Pour Maison Gaborit, l’aventure du réemploi est loin d’avoir été un long fleuve tranquille. Il faut dire que le fabricant fait office de pionnier en la matière et comme beaucoup de pionniers, il a essuyé les plâtres avant de trouver la bonne formule. Depuis septembre, Maison Gaborit est entré dans une phase de massification de collecte de ses bocaux, avec un déploiement dans 190 points de collecte Bout’ à Bout’. Un test est aussi prévu en Île-de-France et dans les Hauts-de-France, avec Biocoop et Haut la Consigne. À l’occasion d’un dossier dédié à la consigne, Bio Linéaires fait le point avec Florence Gaborit.
Un parcours semé d’embûches
Florence Gaborit, chargée du réemploi pour la Maison Gaborit, détaille les différentes étapes – et embûches – qui ont jonché le parcours… du combattant de l’entreprise pour réussir le réemploi. « Nous avions déjà une réflexion en interne sur nos plastiques, cartons et il restait le verre. On a participé en août 2020 au projet Zéro West de test de réemploi lancé par Scarabée Biocoop. Le coût du lavage était très élevé et le format de 125 g de nos pots de yaourts pas adapté à un lavage industriel, avec une contrainte technique : notre opercule laissait un dépôt de colle sur le pot. »
Le fabricant revoit alors sa copie. « On a proposé en 2021 un pot standard de 400 g pour avoir une massification et qu’il puisse être réemployé par d’autres marques. Il fallait qu’il soit robuste pour supporter la répétition des lavages, on s’est fait conseiller par des imprimeurs et laveurs et on est parti sur une étiquette hydrosoluble, puis on a mené un test sur notre magasin de vente directe à la ferme. »
Le décollage de l’étiquette, le point noir
Mais un obstacle demeure : l’étiquette peine à être retirée au lavage. Maison Gaborit décide de tout revoir : « Pendant un an et demi, on est passé en phase de micro-test en super local avec Biocoop Cholet et notre magasin à la ferme, on faisait le lavage en interne pour tester le décollage des étiquettes, on a de nouveau pris des conseils auprès de laveurs, effectué des groupes de travail avec Citéo pour échanger sur ce qui fonctionne ou pas, fait des tests sur tous les maillons de la chaîne mais, début juin 2023, il n’y avait pas de solution fonctionnelle pour laver les étiquettes. Alors pour plus de praticité et pour enlever ce frein, nous sommes partis sur une étiquette enlevable par le consommateur et non plus par le laveur », résume Florence Gaborit.
« Tant que le réemploi ne sera pas massifié, il sera coûteux, d’où l’importance que le plus d’acteurs s’engagent », Florence Gaborit
Expérimentation réussie dans les Pays de la Loire
S’ensuit, une expérimentation menée dans 25 magasins bio des Pays de la Loire (Biocoop, Chlorophylle…), de juin 2023 à juin 2024. Avec près d’une dizaine de références. Et une communication auprès du consommateur : sur l’étiquette avec un QR Code qui donne accès à la liste des magasins participants, des stop-rayons et des affiches installés en magasin et les équipes de vente informées de l’opération. « On s’est d’ailleurs rendu compte que dans les magasins les plus investis sur le sujet, on avait le taux de retour le plus important », analyse Florence Gaborit. Avec 6 200 pots collectés (89 % sans étiquette), l’initiative est un succès et le taux de retour de 64 % dans le magasin de vente à la ferme est encourageant. Comme le résume Florence Gaborit, « le réemploi, c’est de l’endurance ! ».
Déploiement en 2024 dans 190 points de collecte
En septembre 2024, Maison Gaborit a lancé une phase de déploiement dans les 190 points de collecte Bout’ à Bout’ et prévoit des tests en Île-de-France et dans les Hauts-de-France avec Biocoop et Haut la Consigne. « Cela nous permet d’avoir un retour d’expérience avec un autre opérateur de réemploi, de voir les comportements des consommateurs dans d’autres régions avec un bocal qui soit réemployé en local par d’autres producteurs, Haut la Consigne doit en trouver », explique Florence Gaborit.
Pour encourager le réemploi et éviter d’augmenter les prix, l’entreprise n’a pas instauré de consigne monétaire. Mais précise que cela devra, à terme, être mis en place avec la collaboration de tous les acteurs du réemploi.
Propos recueillis par Laura Duponchel
La consigne pour réemploi
au cœur du dernier Bio Linéaires
Dans son dernier numéro, Bio Linéaires met à l’honneur la consigne pour réemploi en réseau bio avec des initiatives pionnières et actuelles de fabricants et magasins.
Avec les témoignages et expériences de Maison Gaborit, Maison Meneau, Relais Vert, Autour du Riz, Vitamont, Bio Planète, Biocoop, La Vie Claire, Satoriz, Le Grap, Botanic, So.bio et Bio c’Bon, ainsi que des interviews d’opérateurs du réemploi (Bout’ à Bout’, France Consigne).