
Mieux percevoir les dynamiques et les problématiques portées par le réseau Biocoop et ses partenaires de la fourche à la fourchette, tel était le programme qui réunissait dans l’Yonne mardi 10 juin plusieurs responsables de Biocoop ainsi qu’une délégation ministérielle à l’économie Sociale et Solidaire. Une visite opportune dans un contexte de fragilisation des soutiens publics à la Bio.
Germinal, la Bio(coop) historique
Cette journée de terrain a commencé avec la visite de deux magasins Biocoop Germinal à Perrigny puis à Auxerre (89). Patrick Eude, responsable du magasin de Perrigny a retracé brièvement l’histoire de la coopérative Germinal qui commence en 1974 avec 20 adhérents de l’association Nature et Progrès.
En 1976, la coopérative est créée et, en 1986, elle participe à la création de Biocoop (qu’elle intègre dix ans plus tard). Aujourd’hui Germinal, c’est quatre magasins dans l’Yonne, 74 salariés, plus de 17 000 sociétaires et 13 millions de chiffre d’affaires en 2024, avec une hausse de près de 10 % complétée par une progression du sociétariat.
La visite du second Biocoop Germinal a permis de découvrir l’équipe de la Cagnole (escargot en morvandiau), monnaie locale complémentaire et citoyenne mise en place en 2018 et réservée aux producteurs bio ou en conversion. Sur tout le territoire de l’Yonne et alentour, elle fédère 250 partenaires (dont Germinal) et plus de 300 adhérents.
Solicagnole est, quant à elle, l’association départementale qui porte le projet de caisse de solidarité alimentaire, créé en 2024 suite aux réflexions sur le soutien aux producteurs bio en difficulté et dans la lignée des expérimentations fructueuses sur la Sécurité Sociale de l’Alimentation qui émerge actuellement. Elle donne accès à une alimentation saine de durable, en l’occurrence bio et locale pour des publics précaires.
De la fourche à la fourchette
La journée s’est poursuivie avec la visite de la Cocebi à Nitry. Cette coopérative 100 % bio spécialisée dans le grain est née en 1982 de convictions profondes pour un vrai projet de société.
Aujourd’hui, elle fonctionne avec une mutualisation des compétences grâce à une équipe de 35 personnes et 290 agriculteurs adhérents pour 14 000 hectares collectés sur la Bourgogne et la Franche-Comté et 35 000 tonnes globales de collecte. Elle gère la collecte du grain, le tri, le décorticage, le floconnage d’avoine (via Avena) et le commerce de ces grains. Le chiffre d’affaires oscille entre 20 et 25 millions d’euros par an. Ici, la variété de cultures dépasse de loin les traditionnels blé colza orge avec près de 25 produits proposés en céréales, oléoprotéagineux et légumes secs.
La structure attenante Avena Bio, créée en 2021, fabrique farine et flocon d’avoine, céréales sans gluten et légumineuses 100 % bio. Elle peut produire 8 à 10 000 tonnes de flocons/an.
L’impact Biocoop sur les territoires et filières
Au terme de cette journée, Frédéric Faure, vice-président de Biocoop, s’est réjoui qu’on puisse « se rendre compte de l’impact sur les territoires et les filières, quand on voit l’implantation d’un groupe de coopératives comme Germinal, les outils de transformation, tous les liens tissés avec l’amont ».
Enfin pour Maxime Baduel, délégué ministériel à l’économie Sociale et Solidaire, « il est précieux de pouvoir se rendre compte des contextes différents, du producteur aux distributeurs. Il y a un objectif de promotion de l’agriculture bio dans toutes ses facettes avec la dimension écologique mais aussi la viabilité du modèle économique, l’impact social et les conditions de travail. C’est un véritable défi qui repose beaucoup sur les centrales d’achat « têtes de pont » comme Biocoop, il y a donc un véritable enjeu à renforcer ces modèles ».
Julien Thivin
Germinal en chiffres
1974 : création
1976 : création de la coopérative
1986 : participe à la création de Biocoop
1996 : intégration de Biocoop
4 magasins dans l’Yonne (39)
74 salariés
+17 000 sociétaires
13 millions de CA en 2024