« Le plaisir du goût »… Derrière ce slogan a priori simple de la Maison Meneau, outre la tradition et l’expérience d’une entreprise dont les origines remontent à 1879, se cache en fait un rigoureux et complexe engagement. Car offrir aux consommateurs, au bout de la chaîne, des produits correspondant à leurs attentes en matière de bio, cela nécessite des efforts permanents et en général coûteux… ainsi qu’une vraie passion de la qualité.
Une entreprise familiale responsable et engagée
Le ton est donné dès la page d’accueil du site web de la Maison Meneau : « Le plaisir du goût » fait partie intégrante du logo de la marque, rappelant que ce qui sort de ses ateliers, ce sont des produits gourmands, faits avec des matières premières de qualité, exclusivement naturelles. « L’artisan des sirops et boissons BIO de Bordeaux » ? La Maison Meneau est une entreprise familiale à taille humaine (une vingtaine de collaborateurs), dont le riche assortiment se compose en effet de sirops, thés glacés, jus, smoothies et limonades, mais aussi de vins fruités et depuis peu de bières.
Puis, en-dessous, on découvre deux logos résumant les engagements de la marque : les labels bio AB et européens, et le logo « Entreprise responsable, engagée pour l’homme et l’environnement / Contrôlé par Ecocert ». « Pour cette certification, nous avons obtenu le niveau ‘‘Excellence’’, le plus élevé des trois qui existent, souligne avec une certaine fierté bien légitime Vincent Lassalle Saint-Jean, codirigeant de l’entreprise avec son frère Philippe. Il n’y a que très peu de sociétés certifiées à ce niveau. Pour comprendre ce que cela signifie, il suffit de visiter notre site web et de cliquer sur le chapitre ‘‘Découvrez l’esprit de la Maison Meneau’’ puis sur ‘‘Ses engagements responsables’’ : toutes les réponses sont là… »
« Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant une existence conforme à la dignité humaine ».
De fait, les titres des paragraphes sont très explicites : « Bio n’est pas un vain mot », « Equité, solidarité et responsabilité » (avec l’exemple des filières sucre et vin), « Entreprise responsable niveau Excellence », « Engagée depuis le 1er septembre 2015 dans une démarche verte et solidaire avec Enercoop » et « Hygiène et sécurité ». Le tout avec en exergue une phrase chère à Vincent Lassalle Saint-Jean, extraite de l’Article 23 de la Déclaration des Droits de l’Homme : « Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tout autre moyen de protection sociale ».
Sur tous ces aspects, à chaque fois l’engagement de la Maison Meneau est profond et concret, par exemple, pour les partenariats avec des producteurs des pays émergents, via Bio Partenaire dont l’objectif est de rééquilibrer les échanges commerciaux en faveur des producteurs les plus défavorisés, dans le respect du développement durable.
Respect
« Tout ceci est l’âme qui nous anime, mon frère et moi, continue Vincent Lassalle. Notre axe aujourd’hui, c’est vraiment d’être ‘‘l’artisan des boissons bio et responsables’’. Et dans ‘‘responsables’’, j’inclus le commerce équitable, la protection santé des producteurs, une dimension humaine avec le respect de chacun, y compris notre personnel bien sûr, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Maison Meneau, avec aujourd’hui les équipes que nous avons dans la brasserie et dans la restauration, avec notre implantation dans l’écoparc économique Darwin, installé dans une ancienne friche urbaine de Bordeaux ».
A un bout de la vie du produit, son extrémité ultime, c’est le consommateur qui intéresse le chef d’entreprise : « Au-delà des aspects gustatifs, ce que demande avant toute chose notre client final – qui n’est pas le même que celui qui achète chez les discounters – c’est de pouvoir bien consommer. Bien consommer en termes de santé et d’impact sur la planète, et en termes de vertus, en participant à un commerce qui de fait est équitable, avec une chaîne d’acteurs tous respectueux de la filière, respectueux du travail de l’homme à chaque étape ».
