Le marché du commerce équitable a connu une année 2024 exceptionnelle en France, affichant une croissance de 25 % et un chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros. Une progression qui repose sur l’élan des filières françaises (+65 % d’augmentation en 2024). 78 % des références bénéficient également d’une double labellisation équitable et Bio.
Cette croissance du commerce équitable est d’autant plus marquante qu’elle intervient dans un contexte de consommation alimentaire nationale jugée atone par l’Insee (+1,3 %). En 2024, les ventes de produits issus du commerce équitable en France ont bondi de 25 %, après deux années de croissance modérée (+2 %), consolidant une dynamique de long terme avec des ventes multipliées par cinq depuis 2014, selon l’Observatoire statistique de Commerce Équitable France.
Un succès porté par les filières françaises
Ce succès des ventes de produits issus du commerce équitable est principalement tiré par l’essor des filières françaises (+65 % en 2024). Les produits équitables d’origine France (tels que le lait, les fruits, les légumes et les céréales) pèsent désormais quasiment autant en valeur que les produits tropicaux historiques (cacao, thé, café) avec, respectivement, 1,31 milliard d’euros contre 1,34 milliard d’euros. La filière laitière équitable, par exemple, a vu ses ventes augmenter de 34 % grâce à une offre diversifiée.
Les filières internationales ont connu une croissance plus modeste de 1 % en 2024, avec des progressions notables pour le sucre (+42 %) et le café (+4 %).
Un cadre juridique unique
« La France est le leader européen du commerce équitable national grâce à une définition légale et des filières développées localement », indique Julie Maisonhaute, déléguée générale adjointe de Commerce Équitable France. Il faut dire que le succès du commerce équitable en France s’appuie sur une structuration de dix ans, rendue possible par une régulation française unique en Europe. Les principes du commerce équitable sont inscrits dans la loi relative à l’Économie Sociale et Solidaire de 2014, et la loi Climat de 2021 a renforcé son rôle dans l’accompagnement des transitions (agro)écologiques, exigeant le recours à des labels indépendants.
Chiffres clés
En 2024, le secteur du commerce équitable en France, c’est :
- 8 labels de commerce équitable garantissant les engagements de la loi ESS ;
- ≃ 600 entreprises engagées, majoritairement des PME ;
- ≃ 15 000 références de produits labellisés (11 863 international et 3 063 produits origine France) contre 3 500 en 2014 ;
- 12 000 producteurs français regroupés au sein de 100 organisations paysannes ;
- 3 millions de familles (soit 15 millions de personnes) bénéficiant des filières internationales ;
- 97 % de ventes alimentaires et 3 % de ventes non-alimentaires (cosmétiques, fleurs, textile, tourisme…).
Commerce équitable et Bio
Le commerce équitable est également un levier majeur pour la transition écologique. En assurant des prix rémunérateurs, des contrats à long terme et le soutien aux groupements de producteurs, il permet d’investir dans des pratiques agricoles plus résilientes et écologiques. Un indicateur clé de cet engagement est la forte proportion de produits certifiés bio : 78 % des références de produits équitables sont également certifiées bio. Le bio pèse 55 % du chiffre global de ventes en valeur de commerce équitable et « chaque année, ça progresse », précise Julie Stoll, déléguée générale de Commerce Équitable France.
En termes de valeur, la répartition est la suivante :
◦74 % des produits équitables des filières internationales portent la double labellisation bio et équitable en augmentation de 6 % (en valeur) ;
◦37 % des produits équitables made in France arborent également cette double labellisation, en croissance (+31 %).
Avec une forte proportion de bio sur des produits emblématiques du commerce équitable : 98 % des bananes, 92 % du sucre de canne et 56 % du café.
Les circuits de distribution
Les Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) représentent 46,6% des ventes de produits équitables en 2024 suivies par les magasins bio ou équitables (21,5 %) et les ventes hors domicile (15,3 %).
« Tous les lieux de vente progressent en valeur mais la restauration collective progresse le plus avec +42 % grâce au développement de gammes de produits en réponse à la loi EgAlim », souligne Julie Maisonhaute (obligation pour la restauration publique d’offrir au moins 50 % d’alimentation durable dans les cantines, dont des produits issus du commerce équitable).
Lire notre dossier spécial Commerce équitable dans Bio Linéaires N°118