Les probiotiques sont désormais incontournables dans vos conseils basiques et nous souhaitons rappeler ici non seulement leur importance mais également leur spectre d’action qui s’étend beaucoup plus largement que la simple sphère intestinale.
Qu’est-ce que la flore intestinale ?
L’appareil gastro-intestinal est un écosystème complexe dans lequel il existe un équilibre au sein de la fl ore microbienne intestinale.
Le terme de « fl ore intestinale » est assez impropre. Comme les bactéries étaient avant classées parmi les plantes, c’est tout naturellement qu’on nomma cette colonisation par le terme « fl ore ». Cependant, la communauté scientifi que l’a depuis rebaptisée et on peut désormais utiliser le terme de « microbiote intestinal ».
Ce microbiote intervient dans :
● La digestion des aliments non encore transformés,
● La synthèse des vitamines B et K,
● La digestibilité des protéines du lait,
● La dégradation d’une partie du cholestérol,
● L’augmentation de l’acidité de l’intestin, empêchant ainsi le développement de nombreux germes,
● L’assimilation de certaines vitamines et en particulier B8, B5 et B12,
● La transformation de certains médicaments pour les rendre fonctionnels,
● La maturation du système immunitaire,
● Le renforcement de la fonction de barrière de la muqueuse intestinale en évitant que les micro-organismes pathogènes ne s’accrochent et que les allergènes ne passent cette barrière.
Une altération de ce microbiote intestinal, avec entre autre l’utilisation d’antibiotiques, mais également l’apparition de maladies, le stress, une alimentation inadaptée ou la vieillesse, peuvent aff ecter et diminuer les rôles de cette flore.
Que sont les probiotiques ?
Littéralement, le terme probiotique signifi e : « qui favorise la vie », par opposition à antibiotique, « anti= contre et bio = la vie».
La défi nition offi cielle de la FAO (Food Agriculture Organization) est la suivante : « Un probiotique est un micro-organisme vivant qui, lorsqu’il est consommé en quantité adéquate, produit un bénéfi ce pour la santé de l’hôte ». Cette défi nition a été reprise par l’Afssa dans son rapport sur les « Eff ets des probiotiques et des prébiotiques sur la fl ore et l’immunité de l’homme adulte ».
Les probiotiques sont donc des micro-organismes vivants. On recense environ 100 000 milliards de bactéries intestinales, réparties en 500 espèces diff érentes, regroupées sous trois classes :
● La LEVURE DE BIERE VIVANTE (saccharomyces boulardii ou cerevisiae),
● Les BACTERIES PROPIONIQUES (Propionibactéries),
● Les BACTERIES LACTIQUES qui servent à la production des yaourts, de la choucroute et des légumes lacto-fermentés et qui peuvent se diviser en plusieurs sous-classes :
◗ Les bifidobactéries qui constituent la majeure partie de notre fl ore intestinale, et ce seulement quelques jours après la naissance, car les nouveaux-nés qui ont un allaitement maternel en sont déjà colonisés. Les souches les plus fréquentes sont : Bifi dobacterium adolescentis, bifi dum, animalis, thermophilum, breve, longum, infantis et lactis.
◗ Les lactobacilles dont les plus couramment utilisés sont : Lactobacillus acidophilus, brevis, bulgaricus, casei, cellobiosus, crispatus, curvatus, fermentum, gasseri, johnsonii, plantarum, salivarus, reuteri, delbrueckii, paracasei.
◗ Les lactocoques, et surtout le Lactococcus lactis qui se retrouve dans les produits laitiers et est généralement responsable de l’acidifi cation du lait.
◗ Les streptocoques, surtout Streptococcus thermophilus, qui se retrouve dans le lait et les produits laitiers et sert en particulier à la production du yaourt.
Quelles sont les sources alimentaires de probiotiques ?
Ils sont surtout présents dans les yaourts et les produits laitiers fermentés. Toutefois, ils ne renferment pas tous la même quantité de bactéries.
Plus le yaourt est frais et moins il est acide et donc plus il contient de bactéries. Selon certains experts européens, pour bénéfi cier de toutes les vertus du yaourt, il devrait contenir : au moins 10 millions de bactéries par gramme. Si les yaourts sont pasteurisés ou s’ils ont été stabilisés comme c’est le cas pour de nombreux yaourts aux fruits brassés, la teneur en bactéries actives est quasiment nulle.
Ils sont également retrouvés dans le kéfi r, le koumiss (koumys), le lait Ribot, la choucroute, la bière de garde, l’hydromel, le jus d’avoine, certains aliments dérivés du soja (miso, tempeh, tamari, shoyou, natto) et certaines boissons à base de plantes (frênette, ortillette) ou à base de champignons (kombucha).
Quels sont leurs principales propriétés ?
Action antimicrobienne
Elle serait due à leur capacité à coloniser le colon et à renforcer la fonction de barrière de la muqueuse intestinale. Plus les probiotiques adhèrent à la paroi intestinale et plus ils sont effi caces pour contrer les microbes pathogènes. Certains probiotiques sont en outre capables de sécréter des substances antibiotiques, connues sous le nom de bactériocines.
