La filière bio vent debout contre la suppression de l’Agence Bio

La commission d’enquête sénatoriale sur les agences, opérateurs et organismes consultatifs de l’État a récemment proposé la suppression de l’Agence Bio, avec une réintégration de ses missions au sein du ministère de l’Agriculture. Biocoop, La Maison de la Bio et le Synadis Bio dénoncent unanimement cette décision, la qualifiant de « menace grave » et de « non-sens stratégique et écologique ».

 

Que dit le rapport d’enquête ? 

La commission d’enquête du Sénat sur les agences et opérateurs de l’Etat émet plusieurs justifications à sa décision de supprimer l’Agence Bio. 

Son statut juridique. L’Agence Bio a le statut juridique de Groupement d’Intérêt Public (GIP). Selon les arguments de l’Agence Bio, indique le rapport d’enquête, ce statut de GIP a été choisi pour sa souplesse de fonctionnement, son évolution dans le tour de table, la flexibilité des financements et l’accueil de nouveaux membres. Cependant, souligne la commission, ce statut de GIP avait initialement été envisagé comme transitoire, dans l’attente de la création d’un organisme interprofessionnel du bio. Ce projet n’ayant pas abouti, « le statut est resté dans sa version initiale sans fondement juridique le justifiant » et le rapport estime que « la formule du GIP n’a pas permis de faire de l’Agence Bio une structure réellement co-financée par plusieurs partenaires, ni d’aboutir à la création d’une interprofession ». 

Son financement. En 2024, la subvention pour charge de service public apportée par l’État s’élevait à 3 millions d’euros, tandis que les autres partenaires ont apporté 87 500 euros. Le rapport de la commission pointe à cet effet que l’Agence Bio ne gère « qu’une petite partie du financement public à l’agriculture bio, qui bénéficie de près de 700 millions d’euros de crédits nationaux et européens en 2025 ».

En conséquence, la commission d’enquête estime que l’existence de l’Agence Bio « ne se justifie pas et [que] ses missions pourraient aisément être assumées par le ministère chargé de l’agriculture », c’est pourquoi elle propose « de supprimer l’Agence Bio en tant qu’entité distincte de l’État et de ramener ses activités dans le ministère ».

Pour appuyer son propos, la commission rappelle également que depuis 2020, l’Agence Bio fait partie d’un groupement comptable qui réunit les agences comptables de FranceAgriMer, de l’Odeadom et de l’INAO, ce qui permet une mutualisation des fonctions.

 

Levée de boucliers dans la filière bio

Une recommandation qui suscite une vive opposition de la part des acteurs de la filière biologique française.

 

Biocoop : « Une décision à courte vue »

Biocoop dénonce une décision qui enverrait « un terrible signal » à l’ensemble de la filière, sans réelle efficacité budgétaire. Alors que les politiques de transition écologique sont fragilisées et que la France a reculé sur ses surfaces bio entre 2023 et 2024, l’enseigne appelle à reconsidérer cette proposition, rappelant que l’agriculture biologique est une solution d’avenir. Elle propose la mise en place d’une mission d’inspection interministérielle pour évaluer l’impact économique réel de la bio sur le PIB, l’emploi et les finances publiques, en France et à l’étranger.

 

La Maison de la Bio : « Une menace grave pour une filière en reprise »

La Maison de la Bio, qui représente 10 organisations professionnelles du secteur*, déplore une initiative « potentiellement désastreuse », en contradiction avec le redémarrage de la consommation bio observé en 2025. Pour elle, l’Agence Bio est un acteur essentiel de structuration, de lisibilité et de pilotage de la filière. Sa suppression reviendrait à désarmer un secteur encore fragile, qui contribue pourtant activement à la transition écologique et alimentaire. La Maison de la Bio appelle l’État à renforcer, et non affaiblir, les moyens de l’Agence Bio.

 

Le Synadis Bio : « Un contre-sens écologique »

Le syndicat des distributeurs bio spécialisés, Synadis Bio, exprime une opposition ferme à cette proposition, qu’il considère comme incohérente avec les engagements climatiques de la France. Rappelant que l’agriculture biologique est une réponse concrète aux défis environnementaux et sanitaires, le Synadis Bio dénonce un projet qui mettrait à mal un écosystème de plus de 215 000 emplois, 86 000 opérateurs et 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Pour sa présidente, Christelle Le Hir, l’État doit assumer ses ambitions en dotant la filière des outils adaptés pour réussir la transition agroécologique.

 

Des objectifs ambitieux menacés

Tous s’accordent à dire que cette suppression enverrait un signal désastreux aux acteurs engagés de l’agriculture biologique, d’autant plus que la France s’est fixé pour objectif d’atteindre 21% de surface agricole utile (SAU) en bio d’ici 2030, alors même que cette proportion a reculé de 2% entre 2023 et 2024. La Maison de la Bio souligne également le retard de l’État sur l’objectif de 20% de bio dans les cantines. 

Pour Biocoop, La Maison de la Bio et le Synadis Bio, affaiblir l’Agence Bio, unique opérateur public 100% dédié à l’agriculture biologique, c’est compromettre des décennies de progrès et freiner la dynamique collective d’un modèle agricole plus résilient, plus sain et plus respectueux de l’environnement.

 

*Les 10 membres de La Maison de la Bio : Bio Équitable en France, Biopartenaire, Bio Valeurs, Cébio, Cosmébio, Fédération Natexbio, ForéBio, Synabio, Synadiet, Synadis Bio.

 

 

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