Si le système alimentaire français génère des bénéfices économiques conséquents (358 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021), ses impacts sociaux et environnementaux sont alarmants, selon une étude Le Basic, en partenariat avec le Secours Catholique – Caritas France, le Réseau Civam, Solidarité Paysans et la Fédération française des diabétiques. Les pouvoirs publics ont dépensé 67,5 milliards d’euros en 2021 pour atténuer les impacts délétères de notre système alimentaire, des dépenses insuffisantes face à l’ampleur des dommages. L’étude appelle à repenser ces soutiens publics pour construire un système alimentaire plus équitable et durable.
Le constat
Malgré la renommée de la gastronomie française, l’étude « L’Injuste Prix de notre alimentation » met en lumière les conséquences dramatiques du système alimentaire actuel en France :
- Inégalités sociales : 8 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, 18 % des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté, leur profession affiche le taux de suicide le plus élevé du pays et les employés de l’agroalimentaire sont précaires.
- Impacts environnementaux : La biodiversité s’effondre (30 % des oiseaux des champs ont disparu en 15 ans), la pollution de l’eau s’aggrave (437 captages d’eau potable ont été fermés à cause des nitrates et des pesticides entre 2010 et 2021…) et les émissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture sont élevées.
- Problèmes de santé publique : Le nombre de diabétiques a bondi de 160 % en 20 ans, et les coûts publics associés à l’obésité et au diabète s’élèvent à 12 milliards d’euros par an. Au total, 19 milliards d’euros ont été dépensés en 2021 pour tenter de compenser les effets négatifs de ce système mais ces montants restent insuffisants pour en couvrir l’ampleur.
Les origines de ces problèmes
- Un modèle économique dominant : La maximisation des profits et la course aux volumes ont conduit à une concentration des entreprises, à une standardisation des produits et à une pression sur les prix payés aux agriculteurs.
- Une faible valorisation des externalités : Les coûts environnementaux et sociaux liés à l’agriculture ne sont pas suffisamment pris en compte dans les prix des produits alimentaires.
- Marketing : Les produits sont différenciés par le marketing plutôt que par leur qualité intrinsèque.
En 2021, les pouvoirs publics ont dépensé 67,5 milliards d’euros pour soutenir ce système et en atténuer les impacts. Cependant, 83 % des aides sont revenues au modèle dominant. Ainsi, 48 milliards d’euros ont été versés aux acteurs du système alimentaire, principalement à ceux qui privilégient la production de masse et les prix bas, au détriment de pratiques agricoles plus durables et plus respectueuses de l’environnement.
Changer de modèle
Alors que le système actuel est coûteux et inefficace, le texte appelle à une profonde réforme de ce système afin que les subventions publiques soient ré-orientées pour soutenir des modèles agricoles plus durables et plus justes.
Parmi les recommandations du rapport :
- Changer de modèle pour passer à un système alimentaire plus durable, basé sur une agriculture respectueuse de l’environnement et une alimentation saine et équilibrée.
- Réorienter les aides financières de l’État vers des modèles agricoles plus vertueux.
- Réduire l’exposition aux pesticides et limiter les impacts négatifs de l’agriculture sur la santé et l’environnement. Il est notamment proposé d’interdire les exportations de pesticides interdits par l’UE.
- Encadrer les marges sur les produits bio afin de garantir une rémunération plus juste aux producteurs et rendre les produits bio plus accessibles aux consommateurs.
- Etendre les obligations de la loi Égalim (au moins 50% de produits durables et de qualité dont au moins 20% de produits bio) à la restauration commerciale.
> Étude sur la création de valeur et les coûts sociétaux du système alimentaire français