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La France donne toujours plus accès aux pesticides aux agriculteurs

Illustrations : Générations Futures.

Alors que les débats sur l’utilisation des pesticides en France refont surface à la suite des manifestations agricoles et de déclarations politiques, Générations Futures publie une analyse actualisée relative au nombre de substances actives autorisées en France. « Contrairement aux discours portés par certains syndicats agricoles, la France offre à ses agriculteurs un accès parmi les plus larges d’Europe aux substances actives pesticides », indique l’association. Selon les données de la base européenne EU Pesticides Database, la France se classe même deuxième en Europe, derrière l’Italie et devant l’Espagne.

 

En affinant sa recherche, Générations Futures a également exclu du calcul les substances qui sont des synergistes (et pas de réelles substances actives) et les microorganismes qui, même s’ils ont un effet réel, ne sont pas des substances chimiques pour ne retenir que les substances pesticides ‘stricto sensu’. Il apparaît alors que la France se classe première en Europe avec 260 substances actives autorisées, devant l’Italie (257) et l’Espagne (251).

 

France, championne européenne des dérogations 

En cas de difficulté de gestion de certaines cultures, le règlement européen 1107/2009 permet dans son article 53 d’accorder des dérogations (dites dérogations de 120 jours) permettant la mise sur le marché de certains produits pesticides. L’analyse de Générations Futures montre que la France est le pays européen ayant accordé le plus de dérogations de 120 jours pour des pesticides spécifiques, avec 72 dérogations du 16/11/2023 au 16/11/2024 devant l’Allemagne (61) et l’Autriche (41).

 

Une proposition de loi inquiétante…

Générations Futures déplore qu’à l’occasion des nouvelles manifestations d’agriculteurs, « une petite musique commence à (re)poindre selon laquelle les difficultés de l’agriculture française seraient dues à des normes environnementales excessives et notamment sur les pesticides ». Et ce, alors que la nouvelle ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a elle-même regretté des restrictions trop importantes en matière de pesticides, dans une audition au Sénat. « Certes la France a interdit l’ensemble des insecticides néonicotinoïdes très néfastes pour l’environnement alors que l’Europe n’a interdit que les trois principaux mais la France offre un très large accès aux pesticides en agriculture, contrairement à ce qui est prétendu par les syndicats agricoles FNSEA/JA et Coordination Rurale ainsi que nombre de politiques et journalistes », fustige Générations Futures. L’association, en outre, s’inquiète de la « Proposition de loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur »  du sénateur Laurent Duplomb, agriculteur membre de la FNSEA.

 

… qui signerait un retour en arrière

Des articles de cette proposition de loi sont en effet particulièrement préoccupants : retour des néonicotinoïdes, abolition de la séparation entre le commerce et le conseil sur l’utilisation des pesticides jusqu’alors mis en place pour prévenir les conflits d’intérêts, autorisation à nouveau des remises commerciales sur la vente de pesticides, rendre facultatif le conseil stratégique phytosanitaire, permettre au ministre de l’Agriculture de suspendre des décisions de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses)… Générations Futures prévient que « Lors de la table ronde au Sénat le 21/11/24 nous réaffirmerons notre opposition et faisons valoir nos arguments contre ces articles qui nous ramèneraient 15 années en arrière s’ils étaient adoptés ». L’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) exhorte de son côté le Sénat à rejeter cette proposition de loi qui « constitue une régression inadmissible de la législation sur les pesticides en France, condamnant la biodiversité et la survie des pollinisateurs », rappelant que « la très haute toxicité des insecticides néonicotinoïdes fait l’objet d’un consensus scientifique international irréfutable ».

L’UNAF fustige également une proposition équivalente à l’Assemblée nationale, visant à autoriser des drones pour la pulvérisation de pesticides sur les cultures, sans même qu’une étude d’impact ait été réalisée, rappelant que « Sur le plan strictement environnemental, selon l’Anses, ces dispositifs augmentent considérablement la dérive des produits pulvérisés pouvant entraîner sur les écosystèmes non ciblés, notamment une contamination accrue des sols et des cours d’eau ». La proposition de loi, dictée par certains intérêts agro-industriels est inacceptable. Nous ne le laisserons pas faire », affirme Christian Pons, président de l’UNAF.

Affaire à suivre.

 

Rapport intégral de Générations Futures sur la mise à disposition de pesticides en France

 

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