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USA : la Californie rejette l'étiquetage obligatoire des OGM

Il était question que la Californie, instaure une loi rendant l’étiquetage des produits alimentaires contenant des OGM, obligatoire. Aux dires des observateurs, cela aurait eu une incidence sur l’Amérique toute entière. Des associations de défense des consommateurs et de lutte contre les OGM, se sont battues pour que les grands groupes agro-alimentaires qui ont racheté des marques bio, ne puissent mettre des millions de dollars dans une campagne afin de contrer l’initiative californienne. Le 6 novembre dernier, par voie référendaire, le non à la proposition 37 l’a emporté.

Aux États-Unis, il ne reste plus qu’une poignée de producteurs bio importants, une douzaine tout au plus, dont l’entreprise soit aux mains de son fondateur, ou qui soient encore indépendants. La majorité d’entre eux a été rachetée au fil du temps par de grands groupes agro-alimentaires ou les géants de la fabrication de boissons. Le consommateur ne sait pas que Coca-Cola (Honest Tea, Odwalla), Dean Foods (Horizon, Silk), Kelloggs (Kashi, Bear Naked, Morningstar Farms) et consorts sont concernées car il ignore qui se cache derrière les marques de produits bio et naturels. (Photo : il n’existe quasiment plus d’entreprises bio indépendantes aux USA) 

