Un produit fortement… consommé
Facile et rapide d’emploi, symbole par excellence de la séduction féminine, le rouge à lèvres est pour beaucoup de femmes un rituel quotidien incontournable. Une femme utilisatrice de rouge à lèvres en applique en moyenne plus de 2 fois par jour, et elle en ingèrerait – selon une enquête américaine – 24 mg quotidiennement, valeur grimpant même à 87 mg chez les plus grandes consommatrices.
Entourées à leur périphérie par l’épiderme de la peau du visage (partie dite « lèvres blanches »), les lèvres sont recouvertes à l’intérieur par une muqueuse non kératinisée, sans glandes sébacées mais avec des glandes salivaires. La partie pigmentée bordant l’ouverture de la bouche et faisant la jonction avec la muqueuse interne est appelée le vermillon, qui est une semi-muqueuse sèche. L’arc de cercle dessiné au-dessus de la lèvre supérieure est appelé l’arc de Cupidon. C’est sur ce vermillon ou « lèvre rouge » que l’on applique le rouge à lèvres.
Avec l’âge, la délimitation de l’arc de Cupidon devient plus floue, les lèvres perdent du relief, deviennent moins pulpeuses et plus fines, se décolorent et des stries verticales peuvent apparaître.
Sans attendre cette avancée en âge, face aux agressions du climat en particulier ainsi qu’à celles de la salive, les lèvres recouvertes d’une couche de peau très fine et non protégées par du sébum peuvent se gercer et même se crevasser. D’où les deux fonctions classiques des rouges à lèvres : d’une part embellir et (re)dessiner,et d’autre part entretenir, nourrir et soigner.
À l’instar des autres types de cosmétiques, des inquiétudes sont cependant apparus, parallèlement aux critiques de plus en plus nombreuses sur les composants cosmétiques, et notamment en raison de cette ingestion directe caractéristique des produits pour les lèvres.
Quelles bases et pourquoi ?
Les rouges à lèvres sont à la base composés d’huiles plus ou moins épaisses, pour disperser les pigments, donner du brillant et de l’onctuosité au produit, et de cires, apportant de la consistance au bâton et du fondant lors de l’application. Si avec les produits de cosmétique naturelle/bio certifiée ce type d’ingrédient ne pose bien sûr aucun souci (huiles de ricin, de jojoba ou d’amande, beurre de karité, cires d’abeille ou de candelilla…) et surtout nourrit réellement la peau des lèvres, c’est loin d’être le cas avec les rouges conventionnels. Ceux-ci sont en effet basés sur des silicones, des huiles minérales et autres dérivés pétroliers, comme l’ozokérite, la cérésine ou les cires micro-cristallines. Avec un double problème… D’une part ces huiles minérales et silicones n’ont aucune affinité biologique avec la peau, contrairement à leurs équivalents végétaux.
Conséquence : ils agissent surtout comme un film déposé sur la peau, dont ils empêchent la perte de déshydratation. Mais la peau n’est pas nourrie, elle s’habitue à ce manteau protecteur artifi ciel, créant un besoin permanent : dès que les lèvres ne sont plus recouvertes, elles se sentent sèches et on est obligé de remettre du produit. C’est un phénomène assez généralisé bien connu, considéré par certains comme une véritable « dépendance » (avec les sticks à lèvres en particulier).
D’autre part, et même si ces composants synthétiques ne sont pas toxiques en tant que tels, leur ingestion progressive par la voie digestive n’est pas sans risque. L’OMS a ainsi démontré qu’ils pouvaient entre autres s’accumuler dans le foie et être donc source de problèmes de santé.
Chose inimaginable avec la cosmétique certifiée qui refuse les ingrédients issus d’animaux morts, l’huile de requin fait également partie des bases encore utilisées entre autres dans les rouges à lèvres, participant ainsi à la disparition de cet animal indispensable à la chaîne alimentaire marine.
Cette huile figure dans la liste INCI sous la forme « squalane », ce qui la rend difficile à distinguer du squalane issu d’huile d’olive. Une étude réalisée en 2014 par l’association Bloom, qui se consacre à la protection des mers, a montré que si ce sont surtout des marques asiatiques qui utilisent dans leurs cosmétiques du squalane de requin, cela peut également être le cas avec des entreprises occidentales. En l’absence de certification (qui interdit la présence de squalane de requin), la prudence s’impose donc.
Les pigments
Les rouges à lèvres contiennent par ailleurs, bien sûr, des colorants. Pour la cosmétique certifiée, ceux-ci ne sont normalement pas une cause de préoccupation, car ce sont en général des colorants alimentaires et/ou minéraux, comme les oxydes de fer.
Du côté des produits conventionnels par contre, les pigments peuvent contenir des composants préoccupants, comme des métaux lourds en dose élevée ou des colorants azoïques (risque allergique voire cancérigène), avec au final une exposition excessive à ces composants à risque.
En 2011, la Food and Drug Administration américaine a ainsi décelé du plomb dans 400 rouges à lèvres présents sur le marché, toutes les marques très connues étant concernées. De leur côté, des chercheurs de l’Université de Californie à Berkeley ont analysé en 2013 32 rouges à lèvres et gloss, dans lesquels 9 métaux lourds ont été trouvés, dont le plomb (dans 75 % des échantillons), le cadmium, le chrome et l’aluminium. Des composants potentiellement cancérigènes ou neurotoxiques.
