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L’agroforesterie, une nouvelle forme d’agriculture


Nous avons parlé, il y a quelques mois, des cultures associées : cultiver deux trois espèces di érentes de céréales ou de légumes sur une parcelle pour réduire les attaques de maladies et de ravageurs et pour augmenter la production. Mais on peut aussi associer des plantes annuelles avec des arbres : c’est l’agroforesterie.

C’est une pratique largement utilisée sous les tropiques avec la culture dite « à étages » : des palmiers, ou autres grands arbres, sont plantés à grand écartement, sous lesquelles on cultive des arbres plus petits (caféier, cacaoyer, grenadiers ou autres).

 

Entre ces derniers, on cultive des plantes annuelles (céréales, légumes). Les grands arbres protègent les autres cultures de l’excès de soleil et le sol est utilisé de manière optimale.

L’agroforesterie au sens strict – association de plantes annuelles et d’arbres forestiers – n’a intéressé la recherche agronomique que relativement récemment. Et la France, avec l’INRA, a été pionnière. Christian Dupraz, à l’INRA de Montpellier, a mis en place dès la  fin des années 90 des expérimentations d’agroforesterie, avec des résultats très positifs.
 

Produire plus sur la même surface

Comme dans les associations de légumes, l’agroforesterie permet de produire davantage sur une surface donnée. Par exemple, C.Dupraz a expérimenté l’association peupliers (une rangée tous les 16 mètres) et colza et blé en rotation entre les rangs de peupliers. Au bout de 14 ans, les peupliers ont été récoltés. En additionnant les productions de blé, de colza et de bois, la production totale a été supérieure de 34% à celle des mêmes productions sur des parcelles séparées. Certes les rendements en cultures annuelles sont légèrement inférieures qu’en culture pure, surtout lorsque les peupliers ont grandi, mais c’est beaucoup plus que compensé par la production de bois qui vient s’ajouter à celle du blé et du colza.

De multiples autres avantages

● Augmentation de la biodiversité

● Création d’un microclimat par l’e et brise-vent des arbres

● Diversification du paysage

● Meilleure utilisation de l’eau et du sol, les racines des arbres s’enfonçant beaucoup profondément que celles des plantes annuelles

● Amélioration de la fertilité du sol par la décomposi- tion des feuilles et l’utilisation du bois de taille broyé

● Diminution ou même suppression du ruissellement et de l’érosion, l’eau s’in ltrant plus rapidement grâce à la présence des arbres

● Séquestration de carbone dans le sol. Cet avantage est décisif face à la nécessité de réduire les émissions de gaz à e et de serre.

Une parcelle en agroforesterie peut en e et séquestrer, à la fois dans le sol et dans les arbres , de 1 à 3 tonnes de carbone par ha et par an, ce qui est considérable et supérieur à tout autre mode de production, sauf la forêt elle-même.

Dans l’hypothèse – théorique – où toute l’agriculture française passerait en agroforesterie, cela réduirait de 20 à 25% nos émissions de gaz à e et de serre.
 

L’agroforesterie fruitière, une autre manière

d’associer arbres et cultures annuelles Associer arbres fruitiers et cultures n’a en soi rien de nouveau, et on en trouve des exemples un peu partout en Europe. L’ exemple le plus connu est le pré verger, qui associe arbres fruitiers, principalement des pommiers, et herbe pour la nourriture des animaux.

Dans le Sud-Ouest, on plantait des vignes à grand espacement et on cultivait des céréales entre les rangs. En Italie, on faisait de même avec les oliviers.

Tout cela avait pratiquement disparu mais l’agroforesterie fruitière renait depuis quelques années, à l’initiative principalement d’agriculteurs et d’expérimentateurs en agriculture biologique.

Les arbres fruitiers sont plantés sur des lignes espacées de 10 à 15 mètres entre lesquels sont cultivés des légumes.

On retrouve les avantages de l’agroforesterie au sens strict, avec en plus une réduction des attaques de ravageurs, dans certains cas de meilleurs rendement des arbres fruitiers, et une diversification de la production, particulièrement intéressante pour les producteurs pratiquant la vente directe.

Le GRAB (Groupe de Recherche en Agriculture Biologique) a récemment installé, près d’Avignon, une ferme expérimentale associant 30 espèces de légumes et 6 espèces d’arbres fruitiers.

L’association rationnelle et adaptée à la mécanisation des arbres et des plantes annuelles (ou pluriannuelles dans le cas de la prairie) est donc une véritable révolution dans les techniques agricoles, qui n’a que des avantages. À quand sa généralisation ?

 

Claude Aubert

 

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