C’est à l’occasion de la présentation de l’opération « fête des mères » de Bio c’ Bon et So.bio que Benoît Soury, président des deux enseignes, et Florence Gomez, leur directrice générale, ont fait un point d’étape sur la dynamique de reprise du bio, sur les évolutions stratégiques des deux enseignes et sur leurs engagements pour une bio toujours plus proche et accessible.
Une croissance continue depuis quelques mois
Selon Benoît Soury, les deux enseignes observent une « poursuite très dynamique de la croissance ». Elles connaissent même « depuis plusieurs semaines des croissances à deux chiffres, ce que nous n’avions pas connu ces deux dernières années ». Le taux de croissance, en chiffre d’affaires, se situe « entre 8,5 et 9 % ».
Benoît Soury estime même faire « 35 à 40 % de mieux que les chiffres en moyenne qui sont annoncés » par ses concurrents. Bio c’ Bon affiche « plus de 40 mois de croissance continue à magasin constant » et So.bio « presque 20 mois de croissance continue ».
Retour des clients : La satisfaction vient du « retour à la fois de client et du panier ». La croissance est principalement due à l’augmentation de la fréquentation. Le retour des clients s’explique, notamment, par la déflation des prix et la disparition d’un grand nombre de magasins bio spécialisés concurrents.
Le non-alimentaire en souffrance
La situation économique du non-alimentaire chez So.bio et Bio c’ Bon, comme pour l’ensemble du marché spécialisé bio et de la grande distribution, est en difficulté pour les produits bio comme non bio. Selon Benoît Soury, ce rayon « reste un parent pauvre » dans les réflexes des consommateurs.
Les offres en vrac non-alimentaire (comme la lessive) existent et répondent à une demande mais restent un « épiphénomène » et ne sont pas encore un « réflexe d’usage » généralisé, selon Benoît Soury. So.bio a cependant décidé de continuer à développer le vrac non-alimentaire.
De son côté, le rayon santé-beauté est aussi à la peine, indique Florence Gomez et, notamment, le maquillage, en partie parce que les habitudes de consommation ont changé depuis la crise du Covid (les gens se maquillent moins). La stratégie pour dynamiser ce rayon inclut le renouvellement des assortiments et le challenge des marques, en mettant en avant de nouvelles marques qui allient composition « clean » et emballage écologique, tout en maintenant l’exigence de la labellisation bio.
Reprise des ouvertures en 2025
Le parc de magasins So.bio et Bio c’ Bon est appelé à évoluer principalement par une phase d’expansion active après une période de rationalisation désormais terminée.
La création de nouveaux magasins et l’acquisition de points de vente existants restent au cœur de la stratégie des deux enseignes. Elles souhaitent être « offensif pour saisir des opportunités de croissance ». Le développement se fera en combinant des magasins détenus en propre (intégrés) et des magasins gérés par des partenaires franchisés. La franchise est en effet considérée comme une « bonne façon d’accélérer » ce développement avec des « partenaires solides ». Florence Gomez précise « que certains de nos franchisés possèdent jusqu’à quatre points de vente ».
L’ambition pour l’ensemble de l’année 2025 est d’ouvrir environ 8 points de vente au total pour les deux enseignes cumulées : un « gros changement » par rapport aux années précédentes, tout en restant « raisonnable et raisonné » et loin des plans d’expansion passés de 15 à 20 ouvertures par an.
Importance croissante de la franchise
Benoît Soury indique que « sur les quatre ouvertures réalisées sur les premiers mois de 2025 par l’ensemble des magasins spécialisés bio, deux tiers ont été fait par So.bio et parmi celles réalisées, en début d’année 2025, deux étaient des franchises So.bio ». Désormais So.bio compte 20 franchises.
Recherche d’opportunités « partout en France » : Les enseignes cherchent à s’implanter dans leurs « territoires d’ancrage déjà acquis » comme l’Occitanie, l’Aquitaine et le Sud-Est mais aussi à Paris et dans le Nord-Est mais aussi en Bretagne et en Corse. Il y a encore « plus de lieux où on n’est pas présent que de lieu où on est », souligne Benoît Soury.
Les priorités en termes de développement
Les priorités de développement pour So.bio et Bio c’ Bon pour la fin de l’année 2025 et pour l’avenir s’articulent autour de plusieurs axes clés :
1-Maintenir le rythme de croissance élevé : l’une des priorités étant de « garder ce temps d’avance en terme de croissance par rapport à ce que fait le marché ».