Pour ajouter de la « protection » (!), certains rouges à lèvres conventionnels contiennent également des filtres solaires, en particulier chimiques, comme l’éthylhexyl-méthoxycinnamate, un perturbateur endocrinien notoire. Un ingrédient préoccupant, bien entendu absent des produits certifiés, et dont l’intérêt réel est malgré tout relatif.
Outre des vitamines C et E, des parfums (qui peuvent être synthétiques en conventionnel), dans un autre genre de protection – celle de la formule – quelques rouges à lèvres (ou crayons à lèvres) contiennent parfois des conservateurs… Des agents anti-microbiens dont la présence ne se justifie pas, vu que ces produits sans eau ne présentent normalement pas de risque de prolifération microbienne !
Les rouges à lèvres bio : « le » produit pour convaincre
« La longue tenue » fait partie aujourd’hui des arguments marketing mis en avant pour les rouges à lèvres. En comparant les rouges conventionnels et les rouges certifiés, il faut admettre que ces derniers tiennent effectivement moins longtemps. Il faut cependant rappeler que la « longue tenue » n’est justement obtenue qu’avec l’utilisation de composés synthétiques (dérivés de silicones par exemple), avec tous les inconvénients rappelés plus haut. S’il faut remettre un peu plus souvent de rouge avec les produits certifiés, les réels bénéfices de ces derniers pour le soin des lèvres, la santé et l’organisme sont incontestables et flagrants.
Idem pour la palette des couleurs disponibles : elle est moins large que celle des produits conventionnels ? Oui, peut-être, mais leurs colorants sont au-dessus de tout soupçon en terme de risque allergique ou cancérigène. Au final, les rouges à lèvres certifiés sont quasiment des produits « comestibles », qui respectent la santé et l’environnement, ce qui est bien loin d’être le cas de leurs équivalents conventionnels.
À l’instar de l’ensemble du maquillage bio, la qualité des rouges à lèvres certifiés est cependant de plus en plus élevée : en Allemagne, toutes les marques réputées de maquillage certifié montrent cet aboutissement qualitatif au travers de collaborations entamées avec des designers de mode ou des maquilleurs professionnels de haut niveau.
Et en France, même si ce type de partenariat ne se pratique pas (encore) officiellement, les maquilleurs et visagistes professionnels qui travaillent avec du maquillage bio sont de plus en plus nombreux, sans parler des esthéticiennes bien sûr, qui constatent au quotidien une tolérance bien plus élevée aux produits bio, grâce à leurs qualités soignantes et apaisantes, avec des textures très agréables. Le rouge à lèvre bio est aujourd’hui, sans le moindre doute, un concentré des arguments positifs en faveur de la cosmétique certifiée, arguments qui ne peuvent qu’interpeller les utilisatrices, en raison de l’usage fréquent et particulier (ingestion directe !) de ce produit.
Maquillage des lèvres, mode d’emploi
Une fois choisi un rouge à lèvres de qualité… donc certifié, certaines règles sont à rappeler aux utilisatrices pour sublimer son emploi. La première est que plus les lèvres seront lisses et bien hydratées, plus elles seront jolies une fois maquillées et plus le rouge tiendra. Si nécessaire, on fera donc régulièrement un gommage délicat, soit avec un produit du commerce adapté, soit avec un exfoliant 100 % naturel « fait maison » très simple, dont on trouvera des recettes sur Internet. Pour l’hydratation, pour renforcer l’action hydratante (nourrissante) des rouges certifiés, on utilisera régulièrement (surtout quand la saison ou l’environnement l’impose) un baume hydratant, exempt bien sûr du moindre ingrédient pétrolier ou à base de silicone, pour éviter tout effet «d’addiction ».
Le choix de la teinte de rouge à lèvres, à l’instar de ce qui est à faire pour le teint ou les yeux, sera fait en fonction de la forme des lèvres, de la carnation (teint, couleur des yeux, etc.) et donc du reste du maquillage. Parmi les règles à respecter : si le maquillage des yeux est soutenu, celui des lèvres doit être discret, et inversement.
Pour des lèvres fines par exemple, on évitera les teintes foncées, pour privilégier les couleurs nacrées et lumineuses. Un gloss brillant, alternative ou complément au rouge stricto sensu, fera également l’affaire. Pour des lèvres charnues, il faut préférer un rouge à lèvres mat. Ou encore : pour le jour, tenir compte de la couleur naturelle des lèvres pour choisir celle du bâton. Et cette astuce : un léger voile de poudre libre avant le rouge en améliorera l’adhésion. Inutile de détailler cela ici plus avant : Internet regorge de conseils pour le choix de la couleur et de tutoriels faciles à mettre en oeuvre…
L’usage préalable d’un crayon à lèvres sera toujours un plus, car il empêche à la fois le rouge à lèvres de « filer » au-delà des lèvres et permet de rectifier les lèvres qui en ont besoin (trop fines, irrégulières…), en redessinant leur contour.
À choisir bien sûr toujours de la même teinte que le bâton de rouge et en dessinant d’abord le centre de la lèvre, puis les commissures, en joignant finalement le tout, d’abord sur la lèvre supérieure puis sur la lèvre inférieure. Ceci fait, on appliquera le rouge à l’intérieur de la limite tracée, avec le bâton, ou avec un pinceau qui permet une meilleure précision. Ne pas oublier de pincer un mouchoir en papier avec la bouche fermée pour retirer l’excédent éventuel de rouge. En quelques gestes rapides, le rouge à lèvres aura rempli sa mission, pour une journée en beauté et des lèvres bien protégées.