Avec un chiffre d’affaires de 4,1 milliards de francs suisses et 458 francs dépensés en moyenne par habitant pour des produits biologiques en 2024, la Suisse reste le pays leader en Europe sur la consommation bio* par habitant. Un niveau de consommation remarquable, dans un marché alimentaire globalement stable, qui s’explique en grande partie par le rôle moteur des détaillants et par la confiance des consommateurs envers les produits certifiés.
Un marché soutenu par Coop et Migros
Le chiffre d’affaires du bio en Suisse a atteint 4,1 milliards de francs suisses en 2024, soit une part stable de 12,3 % du commerce de détail alimentaire, selon les chiffres 2024 publiés par Bio Suisse. Ce maintien de la performance est à mettre au crédit des deux géants Coop et Migros, qui concentrent à eux seuls près de 75 % des ventes bio du pays. Leur dynamisme (+1,9 % pour Coop, +0,9 % pour Migros) agit comme un moteur du marché, même dans un contexte économique tendu.
Des catégories phares tirent le marché
En termes de catégories de produits, les fruits et légumes se positionnent en tête avec le chiffre d’affaires le plus élevé (761 millions de francs). Cependant, en part de marché, ce sont les œufs bio qui dominent, capturant près de 30 % du marché, suivis de près par les légumes (28 %). Ces données soulignent une forte préférence des consommateurs pour le bio dans les produits frais, perçus comme garants de qualité et de traçabilité.
Stabilité malgré des défis pour la production locale
Si la consommation est au beau fixe, le secteur agricole bio fait face à certains ajustements. Le nombre d’exploitations agricoles biologiques a légèrement diminué en 2024, avec 90 entreprises de moins que l’année précédente, principalement en raison de départs à la retraite non remplacés. Néanmoins, la surface agricole utile exploitée en bio est restée stable à 18,2 % de la surface totale, suggérant un regroupement et un agrandissement de certaines exploitations.
La transformation des produits bio reste également un maillon fort de la chaîne, avec 1 308 preneurs de licence Bio Suisse fin 2024. Le canton de Berne se distingue avec le plus grand nombre de transformateurs. Bien que le nombre de nouvelles demandes de licence ait diminué, l’augmentation des modifications apportées aux produits existants indique une consolidation et une innovation continues au sein des gammes de produits bio déjà établies.
Des importations structurantes et maîtrisées
Même si la production nationale représente 18,2 % de la surface agricole utile, la Suisse continue de recourir à l’import pour compléter son offre, notamment en céréales, betteraves sucrières ou aliments pour animaux. Les partenariats de Bio Suisse avec des producteurs étrangers — majoritairement en Allemagne, Italie et Autriche — garantissent le respect du cahier des charges Bourgeon, reconnu pour son exigence. Ces volumes d’importation (près de 158 000 tonnes) permettent de soutenir l’offre et la disponibilité produits en rayon. Cela s’avère essentiel pour répondre à une demande élevée et constante des consommateurs, tout en assurant une cohérence avec les engagements de qualité.
Encore des marges de progression
Alors que la Suisse alémanique concentre encore trois fois plus de ventes bio que la Suisse romande, un rééquilibrage géographique peut représenter une opportunité stratégique pour les acteurs du retail. D’autant que la fidélité des consommateurs suisses au bio en fait un marché particulièrement porteur pour les enseignes capables de valoriser les labels, la proximité des producteurs et la cohérence de leur discours.
*Devant le Danemark, l’Autriche, le Luxembourg et la Suède.