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Dossier : Bio, RSE et grands enjeux sociétaux

1 ‑ Introduction : vers de nouveaux paradigmes

Resté longtemps seul dans les domaines de la défense de l’environnement et d‘une économie pourvoyeuse de sens et de produits sains, le bio se voit rejoint aujourd’hui, et même stimulé, par des entreprises et organisations conventionnelles adeptes de concepts éthiques novateurs comme le développement durable, la RSE, ou encore le capitalisme conscient, qui visent ni plus ni moins qu’à revisiter en profondeur l’économie actuelle et à contenir ces excès. Ce grand dossier explicite les grands principes en jeu et détaille les apports, les initiatives et les évolutions nécessaires du secteur pour, en quelque sorte, rester le premier élève de la classe.

1 – Introduction : le temps d’une remise en cause profonde de l’économie dite capitaliste et libérale

Avant de critiquer et de revisiter le système économique mondial actuel, il est bon de rappeller que ses fondamentaux de base (respect de la propriété privée, libre concurrence, valorisation de l’entreprenariat), ont pu permettre, pour la première fois dans l’histoire humaine, l’accès pour tous au confort matériel, en contribuant à diminuer les inégalités sociales avec l’apparition d’une nouvelle classe moyenne. Cependant, trois constats de fond sérieux obligent à revoir en profondeur le fonctionnement économique actuel, et, en particulier, celui des entreprises.

  • Plus de 50 ans de catastrophes écologiques : Printemps silencieux (Silent Spring) le livre précurseur : publié aux Etats-Unis en 1962, l’ouvrage, écrit par une femme biologiste, fit sensation à l’époque en dévoilant les effets négatifs des pesticides sur l’environnement. Il pointait aussi pour la première fois du doigt l’industrie chimique, rejoignant l’opinion des leaders bio européens de l’époque, depuis longtemps au fait de ces questions. Ce livre contribua puissamment à lancer le mouvement écologiste dans le monde occidental.

La prise de conscience de la responsabilité des entreprises dans la dégradation de l’environnement s’accentua au cours des décennies suivantes avec des pollutions environnementales majeures : Seveso* (1976), Amoco Cadiz (1978), Bhopal (1984), Tchernobyl (1985), Erika (1999), Fukushima (2011), etc. Ces accidents historiques, corrélés à des crises sanitaires récurrentes (vache folle…), et des modes de fabrications souvent très polluants (le cadmium contenu dans une batterie de téléphone portable, peut polluer le tiers d’une piscine olympique), ont fortement contribué à revoir le fonctionnement des entreprises afin de protéger l’environnement.

  • Menaces en vue sur le progrès social : l’acquisition historique de progrés sociaux économiques (nombres d’heures travaillées, congés payés…), fut loin d’être un fleuve tranquille, avec des luttes longues et difficiles entre le travailleur et son entreprise.

« 3 constats de fond obligent à revoir en profondeur le fonctionnement économique actuel, et, en particulier, celui des entreprises »

C’est ainsi que les protestations écologiques se sont doublées durant les années 2000 d’une montée en force par la société civile des mouvement altermondialiste, très critiques sur la mondialisation économique. De nos jours, beaucoup d’économistes reconnus s’accordent à penser que, depuis les années 1970, ces acquis durement gagnés sont passablement écornés par la montée lente mais inéluctable du chomage, et une dégradation sensible des conditions de travail (provoquée par un besoin excessif de compétitivité), qui malmènent la classe moyenne et fragilise la société dans son ensemble en générant des peurs sourdes qui provoquent une société de la méfiance et profitent aux partis occidentaux d’extrême droite.

2 ‑ Le développement durable

λ  Vers de nouveaux paradigmes économiques : face à ces constats inquiétants, de nouveaux concepts naissent, qui tentent de favoriser l’émergence de théories économiques novatrices tout en fournissant aux entreprises et aux collectivités des clés d’actions opérationnelles pour rester performantes du point de vue économique tout en évitant les dérives environnementales et sociales constatées plus haut.

