« Toute entreprise fait de la politique » (Biocoop)

C’est au sein de la 48e édition du salon Marjolaine que Biocoop a tenu, mercredi 6 novembre, sa conférence de presse annuelle. Le ton est donné d’emblée, avec un message axé sur l’entretien des valeurs militantes chères à Biocoop. En présence d’Henri Godron (président) et de Frédéric Faure (vice-président), le modèle coopératif de Biocoop, qui souhaite peser plus que jamais sur les débats sociétaux, a été longuement abordé. Tout en rappelant que dans la crise que vient de subir la distribution spécialisée, Biocoop – par son modèle – a démontré sa résilience. Avec une augmentation du chiffre d’affaires de + 8 % et une fréquentation en hausse.

Malgré la « fracture marché » inhérente à une forte croissance en 2019-2020 suivie d’une décroissance de 2021 à 2022, Biocoop a pu compter sur la fidélité de ses consommateurs convaincus pour passer cette période délicate : « le consommateur tient à notre offre de produits responsables ».

Pour 2025, année « sinueuse », selon les propos du président de la coopérative, mais avec la conviction que l’agriculture biologique est la solution pour la transition écologique, dans une bio exigeante et une approche sociale éthique. Ainsi Biocoop nous rappelle de manière appuyée le « destin du projet » initial. Les tensions sont fortes au niveau agricole et dans cette période compliquée pour les agriculteurs, Biocoop redit son soutien en tant que distributeur à l’agriculture biologique.

La MDD, fer de lance de Biocoop

Les nouveaux territoires en cours de développement de la coopérative se portent sur la lutte contre l’ultra-transformation, via notamment la marque Biocoop (MDD). Avec une inflation minime en 2024, Biocoop repositionne les enjeux de la souveraineté alimentaire au travers d’un travail dans le sillon de l’économie sociale et solidaire. 44 % de magasins de l’enseigne sont d’ailleurs sous statut ESS.

Avec 87 % de l’offre d’origine française et la relocalisation de filières, la MDD est le fer de lance du distributeur. Avec des ingrédients (productibles en France) et une transformation 100 % française. Biocoop veut sensibiliser les citoyens autour de cette question : « Qu’est-ce que l’on mange ? ». « Du sens, du goût et du plaisir » est un leitmotiv qui laisse présager le positionnement de communication des périodes à venir. Si en 2025, Biocoop aura toujours une politique de communication soutenue, les thèmes ne sont pas encore parfaitement définis.

Ancrage territorial

L’objectif du zéro déchet est fixé. Au 1er octobre, Biocoop représente 600 points de collecte consigne pour réemploi – soit 40 % de ceux existant en France (réseau bio et GMS inclus). 90% des magasins le seront fin 2024 et 100 % le seront en 2025. 

L’ancrage territorial est aussi un objectif clairement exprimé avec la volonté d’un partage de la valeur (et du pouvoir) avec les parties prenantes et notamment sur la politique des prix engagée (150 références). 15 % des produits proposés en magasin proviennent d’un rayon maximal de 150 km. À noter que le fond de dotation de Biocoop est quasiment exclusivement dirigé vers l’ancrage territorial.

Concernant l’offre « bébé » en baisse, Henri Godron rappelle que la natalité a chuté de 7 %. Biocoop souhaite aussi développer diverses « expériences » au sein du réseau (exemples : l’offre seconde main, recyclerie…).

« Toute entreprise fait de la politique »

Au niveau agricole, dont le distributeur est conscient du mal-être, Biocoop veut agir sur les méthodes vertueuses avec l’encouragement d’appliquer les meilleures règles afin de démontrer tous les apports de ces méthodes pour l’avenir. Biocoop souhaite également rappeler les coût induits par l’agriculture conventionnelle.

« On va avoir des tensions sur la production agricole à long terme, le point fort de Biocoop se situe au niveau de ses filières, au travers des Paysans Producteurs Associés », indique Henri Godron. 

L’entreprise se positionne comme un « lanceur d’alerte » afin de changer, sensibiliser et promouvoir un message pour que la société deviennent ambitieuse, la coopérative veut interpeller sur la transition écologique, le développement durable, l’équité.

Si l’enseigne représente 0,8 % du marché alimentaire français, elle concentre 12 % du marché bio, 17 % du marché du commerce équitable et 21 % de celui du vrac.

Une conférence de presse qui vient en miroir avec les propos d’Hugo Clément, journaliste engagé sur l’écologie et invité d’honneur de la cérémonie des meilleurs produits bio qui se tenait la veille : « vous êtes au bon endroit, vous faites ce qu’il faut faire. Vous êtes la seule alternative possible pour éviter la catastrophe ».