Le Gouvernement sabre dans le bio pour les 40 ans du label AB

En 2025, le label AB célèbre ses 40 ans. Une longévité exemplaire, des bénéfices environnementaux reconnus … et un cadeau difficile à digérer. Dans le projet de loi de finances, le Gouvernement réduit le budget de l’Agence Bio de 64 % : le Fonds Avenir Bio passe de 18 à 8,7 millions d’euros et 5 millions d’euros de communication sont supprimés.

 

Une fête sans gâteau… et sans budget

Rappelons que l’État s’était pourtant engagé à atteindre 18 % de SAU en bio d’ici 2027. Mais pour cela, il faudrait… investir. Or, aujourd’hui, le Fonds Avenir Bio, pilier stratégique ayant permis plus de 350 projets structurants en 15 ans, se retrouve avec des miettes. D’une main, le ministère de l’Agriculture signe le programme « Ambition Bio 2027 » et de l’autre lui coupe les vivres.

« Les projets déposés dans le cadre du Fonds Avenir Bio soutiennent tous les maillons des filières agroalimentaires, du champ jusqu’à l’assiette », rappelle la Fnab. C’est ainsi un outil stratégique pour les PME engagées dans la valorisation de la production biologique d’origine française. Avec un fort effet de levier puisque le fonds fédère entre 2 et 3 euros d’argent public et privé pour chaque euro investi.

Faut-il aussi rappeler que l’agriculture biologique représente 215 000 emplois et 1 ferme sur 6 en France. 

« Avec les coupes budgétaires de l’Agence Bio : c’est un mur porteur qu’on abat », Jean Verdier, président de l’Agence Bio

Au moment où la consommation bio redémarre, où le réseau spécialisé sort la tête de l’eau, que selon Circana l’offre bio a augmenté en GMS de 0,5 % en février 2025 et de 0,2 % en avril, et que la toute première campagne TV du bio – « C’est Bio la France » – vient d’être lancée pour les 40 ans du label, que dire de la suppression pure et simple du budget communication de 5 millions d’euros ?

 

Le monde bio consterné

Suite à cette coupe sèche,  les réactions sont unanimes.

Le Synabio et Forébio qualifient cette décision de « douche froide » qui « met en péril de nombreux projets émergents essentiels à la consolidation des filières biologiques. Cette baisse compromet des initiatives telles que la rénovation d’outils de collecte, la modernisation d’unités de transformation pour améliorer la compétitivité, et le développement de gammes de produits destinées à la restauration hors domicile, facilitant l’atteinte des objectifs de la loi Egalim ».

La Maison de la Bio et Natexbio fustigent « Une décision incompréhensible, à rebours des attentes des Français » alors qu’un récent sondage Ifop montre que 9 Français sur 10 s’inquiètent de leur exposition aux pesticides chimiques et que plus de 7 sur 10 veulent que le Gouvernement agisse. 

Loïc Madeline, coprésident de la Fnab, s’interroge avec amertume : « On va finir par croire qu’Annie Genevard [Ndlr : ministre de l’Agriculture] veut à tout prix la peau de l’agriculture biologique. Le ministère vient de trouver 30 millions d’euros pour sauver la filière noisette qui représente 350 fermes en France, mais ses poches sont vides quand il s’agit des 60 000 fermes bio qui produisent une alimentation saine et protègent les ressources ».  

Marc Dufumier d’AgriParis Seine, représentant des collectivités territoriales (communauté urbaine Le Havre Seine Métropole, Métropole Rouen Normandie, la Ville de Paris, la Métropole du Grand Paris, le département de la Seine-Saint-Denis, Eau de Paris, le Pôle d’Equilibre Territorial et Rural du Nord de l’Yonne…) dénonce une « nouvelle attaque à l’encontre des agriculteurs et agricultrices engagés pour nous offrir une alimentation saine et durable : cette décision est aussi incompréhensible qu’alarmante ».

Cosmébio pour sa part alerte : « fragiliser l’agriculture bio, c’est fragiliser la filière cosmétique bio » rappelant que « Les cosmétiques labellisés Cosmébio dépendent directement d’ingrédients issus de l’agriculture biologique » et que « Seule l’agriculture biologique garantit l’absence de pesticides chimiques de synthèse dans les cosmétiques bio ».

Benoît Soury, président de Bio c’ Bon et So.bio*, trouve cette situation « paradoxale et amère » au moment où le marché bio, notamment en magasin spécialisé, redémarre.

Premier groupement de magasins bio indépendants de France, Accord Bio ne cache pas sa « consternation » : « Au-delà de l’Agence Bio, c’est un signal très négatif qui est envoyé à l’ensemble de la filière. Nous sommes convaincus que l’avenir – et même l’avenir proche – démontrera à quel point le développement d’une agriculture biologique, respectueuse de la vie, est indispensable. Le « bio », ce n’est pas seulement une méthode de production agricole : c’est une réponse essentielle à des enjeux vitaux pour notre quotidien ». Le groupement appelle à cet effet à une mobilisation collective.

 

*Benoit Soury, est directeur Marché Bio et directeur Proximité France du Groupe Carrefour, représentant la distribution Grande et Moyenne Surface (GMS) par la voix de la FCD (Fédération du Commerce et de la Distribution).

Laura Duponchel

Retour sur les 40 ans du label AB

« C’est Bio la France » a rassemblé toute la filière bio, jeudi 22 mai, lors de la journée mondiale de la biodiversité. Photos : Marwen Farhat / Divergence.

Le 22 mai dernier, à l’occasion du festival « C’est Bio la France », la filière biologique française a célébré un anniversaire emblématique : les 40 ans de l’officialisation du label AB. Organisé à Paris, cet événement a rassemblé de nombreux acteurs du secteur – producteurs, transformateurs, distributeurs, restaurateurs, décideurs publics et médias mais aussi de consommateurs – autour d’une ambition commune : renforcer la dynamique du bio français.

L’événement a également marqué plusieurs temps forts : la sortie du livre C’est Bio la France retraçant 40 parcours inspirants, le lancement du tout premier spot TV pour le label, et même un hymne bio, remix d’un classique de la chanson française.

600 personnes ont participé à cet évènement.

Autour de foodtrucks, de dégustations et d’animations culinaires, le public a pu savourer des produits 100 % bio et rencontrer les artisans du goût. Fromages, pains, miels ou encore charcuteries étaient à l’honneur, dans une ambiance conviviale, portée par une programmation musicale éclectique — entre house française et French Touch.

Cet évènement effectué lors de la journée mondiale de la biodiversité a également marqué le lancement de la 20e édition du Printemps Bio.

Pour découvrir la campagne « C’est Bio la France » : https://lnkd.in/gaqTE8H8

Antoine Lemaire

La référence pour les professionnels de la distribution bio spécialisée et alternative

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