2 – Concepts et points clés pour une économie durable porteuse de sens

  • Le développement durable, le principe fondateur maître : ce terme, désormais connu de tous, mais pas toujours bien compris, donne une vision radicalement nouvelle du développement des sociétés humaines qui repose sur la nécessité d’une intéraction saine entre 3 composantes : les activités économiques avec une éthique renforcée, la préservation et la valorisation de l’environnement et de ses ressources naturelles, et l’humain au travers d’engagements sociaux forts (contenir la violence, le chômage, l’exclusion, le fanatisme, favoriser une société heureuse avec l’entraide le lien social l’insertion et la santé, lutter contre la pauvreté et la faim dans le monde). (Voir graphique).

5 valeurs clés y sont associées :

1 – Le principe de limite : notre environnement ne peut satisfaire une croissance matérielle sans fin, malgré nos technologies.

2 – Le principe de responsabilité  : le pollueur est le payeur.

3 – Le principe de solidarité avec l’homme et l’environnement : l’entreprise prend en compte les impacts environnementaux de son activité et contribue au progrés social.

4 – Le principe de gouvernance  « Tous décideurs» : l’entreprise ou l’organisation doivent prouver qu’elles sont transparentes avec la mise en place d’organes de gouvernance adaptés, permettant à toute partie prenante, interne ou externe, de dénoncer toute atteinte à l’éthique des affaires (En savoir plus, voir plus loin).

«  Les principes du développement durable sont encore très peu appliqués par les entreprises conventionnelles et imparfaitement par le bio »

5 – Le principe de précaution  « Pour un progrès raisonnable » : Ce principe, délicat à mettre en œuvre, postule que toute avancée scientifique doit être mesurée dans ses risques ou dérives potentielles à long terme (Les recherches OGM, telles qu’elles sont pratiquées et appliquées actuellement sont un cas typique).

Les 3 piliers du développement durable forment la matrice conceptuelle des nouveaux systémes économiques « durables » et de la RSE. Le bio, bien avant l’heure les à integré à ses débuts.

Le développement durable, c’est aussi le génie conceptuel d’avoir su lier 3 domaines sociétaux à priori sans liens directs et apparents entre eux, et de les avoir rendus simples et compréhensibles par tous avec la définition officielle suivante : “ Un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. ”

Il s’agit, à n’en pas douter, d’un véritable changement de paradigme qui va radicalement à l’encontre des pratiques économiques actuelles, datant de plus de 2 siècles, et qui suppose – avec la métaphore de « main invisible du marché » de l’économiste Adam Smith – que les marchés conduisent automatiquement au bienfait social par le simple jeu de règles économiques (offres et demandes, etc.), ou encore l’économiste Milton Friedman qui affirmait que la performance sociale et la performance financière étaient antinomiques. Ces deux théories n’ont pas empêché, le chômage d’augmenter lentement mais surement et l’insécurité de gagner des points.

Le bio est-il synonyme de développement durable ?

il est intéressant de constater que le concept de développement durable est né officiellement en 1987, deux ans après le label AB, apparu quant à lui en 1985. Ce dernier engageait pour longtemps le bio dans une dimension environnementale majoritaire (notamment au travers de la protection des sols et du respect des équilbres naturels). Le combat social fit pourtant dès sa naissance dans les années 1920 parti de son ADN (citons par exemple le premier congrès de l’ANDSAC (Association nationale pour la défense de la santé du consommateur) tenu en 1964), faisant du bio en quelque sorte un précurseur opérationnel du développement durable. La composante sociale fut cependant délaissée progressivement, et pris une voie indépendante avec l’ouverture en 1969, aux Pays-Bas et en Angleterre, des premiers magasins de commerce équitable.

Un rapide survol des grands éventements internationaux montre, que, si le développement durable est à ses débuts conceptuel en impliquant uniquement le monde scientifique, le souci d’applications pratiques se fait rapidement apparaître pour concerner les territoires en 1992, puis, au tournant des années 2000 les entreprises, et ensuite les consommateurs – Crédit graphique : AFNOR

Le développement durable est-il sans reproches ?

Avec le temps, en français l’expression « développement durable » qui a prévalu, dans le langage courant alors que les premières traductions évoquaient plutôt le terme de « développement soutenable », suggérant plus une limitation des resources naturelles, donc de notre économie,  qu’une croissance durable sans fin.

