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La conservation en cosmétique bio : pourquoi et comment (2e partie : la mauvaise… et la bonne technique inspirées de l’agroalimentaire)

Après avoir déjà rappelé les risques que présentent des produits cosmétiques contaminés par des germes, nous avons aussi évoqué précédemment les autres risques inhérents à l’emploi des conservateurs chimiques utilisés par l’industrie cosmétique conventionnelle. Mais avant de parler dans un prochain numéro des procédés plus rassurants largement employés en cosmétique bio, il convient ici d’évoquer encore deux procédés d’origine alimentaire, l’un refusé par le monde de la bio, à savoir les traitements ionisants, et l’autre, à savoir la stérilisation UHT, encore peu employée, mais qui présente peut-être une solution d’avenir.

Les traitements ionisants : c’est quoi ?
Rappelons d’abord ce que sont les rayons ionisants : ce sont des rayons énergétiques capables de déplacer des ions dans la matière qui leur est exposée, matière dont les caractéristiques électriques (liées à l’activité des ions) seront modifiées. Si la charge électrique d’une molécule est modifiée, il en est de même pour son comportement chimique, celui-ci étant étroitement lié à cette charge (rôle des électrons). Parmi les rayonnements ionisants figurent ceux émis par des corps radioactifs, incluant les rayons dits alpha, bêta et gamma, ainsi que les rayons X.

Dès le début du 20e siècle, on a mis en évidence les propriétés stérilisantes (c’est-à-dire la capacité de tuer les germes) de ces rayonnements. Leur usage est strictement réglementé pour les produits alimentaires et les dosages différents en fonction des produits traités. Le monde de la bio les a de son côté interdits, et nous comprendrons plus loin pourquoi. Rectifions cependant une idée reçue, entretenue par l’emploi fréquent de la mention de l’absence de « traitement radioactif » : en aucun cas les produits traités ne deviennent radioactifs ! En effet, d’une part les niveaux d’énergie employés sont de loin insuffisants pour atteindre un niveau « d’activation radioactive » à partir duquel les atomes deviennent instables, et d’autre part les produits ne sont jamais directement en contact avec la source radioactive et ne peuvent donc pas être contaminés. Le risque n’est donc pas là. Si ces rayons sont stérilisants (on parle de « stérilisation à froid » car il n’y a pas d’élévation de la température), c’est qu’ils prennent pour cible l’ADN des germes visés, avec pour conséquence, soit la mort de la cellule, soit le blocage de la division cellulaire.

Mais ceci montre bien que leur impact sur le vivant n’est pas anodin. Leur effet sur les protéines et les glucides serait « négligeable »1 , mais ils peuvent provoquer la formation de peroxydes (rancissement) sur les lipides. Et même si l’impact est moindre qu’un traitement par la chaleur (comme la pasteurisation), on a mis en évidence une dégradation de nutriments comme certains acides aminés (méthionine, lysine, arginine, leucine..) ou la vitamine A. Et en fonction de la dose, on constate aussi des modifications organoleptiques (goût, odeur, texture… a priori sans risque direct pour le consommateur), d’où aussi les doses autorisées différentes selon les produits. De plus, les emballages, en fonction de la dose de rayons et du matériau employé, peuvent également libérer des fragments de molécules.2

Pourquoi les traitements ionisants sont-ils interdits en bio ?
Au-delà de la vitamine A déjà évoquée ci-dessus, certaines études ont montré combien l’ensemble des vitamines peut être sensible au traitement ionisant, comme celle de Sainclivier3 qui a relevé qu’une dose de 5 kilogray4 (autorisée pour de nombreux produits alimentaires) détruit 100 % de la vitamine C, 70 % de la vitamine A, 40 % du carotène et 30 % de la vitamine B2. De plus il a été montré que les aliments irradiés contenant des matières grasses pouvaient voir l’apparition d’un composé nommé 2-ACB (2-alkylcyclobutanone), soupçonné d’avoir des effets nocifs (génotoxicité, cytotoxicité, cancer du colon)5.

1) Mais à partir d’une certaine dose, l’amidon, qui est un polymère de glucose, est bien « dépolymérisé », c’est-à-dire découpé en fragments plus petits.
2) Jacques Foos et Grégoire Binet, L’ionisation des denrées alimentaires, Conservatoire National des Arts et Métiers, janvier 2007.
3) Marcel Sainclivier, « Traitement du poisson par les radiations ionisantes. Revue bibliographique », Sciences Agronomiques, Rennes, 1976, pp. 167-182.
4) Dans le Système International d’Unités, le gray (symbole Gy) est l’unité de mesure utilisée pour quantifier une dose d’énergie absorbée et définie comme valant 1 joule par kilogramme.
5) Pour plus de détails, voir le site du Collectif Français contre l’Irradiation des Aliments : http://www.irradiation-aliments.org/IMG/pdf/Lecture_critique_du_ rapport_AFSSA_07-0055_-_final_2_bis-2.pdf

 

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