L’OCA, une puissante association de défense des consommateurs bio (175
000 fans surFacebook) et d’autres, sont montées au créneau pour attaquer ces grands groupes. Ces derniers auraient investi environ 25 millions de dollars pour contrer la „Prop 37“ et éviter que l’étiquetage obligatoire en Californie ne voit le jour. Si l’on regarde la liste des entreprises et les fonds qu’elles ont levés, on se rend compte que la différence entre les tenants des OGM et leurs détracteurs, est énorme du point de vue financier. D’un côté on a 25 millions de dollars US qui viennent de l’industrie agroalimentaire et des fabricants de boissons, de l’autre 3 millions de dollars US des quelques rares producteurs bio ou fabricants de cosmétiques bio et naturels indépendants. (Photo : La liste cite les bonnes et les mauvaises entreprises bio)
L’OCA a appelé à boycotter les entreprises qui ont versé d’importantes sommes d’argent. L’autre raison du boycott, c’était que les producteurs bio offrent en parallèle à leurs produits certifiés bio, de la marchandise „all natural“, mais qui contient des ingrédients génétiquement modifiés, sans toutefois en faire état. Des dons compris entre 350 000 et 1,7 millions de dollars US ont été versés par des grands groupes agroalimentaires et fabricants de boissons. Tout en haut de la liste il y avait l’ennemi n°1 de la filière bio, le géant des semences OGMMontsanto avec plus de 4,2 millions de dollars US. L’OCA avait adressé en même temps une pétition à la première dame des États-Unis, Michelle Obama, pour qu’elle rappelle à son mari, le Président, sa promesse de campagne. Durant sa course à l’élection présidentielle en 2007, Barack Obama avait promis lorsqu’il était en Iowa, qu’il y aurait un étiquetage obligatoire : “Nous allons dire aux gens si leur alimentation contient des OGM ou pas, car les Américains doivent savoir ce qu’ils achètent„ (We’ll let folks know whether their food has been genetically modified, because Americans should know what they’re buying).
Le portail internet Newhope 360 crée par Penton Media Inc.a pris la défense des producteurs bio qui ont été mis à l’index et déclare „Organic companies are not the enemy“ (les entreprises bio ne sont pas l’ennemi). C’est ainsi que SilkSoja Milk (appartient au groupe agroalimentaire Dean Foods) est devenue le principal sponsor de la région Boulder (Colorado) pour des terres sans OGM. Avec Horizon Dairy, la plus grosse laiterie américaine bio (aussi dans le giron de Dean Foods), Silk, s’est engagée à soutenir la campagne nationale „Just-Label It“. Celle-ci avait lancé une pétition en faveur de l’étiquetage des produits contenant des OGM à l’automne 2011 et l’avait adressée aux plus hautes autorités de l’État, la FDA. Environ 1,2 millions de commentaires avaient été envoyés par mail par les consommateurs. La preuve que la question de l’étiquetage des produits contenant des OGM, suscite des émotions.
Mark Kastel, co-fondateur et directeur de l’InstitutCornucopia dans le Wisconsin, est convaincu que les consommateurs finiront par opter pour les produits sans OGM, lorsqu’ils en auront le choix. Il est cité dans un article écrit par Ronnie Cummins, directeur de l’OCA : „ L’industrie agroalimentaire a parfaitement conscience de ce qui se passe, c’est pourquoi elle se bat comme le diable contre les efforts (en faveur d’un étiquetage obligatoire NDE) déployés par les militants“. L’initiative californienne n’a pas manqué d’attirer tous les regards et pour cause, c’est l’un des états américains les plus prospères et la huitième puissance économique mondiale.
L’étiquetage obligatoire des produits alimentaires contenant des OGM aurait eu un impact dans tout le pays. Les gros producteurs qui s’opposaient à l’étiquetage, avaient déjà déclaré que si celui-ci devenait obligatoire en Californie, les autres États d’Amérique tout comme le Canada, ne pourraient pas éluder la question de leurs produits contenant des OGM. Pour Mark Kastel, il était évident que les entreprises basculeraient à long terme vers des ingrédients non OGM, pour ne pas porter atteinte à leur image.
Ce sont les consommateurs qui finiront par déterminer ce qu’ils mettent dans leur panier, a déclaré Charlotte Vallaeys, une collaboratrice de l’Institut Cornucopia. Mais ils n’ont pas conscience que derrière les marques bio et „natural“ auxquelles ils font confiance, il y a justement de grands groupes qui ont dépensé des centaines de milliers de dollars pour s’opposer au référendum en Californie. Une première étape avait été franchie : plus de 800.000 signatures avaient été recueillies pour que la „Prop 37“ fasse l’objet d’un référendum le 6 novembre 2012. Un sondage avait montré que près de 70 % de la population souhaitait qu’il y ait un étiquetage obligatoire (Pepperdine poll: 69 % yes, 22 % no), a écrit l’OCA. C’était un sujet qui ressemblait au combat de David contre Goliath, les consommateurs, les agriculteurs contre les multinationales et l’industrie agroalimentaire.
Le mouvement ‘Right to know‘ part du principe que le consommateur a le droit de savoir quels ingrédients se trouvent dans l’alimentation. Il se sent légitimé dans sa démarche par des études dont les conclusions démontrent les effets négatifs des OGM sur la santé des êtres humains, des animaux, et aussi sur l’environnement. L’association de défense des consommateurs OCA, l’Institut Cornucopia et le mouvement très actif ‘Occupy Monsanto’, tout comme d’autres, ont travaillé ensemble pendant de nombreux mois pour informer les consommateurs. En Amérique, 90 % des consommateurs se disent en faveur de l’étiquetage des produits alimentaires OGM.
Prop 37 a bénéficié du soutien financier de sociétés indépendantes Nature´
Path 
(Céréales),Lundberg (Riz, céréales), Nutiva (Sucre), Dr. Bronner´s (Cosmétiques bio et naturels), Organic Valley(Laiterie) et Straus Organic (Laiterie). L’OTA (6 500 adhérents), l’association américaine du commerce biologique, a également apporté son soutien à la proposition californienne tout comme à la campagne ‘Right to Know’ , ainsi que le groupe EWG(Environmental Working Group), un groupe de chercheurs et de juristes, ainsi que d’autres. Les sondages ont longtemps donné vainqueurs les défenseurs de la proposition, mais la Californie vient de la rejeter. Il faut espérer que le combat de David contre Goliath n’en restera pas là.

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