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Turquie : cap à l’Ouest

L’histoire du bio turc démarre au début des années 80, avec la demande de sociétés allemandes et néerlandaises pour de la noisette, de la figue et du raisin sultanine. Qui dit « Turquie », pense en effet « noix et fruits secs ». Toutefois, du fait de sa proximité avec l’Europe de l’Ouest et de la croissance de la demande en produits biologiques, la Turquie a peu à peu structuré et diversifié sa production. Actuellement, elle se positionne dans le domaine des légumes secs (lentille corail, pois chiche essentiellement) mais aussi des herbes et des épices qui atteignent un montant à l’export équivalent à celui de l’abricot sec. Enfin, la Turquie s’arroge la seconde place sur la scène du coton bio, (loin) derrière l’Inde. 

Exportations : «germano-orientées»

Du fait de ses liens économiques traditionnels avec la Turquie, l’Allemagne reste le premier marché de destination des produits bio turcs et absorbe environ un tiers du volume exporté. La France, les États-Unis et les Pays-Bas se partagent, chacun, environ 9 à 13% des exportations. Des sociétés allemandes y ont leur filiale, certaines de longue date. L’une d’entre elles, la plus ancienne sur le terrain travaille actuellement avec 600 agriculteurs. Prendre pied dans ce pays lui a permis d’assurer un transfert de savoir-faire, le développement de projets ainsi qu’une meilleure traçabilité de la supply chain jusqu’au champ.

Une croissance soutenue…

Selon ETOD, l’association turque des produits bio, la surface cultivée en bio a été multipliée presque par 10 en l’espace de 12 ans, de 90 000 ha en 2002 à 842 000 ha en 2014, alors que le nombre d’exploitants agricoles a quintuplé sur la même période, passant de 12 428 à 71 472. Le nombre de produits bio a, de même, augmenté de 150 en 2002 à 208 en 2014, soit l’équivalent de 1,6 million de tonnes (5 fois plus qu’en 2002). L’Anatolie concentre 70% de la production.

…permise par un appui institutionnel

La 1ère réglementation nationale relative à l’agriculture bio date de 1994. Depuis, le gouvernement a révisé régulièrement ses textes de loi afin de les harmoniser avec le cadre règlementaire communautaire. Par ailleurs, la Turquie a fait une demande d’évaluation pour être listée sur l’annexe III de la règlementation européenne n°1235/2008 comme pays tiers équivalent.

Cela devrait lui permettre d’accéder plus facilement aux pays de l’Union. Le Ministère de l’Agriculture turc suit dorénavant le secteur.

Un marché local qui émerge

Effet collatéral relativement classique, la mise en place d’une filière export couplée à une évolution des modes de consommation stimulent l’émergence d’un marché domestique.

Les marchés bio fleurissent, Istanbul n’en compte pas moins d’une quinzaine. Une chaîne de supérettes a ouvert, City Farm Organik avec une dizaine de points de vente situés à Istanbul (7 magasins), Izmir, Ankara et Bodrum. Néanmoins, les prix encore élevés comparativement au conventionnel en font des produits destinés à une population aisée.

Des défis à relever

La Turquie dispose d’atouts indéniables pour le développement de la production bio : de bonnes terres agricoles, un climat favorable, la proximité avec l’Europe de l’Ouest, l’orientation à l’exportation, l’harmonisation de sa réglementation avec celle de l’Union Européenne, et maintenant l’émergence d‘un marché domestique. Néanmoins, elle doit faire face à certains défis comme l’atomisation des exploitations agricoles (la surface moyenne des exploitations agricoles turques, bio et conventionnelles, est de 6 ha contre 13 ha en Europe de l’Ouest), le manque de savoir-faire au niveau des petits producteurs, une sensibilisation insuffisante du consommateur aux produits bio, des dysfonctionnements dans la traçabilité, avec notamment l’intervention d’intermédiaires qui opacifient la chaîne d’approvisionnement (dans la noisette notamment).

Mais il n’en demeure pas moins que la Turquie fait partie des «grands» pays émergents sur la planisphère du bio.

Bettina Balmer
Mobile: + 33 6 69 53 44 84
bettina.balmer@biolineaires.com

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