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Le gaspillage alimentaire Tous impliqués, de la fourche à l’assiette

Éviter, pour chaque acteur de la chaîne alimentaire de gâcher la nourriture est bien plus qu’une affaire de principe : l’effort commun vers un « Zero food waste » contribue non seulement à rendre la facture environnementale moins salée mais est aussi un puissant levier pour nourrir le monde et  les personnes démunies. Le point minute sur cette grande tendance biosociétale.

Tous responsables : en germe dès 1880, le gaspillage alimentaire se développe rapidement avec la société de consommation à partir de 1950. Plusieurs facteurs croisés (Émancipation féminine – Agriculture, production et distribution de masse qui banalisent l’aliment et brouillent l’origine des produits avec une illusion d’abondance) enlèvent rapidement à l’aliment son statut d’ingrédient précieux à préserver. De nos jours, selon l’ADEME (Étude 2016), 18 % de notre alimentation serait gaspillée en France par an, dont 32 % en production, 21 % en transformation, 14  % en distribution et 33 % en consommation (domicile et hors foyer). Ces pertes, qui peuvent sembler faibles en valeur absolue (4 % producteurs, 4,5 % transformateurs, 3,3 % distributeurs et 7,3 % consommateurs), restent importantes en volume (ex : 3,2 millions de tonnes pour la production).

Les conséquences sur l’environnement et le droit à s’alimenter : l’empreinte carbone de ce gâchis est 24 fois plus importante que celle des transports en France. 28 % des terres agricoles dans le monde servent à produire des aliments inutiles.  Le combat contre la faim dans le monde et le soutien de 4 millions de Français démunis passe donc aussi par la lutte contre le gaspillage alimentaire.

Sa définition varie selon les organisations. Selon le Pacte national anti-gaspi’, « toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire, est perdue, jetée, dégradée, constitue le gaspillage alimentaire ».

Quelles priorités et leviers d’actions ? Lutter contre le gâchis alimentaire fait partie intégrante de l’économie circulaire (Cf. Biolinéaires n°68). L’attention est cependant portée sur le zéro gaspillage (politique Zéro Waste) pour supprimer la notion même de déchet, plutôt qu’à la valorisation des déchets existants. L’initiative Food Horizons menée en 2014 avec des acteurs de la filière agro-alimentaire hiérarchise 5 niveaux d’action en commençant par le plus souhaitable : réduction (zéro-déchet), redistribution humaine, (nourrir les hommes, solidarité), redistribution aux animaux, compostage-énergie, Incinération ou mise en décharge.

Les bonnes pratiques par acteurs :

1 – Producteurs : en France la production agricole est jetée pour cause de surproduction, de défaut d’aspect, ou de mauvais calibrage… Solution > Optimiser les cahiers des charges avec les distributeurs, don alimentaire agricole, valorisation des déchets et des coproduits avec la fabrication sur place de denrées alimentaires, l’alimentation animale… Accords spécifiques avec  des transformateurs ou producteurs, vente directe d’appoint.

2 – Transformateurs : utilisation de produits avec des défauts de fabrication, de sous-produits alimentaires, de coproduits ou d’invendus (Ex. mayonnaise vegan utilisant l’eau de cuisson des pois chiches, bière avec du pain jeté, confitures maison avec des fruits et légumes déclassés…).

3 – Distributeurs : proposer des paniers de fruits périmés ou « moches » destinés aux compotes et confitures. Utiliser les invendus pour la restauration ou la conception de produits fabriqués sur place. Mettre en place des zones promotionnelles « dates courtes ». Interdire certains produits bio : petites bouteilles d’eau minérale… Étendre le vrac aux liquides. Dons systématiques à des associations caritatives. Compostage sur place.

4 – Consommateurs : sensibiliser les foyers individuels au gaspillage, à l’utilisation optimale des produits : techniques de conservation, cours de cuisine Zéro déchets (utilisation des épluchures, des restes). Cours de compostage domestique, de micro-jardinage. Événements festifs  du style « Disco Soupes ».

Focus sur le don alimentaire aux associations : la loi contre le gaspillage alimentaire, de 2016 (voir plus bas) institue deux mesures clés : l’interdiction pour les supermarchés de détruire des denrées encore périssables et l’obligation pour les commerces de plus de 400 m2 de proposer à des associations de reprendre leur surplus. Cette initiative qui évite le gaspillage par la destruction se heurte cependant à un problème nouveau de logistique, beaucoup d’associations et de magasins n’ayant pas de tels moyens.

Le rôle et l’exemple de l’État : la France s’est engagée en 2013, au travers d’un Pacte national à réduire de moitié le gaspillage pour 2025. Une nouvelle feuille de route et une loi sont instaurées en 2016 : les grandes PME et les groupes doivent par exemple mentionner dans leur rapport RSE leurs actions. L’État, ses établissements publics et les collectivités doivent mettre en place une démarche de lutte au sein des services de restauration collective dont ils ont la charge. L’État pourrait cependant encore progresser, avec, par exemple des mesures fiscales ou réglementaires incitatives aux agriculteurs ou transformateurs pour optimiser les processus de fabrication, limiter les restes, etc.

Quelles implications pour le secteur bio ? Celui-ci à de facto un bon pied dans la lutte anti-gaspillage par le biais de l’agriculture biologique, de la promotion du vrac, de la vente de légumes moches et de saison, etc. Force est de constater que les marges de progrès sont cependant nombreuses : citons notamment le renforcement du don alimentaire aux associations, plus de vente au rabais et en vrac d’aliments périmés ou abîmés (biscuits…), etc.  Enfin, peu de distributeurs et de marques bio ont pris ouvertement position contre le gaspillage avec des actions concertées à grande échelle.

Sauveur Fernandez

fsauveur@econovateur.com

La référence pour les professionnels de la distribution bio spécialisée et alternative

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