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1965 la bio s’organise et se protège

 

 

Page programme visites de culture 1965 d’Agriculture et Vie

 

Ces deux évènements qui ont permis à l’Agriculture Biologique de s’affirmer et de se positionner dans le paysage agricole français ne doivent néanmoins pas en occulter d’autres et non des moindres, comme
● la naissance de l’Association «Nature et Progrès» qui, quelques années plus tard, devait avoir un rôle majeur dans le long cheminement de la bio vers sa reconnaissance.
● la parution d’un article qui « secoue le monde de l’élevage » comme le rapporte l’Association des pionniers de l’agriculture biologique » dans l’historique qu’elle a publié. Il est repris dans le mensuel n°10 « Agriculture et Vie » de Décembre sous le titre : « L’animal fait la preuve que les engrais sont nocifs ». L’auteur en est le Dr vétérinaire Quiquandon qui devait rejoindre quelques années plus tard, en 1969, l’équipe Lemaire. Les ravages causés à l’époque par la fièvre aphteuse et la tuberculose expliquent le grand retentissement de cet article auprès des éleveurs : y étaient dénoncées scientifiquement les causes des maladies frappant leur cheptel… 2400 porcs abattus dans une même porcherie à Miramont-de-Guyenne, par exemple… cela donne une idée de la situation catastrophique d’alors de l’élevage français.
● la découverte des « transmutations biologiques » dans les ouvrages du professeur C. Louis Kervran. Celles-ci sont fortement contestées par une partie du monde scientifique, bien que leurs effets se vérifient sur le terrain. Elles apportent une explication scientifique aux résultats observés sur le terrain par l’emploi du lithothamne dans le cadre de la méthode Lemaire-Boucher.

1965: développement et protection de l’agriculture biologique

L’année 1965 allait davantage s’inscrire dans le confortement des acquis obtenus les années précédentes en agriculture biologique, d’autant que les tenants de l’agriculture chimique conventionnelle se montraient de plus en plus agressifs. Le renforcement du nombre des agriculteurs pratiquant l’agriculture biologique devenait une nécessité, de même d’ailleurs que leur regroupement au sein de structures professionnelles pour assurer leur défense face à l’incrédulité sinon à l’hostilité de leur entourage. C’est ce à quoi s’employa essentiellement l’équipe Lemaire pendant cette année tout en améliorant son service technique auprès des agriculteurs et en posant les bases d’une commercialisation à valeur ajoutée des productions biologiques d’ores et déjà récoltées un peu partout en France. Le pain biologique Lemaire est déjà fabriqué par plusieurs boulangers en France à partir de farines de meule issues des récoltes de blés des premiers producteurs agrobiologistes.

Pour atteindre ces objectifs, des visites de cultures biologiques ont été programmées dans toutes les régions françaises et même en Suisse. Les comptes rendus qui en sont donnés dans les n° 16 et 17 du journal « Agriculture et Vie » (Juillet/Septembre 1965) témoignent tous de leur très grande fréquentation, de la qualité de leurs visiteurs et du savoir professionnel et de la disponibilité des agrobiologistes chez qui elles avaient été organisées et auxquels la Bio d’aujourd’hui se doit de rendre un hommage particulier. Elles réunirent près de 15000 visiteurs de fin mai à Septembre sur une petite centaine de sites. Concernant la défense des valeurs de l’Agriculture Biologique contre les attaques incessantes dont elles faisaient régulièrement l’objet, le journal « Agriculture et Vie » de Janvier 1965 publie l’appel lancé à ses collègues par un agriculteur-éleveur d’Ille et Vilaine en bio sur sa ferme de 37 hectares où il avait déjà reçu plus de 1100 visiteurs : il les invite à se regrouper dans un syndicat d’agriculture biologique « car nous sommes dispersés à travers la France, tous tenus aux travaux des champs et de la ferme, et nous n’avons guère le temps de nous occuper de nos propres intérêts… nous ne représenterons aucune force aussi longtemps que nous nous laisserons organiser par des gouvernements anti-agricoles, ennemis de l’agriculture telle que nous la concevons… Tous groupés dans un même syndicat, nous saurons faire valoir nos droits ». Son appel est entendu et lors d’une réunion le 20 avril à Chateaubriant, une centaine d’agriculteurs décident la création de leurs syndicats départementaux lesquels se fédéreront ensuite pour créer une force à travers tous le pays. Parmi les objectifs fixés :
● la défense de nos libertés : tout agriculteur est libre de choisir l’agriculture chimique, mais chacun doit rester libre de pratiquer l’agriculture biologique. Ensemble, nous devons nous opposer à toute pression extérieure qui aurait pour but de nous obliger de revenir à la culture chimique ou à des pratiques incompatibles, telles que vaccinations obligatoires, traitements des vignes obligatoires, etc..
● défense des prix agricoles et reconnaissance de la valeur des produits de qualité. Refus de toutes subventions pour lesquelles justement on fausse le problème des prix et on porte atteinte à notre dignité
● étude et mise sur pied des moyens de commercialiser les produits biologiques en toute indépendance Quatre bureaux provisoires étaient constitués à la fin de la réunion : MM. Joseph Racineux d’Ille et Vilaine, Alphonse Bouteiller de Loire-Atlantique, Auguste Romagné de la Mayenne et Armand Bozec des Côtes du Nord, responsables de ces 4 bureaux demandaient à « Agriculture et Vie » de leur servir de relais et de support dans leur démarche pour l’installation de syndicats de Défense de l’Agriculture Biologique dans les autres départements.
Jean-François Lemaire

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