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Le soya, une découverte à retardement pour la France

Dans son numéro de mai-juin-juillet 1977, il y a donc 40 ans, la revue « Agriculture et Vie » alertait ses lecteurs sur les avantages que présentait le soya, tant à la fois sur le plan cultural agronomique que sur celui nutritionnel alimentaire.

Voyons donc ce qu’en disait le professeur Jean Boucher à l’époque : Il n’est jamais trop tard pour bien faire, et le moment paraît venu de parler de l’avenir en matière d’alimentation. En réalité, la valeur nutritive du soya est connue en Europe depuis la «Belle Époque», 1910, au temps où les allemands préparaient la guerre de 1914 -1918 en stockant par centaines de milliers de tonnes le soya importé de Mandchourie. Les Américains s’y sont mis vers 1920. Et les Français répondant mal à la pression de l’occupant allemand ont boudé le soya de 1941 à 1944, à part quelques chercheurs qui y croyaient déjà (1).

Après une longue éclipse, le soya américain a conquis l’élevage industriel, à la faveur de l’erreur française de la monoculture du maïs hybride. Production annuelle de 40 millions de tonnes de soya aux États-Unis, de 13 millions de tonnes au Brésil …

L‘importance des protéines végétales

Et on s’aperçoit soudain qu’une solution aux problèmes alimentaires et économiques de demain passe par les protéines végétales, six fois plus rentables que les protéines animales. Là commence le panaché, le mélange du vrai et du faux. Le soya, excellent précédent pour le blé, c’est vrai. Impossible de produire plus de 20 % de nos besoins protéiques pour l’homme et l’animal, c’est faux.

Il faudrait 50 g de soya par homme et par jour, 18 kg par an si l’on ne mangeait que du blé et du soya, ce qui serait un nonsens évident. 1 ha nourrit à cet égard 100 adultes, 150 personnes. 350000 ha nous su raient. Si la totalité de la production potentielle de soya français était consommée par le bétail, il nous faudrait 6 fois plus de surface : 2 millions d’ha.

La France peut produire du soya sur1800000 ha

30 départements français au moins sont aptes à le produire, 60 000 ha pour chacun. Cela vaudra mieux que le maïs exigeant en tout, en azote, en pesticides, en irrigation, aliment uniquement énergétique pauvre en vitamines, en oligo-éléments, en acides aminés nobles. On parle maintenant d’arracher de la vigne pour cultiver du soya !

On passe là encore à côté de la solution qui est peut-être la polyculture par exemple associée du soya et de la vigne (au 1/3 de la surface, 1 rang tous les 10 ou 20 mètres, mais sur terrains fertilisés en humus, et en éléments protecteurs), dans un programme de polyculture où les céréales et les prairies de fauche auront aussi leur place.

Meilleure qualité du vin produit à haut rendement dans l’absolu, mais produit en quantité plus raisonnable compte tenu du très grand écartement, et retour à un équilibre cultural reconstitué.

Conclusion

Utopie ? Bien des choses étaient « utopiques » il y a 25 ans au dire des conformistes ; on admet maintenant leur importance comme solution d’avenir à nos problèmes : c’est le cas des énergies non polluantes, solaire et éolienne, c’est le cas d’une fertilisation organo humique protectrice, maillon essentiel de la culture biologique.

Jean Boucher
(1) – Clé de détermination des variétés de soya, Schad,
1946-INRA. – Catalogue des variétés de soya cultivées
en France, M. Simonet, R. Chopinet et J. Boucher, Revue
Internationale du Soya, Paris 1947.

Aujourd’hui, le soya fait partie des meubles de l’Agriculture Biologique, tout comme les autres productions agricoles. C’est ce qu’a révélé une enquête lancée en 2012 auprès des producteurs de soya biologique par le CETIOM et l’ITAB.

Deux débouchés sont ouverts à cette production bio :

  • le premier destiné à l’alimentation humaine est en croissance soutenue depuis plusieurs années (les soyfoods : boissons au soya, yaourts, desserts, tofu, etc ..) mais son volume reste limité. Si le soya o re dans ce cas une marge élevée aux producteurs, le cahier des charges est très exigeant : il porte sur la qualité sanitaire, la propreté des lots, le contrôle de l’absence d’OGM, une teneur minimale en protéines et la traçabilité. D’autres critères sont parfois intégrés par certains opérateurs.
  • le second destiné à l’alimentation animale (principalement porcs et volailles) potentiellement plus important en volume, les fabricants d’aliments du bétail bio se tournant de plus en plus vers une marchandise d’origine française, produite à partir de variétés non-OGM et tracée.

Jean-François Lemaire

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