Ces différences de terminologies, loin d’être futiles ont amené plusieurs penseurs alternatifs à proposer d’autres modes de développement comme « L’après-développement » de Ivan Ilitch, la « décroissance » de Serge Latouche, la simplicité volontaire de Serge Mongeau, ou encore la sobriété heureuse de Pierre Rabhi, ce dernier étant plus connu dans les milieux bio. Ces auteurs ont comme point commun de reprocher au concept de « développement durable » de  donner encore trop d’importance à la notion de croissance matérielle et donc de « bonheur par l’objet » au détriment d’une vie plus simple centrée sur d’autres facteurs d’épanouissement, comme le « vivre ensemble ». Notons que ces promesses de « moins » plutôt que de « plus », considérées, comme radicales il y encore peu, sont de davantage appréciées d’une frange importante des jeunes générations Y et Z (Cf. Bio Linéaires n°60-61-62), et devraient fortement inspirer le secteur bio.

Beaucoup reprochent aussi aux entreprises de pratiquer le Greenwashing (publicités écologiques non crédibles) en communiquant à outrance sur le développement durable au détriment d’actes concrets, en témoigne le « Prix Pinochio » qui épingle chaque année les entreprises les moins vertueuses.

A qui est destiné le développement durable ?

Ce dernier est d’abord un concept macro-économique et macro-social à l’échelle planétaire qui inspire de nouveaux concepts économiques plus durables, aptes à transformer de l’intérieur l’économie capitaliste libérale actuelle : citons l’économie positive, l’économie de communion, l’entrepreneuriat social, l’investissement socialement responsable, l’économie collaborative… Énumérons aussi le commerce équitable, l’économie sociale et solidaire et le capitalisme conscient (Conscious Capilalism), en vogue actuellement dans les milieux « bio », et qui seront développés plus loin.

Cependant, au-delà de son principe fondateur (lier économie, environnement et social), le développement durable est aussi un outil efficace d’actions concrètes au travers de déclinaisons opérationnelles qui lui permettent de s’adapter à une grande variété de situation. Citons par exemple l’Agenda 21, dédié aux collectivités territoriales et aux villes, ou encore la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises), destinée aux entreprises. Les concepts fondamentaux suivants découlent tous des principes fondateurs du développement durable qui en est le socle.

  • La RSE, le développement durable pour les entreprises : Fruit d’une longue histoire, la RSE se définit aujourd’hui comme la prise en compte par les entreprises des enjeux sociaux, environnementaux et économiques dans leur stratégie, leur production et leurs reporting de gestion, pour améliorer leurs

« Malgré certaines critiques, le développement durable reste un concept révolutionnaire, qui, correctement appliqué peut changer  l’économie »

3 ‑ La RSE (Responsabilité sociétale des entreprises)

La RSE (Responsabilité sociétale des entreprises est le développement durable appliqué à l’entreprise : ses champs d’actions sont multi-sectoriels – Crédit image : Fotolia

performances. Cette démarche s’accompagne de dispositifs de management, de conduite du changement, des méthodes de pilotage & évaluation et des labels ou normes. La RSE n’est pas une obligation légale : elle s’effectue sur simple volontariat dans le but de rechercher un équilibre entre le dynamisme économique, la sauvegarde de l’environnement et la protection des personnes. La RSE concerne tous les secteurs industriels et de services : l’agriculture, l’habitation, le BTP, les services (assureurs, tourisme..)… et bien sûr le secteur bio.

Une notion clé, les « parties prenantes » (ou Stakeholders) : ce concept, qui est, nous l’avons vu, l’un des fondamentaux du développement durable, constitue un aspect essentiel de la RSE. Il vise à responsabiliser l’entreprise vis-à-vis de ses parties prenantes, c’est à dire l’ensemble des individus ou des organisations concernés par son activité. Avec ce nouveau cadre l’entreprise cherche à satisfaire ses besoins propres en tenant compte de ceux de ses interlocuteurs. Ces parties prenantes peuvent être internes ou externes, publiques ou privées : salariés, actionnaires, clients, fournisseurs et sous-traitants, syndicats, ONG, institutions, pouvoirs publics, collectivités territoriales, associations de consommateurs, civils (associations) et même la concurrence.

