La consommation modérée d’alcool peut présenter des avantages pour la santé mais aussi et surtout des inconvénients quand le nombre de verre se multiplie dans un repas. Et le summum après une soirée bien arrosée est d’avoir une gueule de bois le lendemain matin. Les symptômes incluent des maux de tête, de la fatigue, une soif importante, des étourdissements, des nausées et une perte d’appétit. Même si tous vos clients ne les ressentent pas de la même façon, ils sont tous d’accord pour dire qu’ils sont fortement désagréables. Mais existe-t-il des solutions naturelles pour limiter ces désagréments ?
Boire de l’alcool avec modération, ou pas du tout
La sévérité de la gueule de bois le lendemain augmente avec la quantité d’alcool consommée. Toutefois, elle varie selon les individus et nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne dans ce domaine. Quand certaines personnes en ressentent les symptômes dès 1 ou 2 verres, certains ne semblent tout simplement pas connaître ces désagréments, quel que soit le nombre de verre. Cela étant, la plupart des gens ressentent ces effets le lendemain et pour cette raison, la meilleure façon d’éviter la gueule de bois est de boire avec modération ou de s’abstenir complètement.
Mais même si la modération semble de mise, il semble parfois difficile de dire non dans certaines fêtes de famille ou entre amis.
Voici donc 5 commandements pour prévenir la gueule de bois, ou tout du moins rendre les symptômes beaucoup moins sévères.
Éviter les congénères
L’éthanol est le principal ingrédient actif présent dans les boissons alcoolisées et est produit par fermentation du sucre par des levures. Toutefois ce n’est pas le seul responsable et des produits secondaires toxiques, appelés congénères, sont également formés en petites quantités : le méthanol, l’isopentanol et l’acétone.
Les boissons alcoolisées contenant des quantités élevées de congénères semblent augmenter la fréquence et l’intensité de la gueule de bois, par rapport aux autres boissons alcoolisées qui en contiennent de plus faibles quantités.
Les boissons riches en congénères sont le whisky (notamment le bourbon), le cognac, la tequila et celles qui en contiennent le moins sont les boissons plus claires comme la vodka, le gin et le rhum blanc.
Plusieurs études ont d’ailleurs comparé les effets de la vodka (faible en congénères) à ceux du whisky (riche en congénères). La fréquence et l’intensité de la gueule de bois se sont révélés être plus importantes après la consommation de whisky que de vodka.
Un conseil étrange… reprendre un verre d’alcool le matin !
Traiter une gueule de bois en prenant une autre boisson alcoolisée semble paradoxal. Pourtant, il existe une célèbre expression dans ces cas-là : « rallumer la chaudière ».
Mais la science pourrait-elle l’expliquer ?
Boire un verre d’alcool, et donc de l’éthanol, affecterait le métabolisme du méthanol. Ce dernier est converti en formaldéhyde, une substance hautement toxique qui semble être en partie responsable de nombreux symptômes de la gueule de bois.
Cependant, la consommation d’éthanol (alcool) le matin, pourrait inhiber cette conversion du méthanol en formaldéhyde. Le méthanol pourrait ainsi être évacué du corps, sans danger, par le souffle et l’urine.
Cela étant, il est quand même fortement déconseillé de consommer une autre boisson alcoolisée le matin comme remède contre la gueule de bois, sous peine d’avoir sérieusement à la longue un vrai problème d’alcoolisme.
Boire beaucoup d’eau
L’alcool a une action diurétique et fait donc perdre plus d’eau que l’on en avale. Pour cette raison, il peut contribuer à la déshydratation. Bien qu’elle ne soit pas considérée comme la principale cause de la gueule de bois, elle peut participer à des symptômes comme la soif, les maux de tête, la fatigue et la bouche sèche.
Heureusement, la déshydratation est très facile à éviter. Ainsi, une bonne façon de réduire ces symptômes désagréables est de boire un verre d’eau entre chaque verre d’alcool et de boire encore un grand verre d’eau avant d’aller se coucher. Bien sûr, cela n’autorise absolument pas la consommation à outrance de boissons alcoolisées !
Votre astuce en plus : Eviter l’association d’alcool et de boissons sucrées (jus de fruits, sodas, Energy drinks, crème de fruits) car elles masquent le goût de l’alcool et poussent à boire plus.
Dormir suffisamment
L’alcool peut interférer avec le sommeil, et peut nuire à la fois à sa qualité et à sa durée. Même si un mauvais sommeil n’a pas beaucoup à voir avec la plupart des symptômes de la gueule de bois, il peut contribuer à la fatigue et à l’irritabilité souvent associées. Dormir suffisamment après une soirée arrosée peut donc aider l’organisme à mieux récupérer.
