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Ne pas cultiver bio, un énorme coût environnemental

Ne pas manger bio a de très nombreux et coûteux impacts négatifs sur notre santé. Les effets sur l’environnement ne sont pas plus réjouissants.

La fertilité du sol menacée

Le sol, faut-il le rappeler, conditionne la capacité de la planète à produire assez de nourriture pour nourrir tous ses habitants. Certes on peut s’en passer, avec la culture bien nommée « hors-sol » ou hydroponique, qui consiste à nourrir les plantes directement avec des solutions nutritives, sans sol. Une solution coûteuse et anti écologique qu’il serait impossible de généraliser et est réservée à un petit nombre de cultures maraîchères. On peut aussi cultiver sur des sols fortement dégradés, ayant perdu la plus grande partie de leur matière organique et de leur activité biologique, comme le fait l’agriculture industrielle : une solution non durable et non généralisable car elle exige un apport massif d’engrais chimiques.

Redonner leur fertilité à ces sols est possible, mais c‘est long et coûteux. En fait, le bas coût des aliments conventionnels provient en partie de ce qu’ils viennent d’une agriculture que l’on peut qualifier de « minière », c’est-à-dire reposant sur des ressources non renouvelables. Les agriculteurs qui se convertissent au bio savent qu’il faut au moins dix ans pour redonner – à grand renfort de fertilisants organiques, d’engrais verts et de rotations améliorantes – un bon niveau de fertilité à un sol dégradé par des décennies d’agriculture conventionnelle intensive. Or qui paye cet investissement ? En partie le consommateur de produits bio et en partie l’agriculteur pendant les premières années de sa conversion.

Le coût du réchauffement climatique

La contribution de l’agriculture au réchauffement climatique est estimée à environ 20 % du total des émissions. La pratique de l’agriculture biologique permet-elle de la réduire ? Une question fortement débattue. Si l’on raisonne par hectare, la réponse est indiscutablement positive. En effet, en grande culture intensive, près de la moitié des émissions ce gaz à effet de serre provient de la combustion du gaz naturel utilisé pour la fabrication des engrais azotés, et des émissions de protoxyde d’azote lors de l’épandage de ces derniers. Si l’on regarde les émissions par kilo produit, les résultats sont variables en fonction du type de production.

Cependant, les comparaisons faites dans ce domaine ne prennent pas en compte, pour la plupart, la séquestration de carbone dans les sols. Or, on estime que la conversion à l’agriculture biologique permet de séquestrer dans le sol, pendant 30 à 50 ans, environ 500 kg de carbone par hectare et par an. Si l’on généralisait cette donnée aux quelques 20 millions d’hectares de terres cultivées en France, on pourrait séquestrer chaque année 10 millions de tonnes de carbone, soit 37 millions de tonnes de gaz carbonique.

Des drones pour remplacer les abeilles ?

Un des effets majeurs de l’agriculture industrielle, et plus particulièrement de l’utilisation des pesticides, est une chute dramatique de la biodiversité, dont la disparition des abeilles n’est que l’aspect le plus médiatisé. Au-delà des abeilles, ce sont des milliers d’autres espèces d’insectes pollinisateurs qui sont décimées, sans parler des oiseaux, des insectes auxiliaires et de tant d’autres espèces végétales et animales dont certaines sont en voie de disparition. Pour la pollinisation, on commence à expérimenter des drones au Japon, dont on peut imaginer le coût s’il fallait les généraliser. Le coût global pour la collectivité de la diminution de la biodiversité est difficile à chiffrer mais considérable.

Une étude réalisée aux Pays-Bas évalue les coûts environnementaux de l’agriculture conventionnelle à 952 €/ ha, alors qu’une étude britannique les estime à 423 €/ha. Rapportés aux surfaces agricoles françaises on arrive à un montant compris entre 12,7 et 28,5 milliards d’euros. Un rapport, présenté le 8 mars 2017 au conseil des droits de l’homme des Nations Unies, dénonce les effets délétères de l’agriculture industrielle et prône l’agroécologie. Il conclut notamment que « le modèle agricole dominant est hautement problématique, non seulement à cause des dommages infligés par les pesticides, mais aussi par ses effets sur le changement climatique, la perte de biodiversité et son incapacité à assurer la souveraineté alimentaire ». Un constat de plus en plus partagé, y compris par les plus hautes autorités internationales.

Claude Aubert

La référence pour les professionnels de la distribution bio spécialisée et alternative

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