Bien avant les défis environnementaux, et bien plus qu’un simple devoir d’information, de respect et de transparence, cette notion de partie prenante est à l’origine même du concept de RSE, nè en 1953 sous la plume de l’économiste Howard R. Bowen, dans son ouvrage fondateur, Social Responsability and Businessman. Ce livre phare (qui est, pour la petite histoire, une commande des églises protestantes et orthodoxes, qui marquent les sources religieuses de la RSE), soulignait le pouvoir hégémonique latent des multinationales, et suggérait en réponse de limiter l’influence des actionnaires et des marchés financiers en impliquant une partie de la société civile dans leur fonctionnement. Cette démarche consistant à tenir compte des avis de tous est d’ailleurs en phase avec une société post-moderne avide de toujours plus de transparence (Wikileaks) et d’échanges sociaux (réseaux sociaux, avis clients sur Internet…).

La RSE, pour quelle entreprise ?

Cette approche a longtemps concerné uniquement les grands groupes, avec une accélération au cours de la décennie 2000, suite aux critiques altermondialistes et à un renforcement des obligations légales (loi sur les Nouvelles Régulations Economiques, loi Grenelle 2, loi Warsmann 4…) qui ne cessent de croître. Une conséquence positive a été la pression des grandes entreprises sur leurs PME sous-traitantes afin de les amener à adopter une démarche RSE, élargissant ainsi l’emprise du concept. La RSE est malgré tout encore souvent percue aujourd’hui par les PME conventionnelles comme une charge supplémentaire sans rentabilité tangible. Près du tiers n’ont encore pris aucune initiative en la matière tandis qu’une

«  À la suite des grands groupes conventionnels, la RSE rentre dans une phase d’expansion en irriguant les PME »

minorité (50 000 à peu près) a mis en œuvre un cadre important de la RSE (par exemple une certification ISO 14001).

Cependant, les choses évoluent : les entreprises courent en effet de plus en plus le risque de perdre des marchés au profit des plus engagées, car les cahiers des charges des donneurs d’ordres, dont ceux du marché public, intégrent de plus en plus la RSE. Celle-ci devient aussi collaborative avec les grandes entreprises qui rentrent davantage avec leurs fournisseurs dans une logique rassurante de partenariat à long terme tissé de co-développement et de co-innovation, qui amoindrit les freins classiques (prise de risque, choix et surcoût des normes, absence de réciprocité de la démarche dans le commerce mondial…).

4 ‑ Les tendances récentes de la RSE

Les investisseurs français prennent aussi dorénavant en compte entreprises motivées : déjà près de 2/3 de l’encours d’investissement serait le fait de l’Investissement Socialement Responsable, au 1er rang en Europe. Des études récentes (Michael Barnett 2012), montrent en effet que la mise en place d’une démarche RSE par l’entreprise est rentable dans le temps. La RSE permettrait un gain de performance de l’ordre de 13%, en moyenne, par rapport aux entreprises non engagées (Étude 2016 France Stratégie).Citons aussi un maillage croissant conséquent de clubs et d’associations qui se donnent pour mission de faciliter le passage à la RSE des PME, notamment par l’innovation, le partage d’expérience, l‘aide technique, le financement et la co-création comme par exemple : Entrepreneurs d’Avenir, APM (L’Association pour le progrès du management fort de 67000 adhérents  francophones), Ashoka (réseau mondial d’entrepreneurs sociaux présent dans 80 pays), CG-SCOP (confédération générale des Scop), le CJD (Plus de 80 000 entrepreneurs formés), Club génération responsable (Dédié au commerce organisé et aux franchises avec 37 000 points de vente concernés en France et un label Enseigne responsable). Mouves (Impliqué dans l’insertion et le retour à l’emploi) etc.

Quelles sont les tendances et évolutions actuelles de la RSE ? (baromètre 2016 Malakoff Mederic-ORSE) :

> « Une intégration au grands rouages de l’entreprise » : les 200 directions DD et RSE en France ne sont plus seulement rattachées à la présidence/direction générale mais peuvent aussi se retrouver intégrées avec des directions opérationnelles, prouvant que la RSE devient un élément opérationnel du groupe impliqué.

