Agriculture & Vie, un journal pionnier de la bio…

Attentif à l’information, il avait très vite compris la nécessité de mettre à la disposition des agrobiologistes un journal les concernant dans leur vie de tous les jours.

Ce fut donc en 1964 la naissance de la revue « Agriculture & Vie ». Grâce à ce journal, la culture biologique déferla sur toute la France et même hors de ses frontières.

Dans son premier éditorial, Pierre-Bernard annonçait la couleur : « Agriculture &Vie » est un journal agricole indépendant qui se devait de naître pour briser cette atmosphère oppressante où l’homme devient numéro, cette machine qui n’a plus le droit de penser, de raisonner, de s’exprimer, de choisir, en un mot d’exister. « Agriculture & Vie », journal de combat a et aura pour but de soutenir dans leur action tous les isolés, de créer progressivement ce lien indispensable entre tous.

Diffusé au sein d’une élite de consommateurs et de spécialistes en produits alimentaires, il sera le trait d’union Agriculteurs-Consommateurs permettant d’entrevoir une revalorisation des récoltes biologiques de qualité. Journal apolitique, « Agriculture et Vie » est un journal au seul service de la biologie totale pour le respect de la Vie.

Organe de défense de la culture biologique intéressant les milliers d’agriculteurs pratiquant notamment la méthode agrobiologique Lemaire-Boucher, ce mensuel devenu trimestriel a été le trait d’union entre tous les producteurs, les syndicats, les groupements d’agrobiologistes, les fabricants, les professionnels de la distribution et tous les consommateurs attachés à la cause d’une véritable alimentation naturelle définie par un cahier des charges qualitatif, ratifié par les promoteurs de la méthode et la Fédération Européenne des Syndicats d’Agrobiologistes (FESA).

Il était également distribué aux amis de la Nature et aux défenseurs de notre environnement, ainsi qu’à de nombreuses personnalités scienti ques et médicales s’intéressant à l’alimentation naturelle. Édité à plusieurs milliers d’exemplaires et selon les évènements (tirage plus large à l’occasion du Salon de l’Agriculture, par exemple c’était l’organe de la culture biologique naissante.

Il traitait des nombreux sujets relatifs à cette nouvelle forme d’agriculture : d’abord son actualité dans le monde agricole tant dans le domaine de la culture sur le terrain avec l’organisation des visites de cultures biologiques (maraîchage, viticulture, élevage, grandes cultures,..) que dans celui de la mise en place d’une réglementation spécifique à cette nouvelle forme d’agriculture (discussions avec les autorités officielles en place).

C’était aussi le récit de la confrontation avec les Services Publics sur le bien-fondé de l’agriculture biologique et de ses principes à l’opposé des thèses o cielles des tenants de l’agriculture conventionnelle soutenue par l’industrie des engrais chimiques. C’était encore le développement des techniques agrobiologiques avec l’amélioration pratique de ses méthodes, de ses fertilisants, des matériels qu’elle utilise. C’était de plus aussi le développement de dossiers techniques et scientifiques tels l’aromathérapie vétérinaire et celle appliquée au sol, le lithothamne, les pionniers de la bio, les transmutations de Kervran, etc. C’était aussi une mine d’informations pratiques pour tous ceux qui avaient décidé de se lancer dans l’aventure bio en tant que producteurs avec les adresses où ils allaient trouver les réponses à leurs questions.

Pour les consommateurs, la liste des boulangers fabriquant du pain biologique était présente dans de nombreux numéros de même que pour toutes autres denrées alimentaires bio. Ce fut aussi la tribune de Raoul Lemaire dans les dernières années de sa tumultueuse vie au service de la vérité. On y a aussi suivi le combat mené par quelques organisations syndicales bio, comme la FESA. Servis à ses abonnés, il fut également distribué à toutes les instances agricoles, industrielles et scienti ques touchant l’agriculture et l’alimentation.

Il est aujourd’hui un vrai témoin de la naissance et du développement de cette agriculture biologique alors tant décriée.

Jean-François Lemaire