L’engagement de la Maison Meneau commence dès le début de cette chaîne : « A la base il y a un agriculteur, parfois à l’autre bout du monde, dans des pays où il y a parfois des dictatures, sans protection sociale pour sa famille. Nous tentons d’y générer une boucle vertueuse au sens strict du terme. Nous ne sommes pas là pour lui faire baisser son prix quand on lui achète plus de quantité, dans la logique de celle de la grande distribution ! Ce n’est pas pour rien que Maison Meneau n’est pas vendu dans ce circuit. Regardez l’actualité 2016 : on ne peut qu’être interpellé par les résultats catastrophiques d’une telle logique dans le conventionnel, à savoir le peu de rémunération des agriculteurs, en particulier dans le domaine laitier. Donc non seulement nous rémunérons le travail de nos producteurs à sa juste valeur, mais en plus nous payons une ‘‘surprime’’ pour participer aux dépenses de santé et d’éducation. Au Paraguay par exemple, nous avons participé à l’installation d’un cabinet dentaire, les caries étant un vrai problème chez les enfants de la région qui mâchent en permanence de la canne à sucre. Tout ceci représente du temps et de l’argent mais nous en parlons peu, car ce qui compte avant tout ce sont les remerciements que nous recevons sur place, et nous savons que cela participe à cette boucle vertueuse essentielle pour nous dans la bio… »
Être fiable, c’est essentiel
Si la Maison Meneau donne ainsi beaucoup en amont, répondant donc à une attente des consommateurs, elle investit aussi énormément pour garantir la qualité des produits et, concernant les partenaires intermédiaires que sont les points de vente, garantir également des livraisons sans rupture toute l’année, malgré un assortiment très large et une grande saisonnalité des produits. Ce qui sous-entend un outil de production qui reste en permanence au plus haut niveau : « Dans notre métier, le matériel se change tous les 10 ans. Une obsolescence qui ne concerne pas l’inox bien sûr, mais tout ce qui est vannes, évolution de l’électronique qui ne se répare plus, etc. Et le matériel de remplacement qui évolue coûte en général plus cher. A cela s’ajoute la nécessité d’acheter de nouveaux outils de production ou de stockage pour suivre la capacité de production ».
« Nous avons ainsi énormément investi en 2015 et 2016 : plus de 2 Mio d’€ pour un CA annuel de l’ordre de 7,5 Mio d’€, plus chaque année environ 300.000 € pour le renouvellement évoqué du matériel qui s’use. Des frais incompressibles quelles que soient les quantités produites, sans parler du personnel, quand on vise la qualité que mérite la bio : aujourd’hui, les gens que nous embauchons ont au minimum un Bac + 3. L’époque où il n’y avait que des manutentionnaires dans l’industrie est terminée. Et parce que cette qualité doit être irréprochable sur tous les plans, nous n’avons pas non plus hésité à nous faire certifier ISO 22000 (sécurité des denrées alimentaires) ».
Ces investissements font partie des efforts estimés incontournables pour garantir une fiabilité dans tous les domaines : « Avoir des progressions annuelles de 10 à 25 % est une chose, mais dans la boisson les variations mensuelles peuvent atteindre + 60 %. Il faut donc gérer les prévisionnels, la disponibilité des ingrédients, des nombreux parfums, emballages et bouteilles, etc. Nous anticipons tout cela en permanence : investissement en matériel, modernisation des outils et des équipements, parfois même externalisation du stockage malgré les frais que cela induit. Grâce à cela, nous livrons quasiment sans rupture. Mais cela signifie aussi que nous ne pouvons pas faire non plus d’économie d’échelle quand nous livrons de quoi remplir 2 camions au lieu d’un seul ou lorsque nous changeons en urgence le format ou la variété produite sur une ligne pour éviter la rupture, car sinon ce serait aussi au détriment d’un autre facteur».
« Boucle vertueuse » signifie que toutes les parties prenantes trouvent leur compte.
La quasi absence de rupture est une performance d’autant plus remarquable que nombre d’ingrédients sont tributaires d’aléas économiques ou climatiques, obligeant parfois à les faire venir de plus loin, sans néanmoins défavoriser les fournisseurs habituels, qu’il faut continuer à soutenir. Au final, au-delà des apparences, dans la boucle vertueuse de la bio, quand les volumes de vente augmentent cela ne signifie par pour autant que les fabricants engagés bénéficient de plus de facilités : « Nous ne sommes pas des traders, notre but n’est pas d’acheter moins cher pour faire baisser les prix et faire toujours plus de volume. Là, ce ne serait plus une boucle vertueuse ».
L’achat bio, un « bulletin » de vote
Pour la Maison Meneau, « boucle vertueuse » signifie que toutes les parties prenantes trouvent leur compte : le producteur, comme déjà évoqué, les salariés du fabricant, acteurs de la qualité, le distributeur, avec pour lui la garantie de pouvoir vendre des produits à succès, conformes aux valeurs de la bio, et enfin le consommateur qui a la certitude de bénéficier du meilleur de la bio.
Représentant une philosophie absente de la grande distribution conventionnelle, cette boucle vertueuse est surtout une extraordinaire façon de fidéliser la clientèle du réseau spécialisé. Car on sait que les clients ne viennent pas par hasard en magasin bio et sont prêts à payer un peu plus cher. Une attitude que Vincent Lassalle Saint-Jean image de belle façon : « La bio ‘‘discount’’ ne peut pas exister. En fait, le ticket de caisse du magasin bio, c’est un bulletin de vote : le client ‘‘vote’’ pour quelque chose de différent, correspondant à ses attentes en matière de valeurs mais aussi de proximité, d’écoute, de conseil. Ce faisant, il se place lui-même de façon consciente dans la ‘‘boucle vertueuse’’ en la soutenant par ses choix d’achat. C’est pour cela que la bio, pour pouvoir durer dans le temps et continuer à conquérir, ne doit pas se brader, à quelque niveau que ce soit ». A ce point de vue, la Maison Meneau montre sans nul doute le bon chemin…