Prévention ou traitement de la diarrhée
Saccharomyces boulardii possède une activité anti-diarrhéique surtout vis-à-vis des diarrhées induites par la prise d’antibiotiques. En eff et, cette souche qui sécrète une protéase capable de digérer deux protéines exotoxiques induites par Clostridium diffi cile, semble diminuer la diarrhée et l’infl ammation du colon.
Effets immuno-modulateurs
Certaines souches (Lactobacillus casei et GG) permettent d’augmenter les IgA circulantes et diminuent ainsi la durée des diarrhées associées. D’autres comme Lactobacillus acidophilus et Bifi dobacterium bifi dum semblent augmenter la réponse immunitaire non spécifi que des granulocytes circulants.
Effets antiallergiques
Les antigènes alimentaires peuvent induire une réponse immunoinfl ammatoire qui altère la fonction de barrière de l’intestin, ayant pour conséquence l’absorption anormale d’antigènes présents dans la lumière intestinale. Ce phénomène peut expliquer, en partie, les allergies alimentaires.
Les probiotiques qui colonisent le colon peuvent être utiles dans ce cas pour renforcer cette fonction de barrière.
Les souches Lactobacillus rhamnosus GG et bifi dobactérium lactis Bb12 diminuent signifi cativement les plaques d’eczéma chez les enfants souff rant d’allergies alimentaires.
Vertus antioxydantes
In vitro, Lactobacillus GG est capable d’éliminer les radicaux superoxide, d’empêcher la peroxydation des lipides et d’emprisonner le fer. D’autres bactéries lactiques, comme Lactobacillus acidophilus, Lactobacillus bulgaricus, bifi dobacterium longum et Streptococcus thermophilus, ont également démontré leurs capacités antioxydantes en chélatant certains ions métalliques tels que le fer et le cuivre et en éliminant les espèces réactives à l’oxygène (ROS).
Quand et comment se manifestent les déficits en probiotiques ?
Il n’existe pas de véritable « défi cit » en probiotiques mais plutôt un mauvais équilibre entre les bactéries qui colonisent les intestins.
Divers troubles et symptômes peuvent laisser suspecter un mauvais équilibre :
● Acné, boutons
● Allergies
● Ballonnements
● Eczéma – dermatite atopique
● Fatigue inexpliquée
● Humeur morose
● Intolérances alimentaires
● Mauvaise haleine
● Maux de tête
● Mycoses intestinales et vaginales récurrentes
● Troubles digestifs divers : constipation, diarrhées, digestion lente
Quand les recommander ?
● En cas de diarrhées associées à la prise d’antibiotiques, infectieuses ou virales,
● En cas de désordres intestinaux liés à une intolérance au lactose, ou à une insuffi sance de sécrétion d’enzymes (sucrases, maltases) nécessaires à la digestion,
● Dans les syndromes infl ammatoires intestinaux (syndrome du colon irritable, rectocolite hémorragique, maladie de Crohn),
● En cas d’allergies alimentaires,
● En cas d’infections vaginales récurrentes.
Qui peut avoir besoin de suppléments de probiotiques ?
Les personnes qui peuvent trouver un intérêt à se supplémenter en probiotiques sont toutes celles pouvant présenter un dérèglement de leur microbiote pour diverses causes :
● une prise de médicaments (antibiotiques, anti-infl ammatoires),
● une maladie intestinale chronique (Crohn, rectocolite hémorragique…) ou aiguë (gastro-entérite…),
● des allergies ou intolérances alimentaires,
● des situations de stress ou des changements d’alimentation,
● des défi cits immunitaires,
● l’âge et la ménopause.
Que se passe-t-il si l’on consomme trop de probiotiques ?
Ils sont généralement bien tolérés. Toutefois, certaines réactions gastro-intestinales peuvent apparaître avec certaines souches : fl atulences, constipation.
Les suppléments
Ils contiennent diverses souches de Lactobacilles, de Bifi dobactéries et parfois même de prébiotiques. Comme certaines bactéries résistent peu à l’acidité, vous pouvez les commander sous forme gastro-résistantes ou les préconiser 15 à 20 minutes à jeun, avant le petit déjeuner. Les formes en poudre à diluer sont également à préconiser puisque sous cette forme les bactéries ne restant pas longtemps dans l’estomac, elles ont plus de chances de survivre.
Les dosages sont variables et s’étendent d’1 à 10 dix milliards unités de colonies (CFU = colony-forming units) par gramme.
Le mieux est de les conseiller en cures longues (3 mois pour une première prise) et ensuite plusieurs fois par semaine pour maintenir leurs effets sur l’environnement intestinal.
Les critères d’efficacité des meilleurs suppléments nutritionnels apportant des probiotiques sont les suivants, ils doivent :
● résister à l’acidité de l’estomac pour ne pas être détruits,
● résister à la bile,
● adhérer à la muqueuse intestinale pour augmenter le rôle de barrière,
● avoir une concentration supérieure ou égale à 3 milliards de bactéries vivantes par gramme,
● rester vivants et stables dans le temps.
Attention aux interactions…
Si vos clients prennent un traitement antibiotique, il est important d’espacer la prise de probiotiques et d’antibiotiques d’au minimum deux heures. Et de prolonger la prise de probiotiques de deux semaines après l’arrêt du traitement antibiotique.