> « Objectif impact économique et social » : les sondages démontrent que les Français attendent désormais des entreprises qu’elles participent aussi au développement économique et social à une échelle locale, avec une sensibilité nouvelle au Made in France, et aux questions sociales (emploi, etc.).

> « La communication, enjeu N°1 » : la communication RSE traditionnellement centrée sur la charité, le mécénat ou les fondations, évolue vers une communication de sens faites d’actions concrètes vers des consommateurs désormais sensibilisés à ces enjeux. Notons l’importance de plus en plus forte des réseaux sociaux dans la communication « responsable » des entreprises avec la recherche d’un véritable dialogue avec le consommateur plutôt que des publicités institutionnelles classiques.

> « Se différencier sur le marché », en innovant dans ses process et son offre produit pour renforcer ses avantages concurrentiels.

>  « L’année du reporting RSE ». Si la réalisation reporting de ses activités RSE est devenue obligatoire pour les entreprises d’une certaine taille, de plus en plus se rallient à cet exercice par conviction et pour faire valoir leur démarche.

> « Le bien-être au travail » : cet enjeu est n°1 selon les salariés : le stress au travail, le burnout, le bore-out, le télétravail abusif, et, depuis peu, le présentéisme (excés d’heures de travail), font depuis quelques années la une des médias et sont pris au sérieux par l’entreprise.

Les parties prenantes sont un aspect fondamental de la RSE en permettant d’interfacer l’entreprise avec
la société civile en vue notamment de limiter l’influence des actionnaires et des marchés financiers.
  • Les contraintes légales de la RSE : la France a mis en place depuis le début des années 2000 un dispositif juridique en faveur de la RSE, afin d’inciter les entreprises à franchir le pas. Voici les plus significatifs :

– 2001 – La loi NRE : avec la loi sur les Nouvelles Régulations Economiques les sociétés françaises côtées doivent aussi présenter dans leur rapport de gestion annuel des données sur les conséquences environnementales et sociales de leurs activités. La loi Grenelle de 2010 complétée par la loi Warsmann 4 de 2012 élargit et précise la loi NRE qui s’élargit aux entreprises de plus de 500 salariés, avec des sanctions et des contrôles.

– 2006 – La Directive ROHS restreint l’utilisation de certaines substances dangereuses dans les équipements électriques et électroniques.

– 2006 – La Directive REACH est un règlement qui modernise la législation européenne en matière de substances chimiques. Son objectif est d’améliorer la protection de la santé humaine et de l’environnement afin d’inciter à adopter une chimie plus verte.

– 2008 – La Charte de l’environnement durable des entreprises publiques est une charte du développement durable qui les poussent désormais à inscrire cette priorité dans leur stratégie.

Notons que la France se distingue aussi par des initiatives personnelles (lois Grenelle 1 et 2, plateforme RSE (2013)…) et des dispositifs et actions variés soutenus à la fois par l’Etat et ses territoires (Ademe…), qui s’adressent aux entreprises mais également aux acteurs  financiers, aux salariés et aux consommateurs, classant notre pays parmi les bons élèves internationaux.

5 ‑ Les normes et labels de la RSE

  • Les démarches volontaires, normes et labels : il n’existe pas à l’heure actuelle de certification RSE unique qui fait consensus, mais ce que les anglo-saxons appellent la soft law, un riche ensemble composé de principes internationaux, de normes volontaires, de labels, et d’organismes d’accompagnement, le tout relevant de la démarche volontaire, et appuyé par le cadre réglementaire décrit auparavant. Citons aussi la mise à disposition de nombreux outils internes (chartes éthiques, codes éthiques des affaires, motivation des salariés, etc.), conçus pour sensibiliser les salariés et favoriser la mise en place d’une politique RSE. Cependant, la multiplication de ces normes et outils ne facilite pas leur adoption, et nécessite, au moins au départ un accompagnement. Voici cependant les démarches volontaires et normes et labels les plus représentatifs :

AU NIVEAU INTERNATIONAL

Le Global Compact (Pacte mondial) : lancé en 2000 sous l’égide de l’ONU, est une démarche volontaire qui propose aux entreprises d’adhérer à dix grands principes dans les domaines des droits de la personne, du travail, de l’environnement et de la lutte contre la corruption. Il regroupe plus de 10 000 entreprises dans le monde qui s’engagent à progresser chaque année.