Faire un bon petit déjeuner le lendemain
La gueule de bois est parfois associée à un faible niveau de glucose dans le sang, c’est à dire à une hypoglycémie, d’autant plus chez vos clients qui présentent déjà un déséquilibre glycémique.
Bien que l’hypoglycémie ne soit pas une cause majeure de la gueule de bois, elle peut contribuer à certains des symptômes comme la faiblesse et les maux de tête.
Conseiller de prendre un bon petit déjeuner, ou une légère collation apportant des glucides à IG bas en fin de nuit, permettrait donc non seulement de fournir les nutriments essentiels mais aussi de maintenir une glycémie stable et d’atténuer ainsi certains des symptômes.
Votre conseil : recommandez le matin au réveil un verre d’eau à température ambiante ou tiède avec un demi-citron pressé et du miel ou du sirop d’agave.
Miser sur les bons compléments alimentaires
Les chercheurs pensent que de nombreux symptômes de la gueule de bois sont reliés à une inflammation de bas grade puisque la prise de certains médicaments anti-inflammatoires s’est révélée être très efficace. Ainsi, des compléments anti-inflammatoires naturels pourraient être conseillés dans ce contexte.
Les recherches dans ce domaine indiquent que la prise de ginseng rouge 1ou de Nopal (Opuntia ficus indica – un cactus originaire du Mexique) 5 heures avant de boire de l’alcool pourrait réduire la sévérité de la gueule de bois de 62% 2.
Il est aussi probable, mais non documenté scientifiquement, que la prise de Boswellia serrata ou de S-adénosyl-méthionine sur le long cours puisse diminuer les symptômes en limitant l’inflammation.
Il est aussi essentiel de prendre des compléments alimentaires ciblés pour augmenter les capacités de détoxication du foie :
- La vitamine C car elle joue un rôle primordial lors de la première phase de détoxication du foie (phase d’hydroxylation) en activant des enzymes spécifiques (cytochromes P450). De plus, elle limite l’attaque radicalaire à ce niveau grâce à son fort pouvoir antioxydant.
Votre conseil : de 3 à 6 grammes, si possible sous forme Retard (Action prolongée) et avec des flavonoïdes pour augmenter son efficacité, à raison d’1g toutes les heures à partir du milieu d’après-midi par exemple.
- Le Chrysanthellum americanum, une plante originaire d’Amérique et d’Afrique, car elle est riche en flavonoïdes hépatoprotecteurs, antioxydants et capables de faciliter la dégradation de l’alcool.
Votre conseil : 1 à 2 g à prendre avant le repas.
- L’acide alpha-lipoïque (acide thioctique), extrait des crucifères qui est souvent qualifié d’antioxydant universel puisqu’il est capable d’agir aussi bien dans les milieux aqueux que lipidiques. Il recycle les substances utilisées lors de la 1ère phase (vitamine C) et de la 2ème phase (L-glutathion) de détoxication du foie.
Votre conseil : 200 à 400 mg à prendre avant le repas.
- La N-acétyl cystéine (NAC ou acétylcystéine), est un dérivé de l’acide aminé soufré L-cystéine. Couramment employée en pneumologie et en ophtalmologie, elle peut être conseillée dans ce cas car elle augmente le taux de L-glutathion. Elle soutient donc la détox hépatique et tout comme l’acide alpha-lipoïque, diminue la toxicité de l’acétaldéhyde, un sous-produit de dégradation de l’éthanol qui serait 30 fois plus toxique que l’alcool lui-même (il favorise la production de radicaux libres, induit la glycation des protéines et fait chuter la production de glutathion).
Votre conseil : 600 à 1800 mg avant ou pendant le repas.
- Le L-glutathion, qui est donc le principal antioxydant intracellulaire et détoxicant hépatique car il rend les toxiques solubles et donc facilement éliminables.
Votre conseil : 100 mg à prendre en sublingual avant le repas.
Si malgré tous ces conseils, vos clients ont toujours autant de symptômes, peut-être devriez-vous les orienter vers des compléments de l’après-fête pour soulager durablement leurs émonctoires (Voir article dans ce numéro page 109), et ce, à chaque changement de saison.
Angélique Houlbert
Nutritionniste
1) Lee MH1, Kwak JH, Jeon G, Lee JW, Seo JH, Lee HS, Lee JH. Red ginseng relieves the effects of alcohol consumption and hangover symptoms in healthy men: a randomized crossover study. Food Funct. 2014 Mar;5(3):528-34. doi: 10.1039/c3fo60481k.
2) Wiese J1, McPherson S, Odden MC, Shlipak MG Effect of Opuntia ficus indica on symptoms of the alcohol hangover. Arch Intern Med. 2004 Jun 28;164(12):1334-40.