L’objectif de 21 % de surfaces agricoles biologiques d’ici 2030 a finalement été réintroduit dans la loi d’orientation agricole, adoptée jeudi 20 février par le Parlement. Un signal positif pour le secteur, renforcé par la volonté d’améliorer la formation des futurs agriculteurs au bio. Cependant, des défis persistent, notamment le manque de soutien à la filière et des reculs environnementaux préoccupants, concernant notamment l’usage des pesticides.
Outre l’objectif de 21 % de surfaces agricoles biologiques d’ici 2030, le loi d’orientation agricole met l’accent sur la nécessité de développer les compétences des futurs agriculteurs en matière de bio. Une avancée saluée par la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (Fnab), pour laquelle l’agriculture biologique requiert des compétences spécifiques. La fédération se réjouit aussi que ce texte intègre des dispositions visant à encourager l’installation de nouveaux agriculteurs en bio alors que près de la moitié des candidats à l’installation souhaitent se tourner vers ce mode de production.
Un compromis mais des défis persistants
La Fnab rappelle cependant que des défis importants demeurent. On peut en effet s’interroger sur le sens de la disparition du mot « agroécologie » de la loi… Sans oublier le fait que le texte invite le gouvernement à s’abstenir d’interdire l’usage de produits phytopharmaceutiques autorisés par l’Union européenne, fidèle au mantra de la FNSEA : « pas d’interdiction sans solution », ouvrant la porte au retour des néonicotinoïdes. Et ce alors que les nombreux impacts d’atteintes à la biodiversité et à la santé humaine causés par les pesticides sont connus, comme le rappelle notamment le site Tous exposés (lire notre article) et que les producteurs bio travaillent, eux, sans pesticides de synthèse, prouvant que cela est possible.
Des mesures qui ajoutent de l’eau au moulin de ceux qui opposent l’agriculture à l’environnement. « On nous refait le coup de l’écologie incitative en l’opposant à l’écologie punitive alors que incitations et contraintes réglementaires vont de pair. On se saisira évidemment de cette opportunité pour la Bio mais il ne faut pas mentir aux agriculteurs, si on continue à dégrader la qualité de l’eau et la biodiversité, ils n’auront pas d’autres choix que de s’adapter », souligne Philippe Camburet, le président de la Fnab.
De son côté, l’association Terre de Liens déplore une loi au « goût amer [qui] oppose agriculture et environnement, met en péril notre souveraineté alimentaire et bafoue « l’intérêt général majeur » de l’agriculture » tandis que la LPO fustige des « reculs inédits [qui] rompent avec des décennies de progrès en matière de protection de l’environnement ».
Les propositions de la Fnab pour relancer la Bio
Pour relancer l’agriculture biologique « de façon économiquement viable pour les producteurs et les filières », la Fnab formule plusieurs propositions allant du soutien à la demande à la sécurisation de l’offre. « Nous sommes aujourd’hui forcés de constater qu’en dehors des plans d’urgence et de l’aide conversion, la politique de l’offre est encore un impensé du côté du ministère », poursuit Philippe Camburet.
Les propositions de la Fnab pour y remédier :
- Réaffecter les reliquats financiers de la conversion bio pour soutenir les fermes et filières bio : augmenter le crédit d’impôt bio à 6 000 euros jusqu’à 2028 ; augmenter l’écorégime bio à 145 €/ha/an ; ouvrir l’outil de structuration de filières « programmes opérationnels » pour les filières animales bio et les céréales bio ;
- Assurer le maintien des prix bio payés aux producteurs en adaptant à la Bio les outils de régulation des marchés prévus par l’OCM comme le financement du stockage privé ou l’indemnisation de la réduction volontaire de production.
« La ministre a déjà affirmé devant le Sénat vouloir réaffecter les reliquats de la conversion vers du maintien de pratiques, nous avons donc bon espoir que des annonces fortes soient faites sur le Salon [de l’agriculture] », conclut Philippe Camburet.
Affaire à suivre.
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