OUTILS, NORMES ET NOTATIONS RSE

  • Les normes spécialisées :

> SA8000 la 1ère norme de responsabilité sociale : elle concerne le volet social de la RSE. Les entreprises certifiées s’engagent sur leurs sites de production en propre et par rapport à leurs fournisseurs et sous-traitants dans les domaines suivants : les conditions de travail, l’interdiction du travail des enfants, les libertés syndicales, la discrimination, etc.

> ISO 14001 pour des usines non polluantes : cette norme certifiable  vise à mesurer l’impact environnemental de l’activité des unités de production. Elle prend en compte les émissions dans l’air, les rejets dans l’eau, la contamination des sols, la gestion des déchets, l’utilisation des matières premières et des ressources naturelles. Cependant, elle garantie seulement que l’entreprise à mis en place un ensemble de processus pour mieux gérer ses impacts environnementaux en production, et ne garantit pas l’impact positif global sur l’environnement de l’entreprise. L’usine peut aussi continuer de fabriquer n’importe quel type de produit, même les plus polluants. Pour le consommateur, la certification n’est donc nullement une garantie que l’entreprise fournit un produit ou un service « bon pour la planète » ou « bon pour la société ». Il existe cependant une corrélation positive entre la performance environnementale des entreprises et la certification ISO14001.

  • Les normes globales :

> ISO26000 le référenciel ultime ? – Publiée 2010, la norme ISO 26000, est le nouveau texte mondial de référence en matière de RSE. Regroupant pour la première fois toutes les facettes des pratiques sociales et environnementales, elle incite à agir simultanément sur les 3 piliers de la RSE, pour une démarche de progrés globale et équilibrée. Ce n’est pas un label mais une démarche, un référenciel dont la mise en œuvre peut-être évaluée par des organismes indépendants comme le Label Lucie. L’ISO 26000 vise les entreprises, mais aussi les organisations de tous types, quelle que soit leur activité, leur taille ou leur localisation. Elle ne fixe pas de niveaux de performance à atteindre mais des lignes directrices à adapter en fonction des spécificités de chaque organisation.

– Sept grands principes, ou questions centrales ont été définis :

  • Les labels :

Contrairement aux normes ISO, les labels demandent à ce que les entreprises aient non seulement mis en place un processus de gestion, mais également qu’elles aient une performance environnementale et sociale positive mesurable.

6 ‑ L’économie circulaire

> LUCIE le label RSE de référence – Créé en 2008 il est aligné sur la norme ISO 26000, ce qui en fait une démarche RSE complète   puisqu’il garantit à la fois l’évaluation et le progrès de la démarche RSE. C’est aussi une communauté d’entreprises engagées. La labellisation LUCIE permet à une organisation de valoriser ses engagements auprès de ses parties prenantes.

> B-CORPS le nouveau venu – Né en 2006 aux Etats-Unis, ce nouveau label qui compte parmi les 1200 entreprises certifiées certaines référence comme Patagonia ou Ben & Jerry’s commence à se développer en Europe, notamment en France avec Nature & Découvertes, Camif, BlaBlaCar, La Ruche qui Dit Oui, microDON, Sidièse (Agence de communication responsable). Son processus de labélisation, valable deux ans, fonctionne sur le modèle des labels Fair Trade (pour le commerce équitable). Ses critères sont à la fois sociaux et environnementaux. Ce label à aussi pour vocation d’être plus lisible que les autres labels et moins complexe à mettre en place que les normes ISO.

> ENVOL le label environnement dédié aux PME – Développé par CCI France, il permet aux TPE et PME de mettre en œuvre une démarche environnementale (mais pas sociale) de façon simple, dans une logique de progrès et avec une reconnaissance nationale. Inspiré de la démarche ISO 14001 un plan d’action environnement est mis à jour chaque année  avec un reporting régulier.