2-Maintenir l’attractivité de l’offre en :
◦ Travaillant l’accessibilité prix, en particulier sur les fruits et légumes et les produits d’entrée de gamme, et proposer des actions prix régulières pour « casser » l’idée que le bio est trop cher ;
◦ Mettant en avant les produits locaux, avec une distance affichée (par exemple, moins de 100 km). Les deux enseignes travaillent avec plus de 1 700 partenaires locaux en direct. Le miel, la bière, et surtout les fruits et légumes sont des produits clés pour l’attractivité locale ;
◦ Positionnant les enseignes comme la « meilleure vitrine des industriels / transformateurs de l’agriculture biologique » en ayant pas de marque propre ;
◦ Continuant à innover et être les premiers à mettre en marché les « petites innovations » comme un vin sans alcool évoqué en exemple ;
◦ Maintenant l’engagement sur la qualité et l’origine française, notamment pour les fruits et légumes et les filières animales. Le développement de filières en partenariat avec les agriculteurs fait partie de cette démarche ;
◦ En étant un « acteur moderne et exclusivement bio et rien d’autre », garantissant aux consommateurs que l’offre est « strictement bio ». La modernité se traduit aussi par des magasins bien conçus et une attention aux attentes des consommateurs.
Bio c’ bon et So.bio
en chiffres
Taux de croissance du chiffre d’affaires : entre 8,5 et 9 % depuis le début 2025
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Panier moyen
–Bio c’ Bon : ≃15 € (particulièrement à Paris où les clients font de petits paniers)
–So.bio : ≃ 45 € (moyenne France)
Le panier moyen a légèrement augmenté depuis début 2025 (+1,6 à 1,7 %).
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Nombre de magasins
–So.bio : 70 magasins (8 lorsque Carrefour l’a rachetée en 2018)
–Bio c’ Bon : 60 magasins (103 au moment du rachat par Carrefour)
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Prévision ouvertures
8 points de vente au total pour les deux enseignes cumulées
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Autres chiffres
Poids des fruits et légumes : ≃ 20 % des ventes
Part des ventes réalisées sous promotion : ≃ 5 %
Antoine Lemaire
Les inquiétudes de Benoît Soury
Benoît Soury a exprimé plusieurs inquiétudes importantes concernant l’avenir du marché bio et le contexte dans lequel les enseignes So.bio et Bio c’ Bon évoluent.
Instabilité et réduction du soutien gouvernemental à la bio
C’est une inquiétude majeure et exprimée avec force par Benoît Soury, qu’il qualifie de « coup de gueule ». Il s’alarme de voir que « ce redémarrage du marché [bio] ne sera plus soutenu ou beaucoup moins soutenu par les pouvoirs publics ».
◦ Il mentionne spécifiquement la possible baisse significative du budget pour le Fonds Avenir Bio, qui passerait de 18 millions à « moins de 10 millions ». Ce fonds est jugé essentiel pour faciliter la transition industrielle de la production bio en France.
◦ Le budget de communication de l’État pour l’Agence Bio va également être « amputé de façon extrêmement importante ». Or, ce budget sert de levier pour obtenir des financements européens et est crucial pour soutenir la consommation par une communication grand public.
◦ Le budget de fonctionnement de l’Agence Bio va aussi être « extrêmement amputé », ce qui réduira son champ d’action.
◦ Il trouve cette situation « paradoxale » et « un peu amère » au moment où le marché bio, notamment en magasins spécialisés, redémarre.
Risque de pénuries sur certains produits bio français
Benoît Soury anticipe des « problèmes de pénurie sur un certain nombre de produits bio en France » dans les mois à venir. Il explique cela par le fait que le rythme du monde agricole n’est pas le même que celui de la distribution ou de la demande des consommateurs. Après des discussions sur la surproduction, il pense qu’il y aura des manques.
◦ Il donne l’exemple du porc bio et du lait de chèvre.
◦ Bien que la France ait une grande fierté d’avoir un équilibre efficace entre consommation et production bio, notamment pour les produits non transformés dont la part d’importation a diminué, des pénuries sont possibles.
◦ Cette inquiétude souligne l’importance, pour Carrefour et ses enseignes spécialisées, d’investir dans le développement de filières en partenariat avec les agriculteurs (plus de 4 700 engagés avec Carrefour et une démarche identique avec So.bio/Bio c’Bon).