un pionnier de la culture biologique, correspondait bien à la nécessité qu’ont les agrobiologistes de travailler leur sol sans bouleverser ses structures.

Maquette du stand central de la Sté SVB LEMAIRE au Salon de l’Agriculture à Paris du 7 au 15 mars 1970

La première apparition, en tant que réalité, de la Culture Biologique au Salon de l’Agriculture de 1970 attirait chaque jour des milliers de visiteurs.

Ce salon fut incontestablement un succès pour l’Agriculture biologique : sa reconnaissance officielle n’était certes pas encore acquise, mais nul ne pouvait désormais nier à la fois son existence et sa faisabilité. Il fut aussi hélas marqué par un drame épouvantable pour la famille Lemaire : en effet, alors qu’il se rendait au Salon, Pierre-Bernard Lemaire perdait ses 2 enfants (2 et 4 ans) dans un accident sur la route.
Côté Nature et Progrès, le destin devait aussi frapper brutalement : puisque le 3 mai, son président Mattéo Tavera et sa femme ainsi que son vice-président et secrétaire général André Louis allaient mourrir eux aussi dans un accident de voiture en revenant du Congrès de Vie et Action à Saint Malo. Roland Chevriot devenait président par intérim et combla au mieux le vide laissé à la suite de ce drame. Un congrès fut toutefois mis sur pied à Tours en novembre sur le thème ‘’ le monde rural, gardien de l’équilibre du monde urbain’’ : 500 personnes y assistèrent.
Bien d’autres événements caractérisèrent cette année 1970 et qui, sur l’impulsion de Raoul Lemaire et de son équipe, firent sortir la culture biologique du ghetto dans lequel les ‘’agrochimiquement corrects’’ l’avaient enfermée. Nous en ferons le tour dans notre prochain numéro.

Jean-François Lemaire

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