– LES ECOLABELS CONSOMMATEURS (label bio UE, Cosmebio, NF Environnement, Label Rouge, Biocohérence, etc.)  Ceux-ci méritent d’être placés dans cette sélection car, bien que n’étant pas ciblés spécifiquement RSE (en particulier sur le volet social),  ils n’en contribuent pas moins positivement à son essor. En effet, les entreprises conventionnelles qui se lancent avec la RSE dans un cercle vertueux commencent très souvent par améliorer leur fonctionnement interne (optimisation énergétique, normes ISO 14OOO, etc.), avant de se lancer dans ce qui peut être nommé en quelque sorte le Graal de la RSE : la production de biens et services « vert » (éco-produits) bons pour la planète et sains pour le consommateur.

  • L’économie circulaire, prochaine étape de la RSE ?

Les efforts des entreprises pour l’environnement, en matière de production, portent d’abord très souvent sur les économies d’énergie et la mise en place de procédés et de technologies plus propres limitant les rejets des sites (Norme ISO 14001).

> L’économie linéaire, reine du gaspillage : malgrè ses avancées louables, nous restons malgré tout dans un modèle d’économie linéaire consistant à  « produire, consommer, et jeter » , de façon non durable : la nature est perçue comme une pourvoyeuse sans fin de ressources, l’obsolescence programmée est courante (raccourcissement de la durée de vie d’un produit pour inciter à son renouvellement), et l’accumulation de déchets en fin de vie pose de grands problèmes de retraitement.

> Quelle solution au gaspillage récurrent des ressources ? Selon François Michel Lambert, président de l’Institut de l’économie circulaire : « Inspiré de la nature qui ignore la notion de déchet, le principe de l’économie circulaire propose de transformer les déchets en matière première réutilisée pour la conception des produits ou pour d’autres utilisations. En d’autres termes, ne plus créer de résidus que les systèmes industriels et naturels ne puissent absorber. La boucle est bouclée. ». (Voir graphique ci-dessus).

– Selon l’Ademe, la notion d’économie circulaire s’articule autour d’une prise en compte large de trois champs :

1 – Production et offre de biens et services : approvisionnement durable et local en ressources renouvelables ou non, écoconception des biens et services (Diminuer les impacts environnementaux dès la phase de conception du produit), écologie industrielle (le déchet d’une industrie devient la matière première d’une autre industrie ou de la même) et mise en œuvre de l’économie de la fonctionnalité (recours à un service plutôt que la possession d’un bien) ;

2 – Consommation – demande et comportement : achat responsable, bonne utilisation des produits, réemploi et réparation des biens ;

3    Gestion des déchets : bien que la production et la consommation responsable soient de nature à limiter la production des déchets, la gestion des déchets restants doit favoriser le recyclage et, si besoin, la valorisation énergétique ;

– En France, l’économie circulaire a fait son entrée dans la législation française en 2015, via la loi de programmation sur la transition énergétique pour la croissance verte.

7 ‑ Bio sociétal : retour aux sources et nouvelle ère

3 – EN ROUTE VERS LE BIO SOCIÉTAL :

  • – L’économie, le sociétal et l’environnement, dans l’ADN du secteur bio : si celui-ci  est actuellement reconnu pour sa défense de l’environnement et d’une alimentation saine cela n’a pas toujours été le cas. L’un des fondateurs, Rudolf Steiner, était d’abord un philosophe, visionnaire, théoricien de la « science spirituelle » et créateur de l’Anthroposophie. Un courant de pensée holistique qui donne une grande importance à l’art, à une nature perçue comme vivante et sensible (ce qui à donné naissance à la biodynamie), et à une économie dite sociale qui lie intimement vie économique, vie du droit et vie spirituelle (vue ici dans un sens large qui inclut, les processus de décision ou le climat social dans l’entreprise). Ces articulations visionnaires entre économie, vie sociétale et rôle vital de la nature, longuement réfléchies dans plusieurs livres et cycles de conférences, ressemblent étonnamment aux 3 piliers du développement durable et à la « pensée » moderne RSE. Dès 1927, en Allemagne, une coopérative économique agricole de transformation fondée sur ces principes est créée pour vendre les produits issus de l’agriculture biodynamique, pratiquée en 1930 par près de 1 000 fermes soutenues par un cahier des charges !C’est à peu près au tournant des décennies 1950 et 1960 que le développement structurel de l’agriculture bio sur fond de dénonciation de l’agriculture intensive commenca à recentrer le bio vers la défense de l’environnement et en particulier du sol.Le combat social resta cependant vivace jusque dans les années 1980, stimulé par les mouvements « écolo » et « new age » des décennies 1970 et 1980 : beaucoup d’associations montent à cette époque un peu partout en France des magasins bio collaboratifs indépendants ou l‘adhérent consom’acteur bénéficie d’avantages substantiels en échange de sa participation active à la vie de la coopérative. De nos jours les magasins coopératifs nouvelle génération comme la Louve à Paris, reprennent le flambeau… D’ailleurs le plus important réseau de magasins bio français est a structure coopérative né à la fin des années 70, de l’engagement innovant de consommateurs et de producteurs réunis en coopératives de consommateurs : les coops.
  • Bio sociétal, retour aux sources et nouvelle ère : après des années 1990 et 2000 consacrées surtout à faire face à une forte demande imprévue de nouveaux consommateurs attirés par le bio en réaction aux peurs alimentaires provoquées par la crise historique de la vache folle, le secteur bio semble renouer avec ses racines sociétales : en témoignent le nombre croissant de colloques ou articles sur le sujet, et l’intêret actuel pour de nouveaux concepts typiquement RSE tel que par exemple celui de « l’entreprise libérée » (Les salariés sont encouragés à prendre des initiatives).

