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Face à la concurrence du bio, les conventionnels réagissent

Les tenants de l’agriculture conventionnelle commencent à s’inquiéter du développement rapide du bio et du rejet des pesticides par les consommateurs. Ils réagissent de diverses manières.

Retour sur « l’agriculture du vivant »

Mon article sur « l’agriculture du vivant » dans le dernier numéro de Bio Linéaires et un article sur le même thème paru sur le site Internet de la revue Le Point, ont suscité des réactions très contrastées : très positives dans le milieu bio, souvent très négatives en dehors. Avec deux arguments :
1) il vaut mieux ne plus travailler le sol et le couvrir en permanence, quitte à devoir utiliser un peu de glyphosate de temps en temps, que de continuer avec le conventionnel d’avant,
2) les agriculteurs qui choisissent ce nouveau système sont de bonne foi et pensent que c’est bon pour la planète. Mais alors pourquoi avoir pour partenaires Monsanto, Syngenta et le plus gros fabricant européen d’engrais azotés ? Et pourquoi s’acharner, non pas dans les colloques comme celui qu’ils ont organisé en février à Paris, mais dans les déclarations de leurs porte-paroles, à répéter que le bio, au fond, ce n’est pas mieux que le conventionnel ? Alors que la moindre des choses aurait été de reconnaître que les bios ont été les premiers à se préoccuper de la vie et de la fertilité du sol, et aussi de la santé du consommateur.
De quoi, quand même, avoir des doutes sur les motivations de ceux qui font la promotion de ce concept…

Les produits « Zéro résidus de pesticides » ou « sans résidus de pesticides »

On commence à voir apparaître le label « Zéro résidu de pesticides». Il est lancé par le collectif « Nouveaux champs » qui regroupe 21 entreprises (producteurs et distributeurs). Ils ne prétendent pas faire du bio, mais d’une part réduire l’utilisation des pesticides, d’autre part vérifier par des analyses que les produits qu’ils commercialisent ne contiennent pas de résidus. Ils ont établi un cahier des charges, avec une liste rouge de pesticides à utiliser le moins possible, et une liste noire de produits interdits. Ils ont également mis en place un système de contrôle.
Ils font remarquer que l’agriculture biologique a une obligation de moyens, avec interdiction d’utiliser tous les pesticides de synthèse et les engrais chimiques, mais pas d’obligation de résultat.
Au contraire avec le label « Zéro résidu de pesticides », il y a une obligation de résultat. Une démarche intéressante, donc, avec toutefois deux limites :
1) les producteurs peuvent continuer à utiliser des pesticides
2) le « sans résidus » veut dire moins de 0,01 mg par kilo, qui est la limite de quantification, mais avec les perturbateurs endocriniens on ne peut pas exclure que des résidus inférieurs puissent avoir un effet sur la santé, notamment pendant la grossesse. On peut regretter également que la liste des pesticides « rouges » et « noirs » ne soit pas connue. Cette approche est donc incontestablement un progrès par rapport au conventionnel, mais ce n’est pas du bio, et les impacts sur l’environnement des pesticides utilisés et des excès d’azote demeurent.
De son côté, Auchan lance une gamme de produits « sans résidus de pesticides », sur la base d’analyses réalisées avant la mise en marché, mais sans informations sur les techniques de production des agriculteurs. Or il n’est pas rare qu’un producteur traite de manière conventionnelle, sans pour autant que l’on retrouve systématiquement des résidus dans ses produits. Il n’y a donc aucune garantie que le producteur des aliments « sans résidus » traite moins que les autres.
Par ailleurs, l’argument que contrairement au bio, les labels « sans résidu de pesticides » donnent une garantie de résultat doit être relativisé. La comparaison de la présence de résidus en bio et en conventionnel est presque toujours donnée en pourcentage d’échantillons contaminés, mais lorsqu’on compare les quantités réellement présentes on constate, comme l’a montré une étude allemande portant sur plus de 3 000 échantillons, que l’avantage du bio est encore beaucoup plus important. En effet, lorsqu’on trouve des résidus dans les produits bio, ils proviennent presque toujours d’une contamination par un agriculteur voisin ou lors du transport ou du conditionnement, ce qui se traduit par des quantités de résidus beaucoup plus faibles qu’après un traitement. Les chiffres ci-après montrent que la différence est énorme.

Quantités de résidus de pesticides présentes dans les produits bio et conventionnels : 350 fois moins en bio pour les fruits et 30 fois moins en bio pour les légumes (Source : Neumeister Lars, Pesticiden in ökologisch und conventionell produzierten Lebensmittel, Bundestagfraktion Bündniss 90/die Grünen, décembre 2015).

On voit que les initiatives du conventionnel pour concurrencer le bio ne manquent pas. Certaines sont honnêtes, d’autres moins. De toute manière elles sont loin d’offrir les mêmes garanties que le bio.

Claude Aubert

Cet article provient de Bio Linéaires n°83 disponible -> ICI

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