Voici maintenant une série de remarques et constats qui montre les atouts et points d’amélioration du bio pour rentrer définitivement dans l’ère du bio sociétal :

> Des années d’avance sur la création de produits bons pour l’homme et bons pour la planète – Nous l’avons vu, la mise au point et la distribution d’écoproduits et écoservices est considérée habituellement par les entreprises conventionnelles comme l’aboutissement d’une démarche RSE de longue haleine alors que le secteur bio porta directement son attention sur cette évidence : la mission première d’une entreprise est d’abord de fournir des produits sains…

> Des penseurs holistiques « bio » d’envergure initiateurs de nouveaux paradigmes : citons l’agriculteur écrivain Pierre Rabhi, auteur de « Vers la sobriété heureuse », ou encore, dans un autre registre, le livre américain Conscious Capitalism, (capitalisme conscient), co-écrit par John Mackey le PDG de Whole Foods Market, le plus grand épicier bio spécialisé de la planète, et qui place la responsabilité sociétale au cœur de  l’entreprise, supprimant le besoin de créer un service RSE dédié.

> Des avancées pionnières en économie durable avec le commerce équitable, et le commerce équitable Nord-Nord mais une faible réactivité sur les nouveaux modèles économiques durables (économie collaborative, location, vente de produits d’occasions) ou comportements de fond (gaspillage alimentaire), et les nouvelles tendances industrielles durables comme l’économie circulaire.

> L’agriculture bio est très bénéfique pour le climat mais… – La Conférence de Paris de fin 2015 sur le climat (COP21), a démontré le rôle majeur que l’agriculture bio peut jouer contre le déréglement climatique… à condition  d’augmenter en magasin la proportion de produits bio et locaux afin d’éviter les pollutions dues aux transports lointains, et de supprimer l’excès d’emballages.

> Le label bio officiel UE intègre pour l’instant peu le volet sociétal de la RSE – La future réglementation bio Européenne 2017 pour l’instant ne répond pas là aussi aux critères de certification RSE.

> Des méthodologies RSE adaptées au bio mais encore peu connues – Contrebalançant les faiblesses RSE inhérentes aux labels officiels, la démarche Bioentreprisedurable® du Synabio, lancée en 2009, et structurée autour des questions centrales de la norme ISO 26000 permet aux entreprises de l’aval du secteur biologique, et en particulier aux TPE et aux PME, de découvrir, formaliser et déployer une stratégie RSE. Si cette initiative ne peut être que saluée, 6 adhérents seulement ont été évalués à ce jour. Cette démarche gagnerait à être mieux connue dans le secteur, beaucoup d’entreprises bio faisant de la RSE sans le savoir.

Les prochains  numéros de Bio Linéaires exploreront plus en avant les champs du possible du bio sociétal.

«  L’économie, le sociétal et l’environnement, ont fait partie de l’ADN du secteur bio dès sa naissance  »

Sauveur Fernandez

Tél. : 06 11 40 19 91
fsauveur@econovateur.com
www.econovateur.com
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