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Bio « low-cost » contre bio traditionnelle

L’expression « bio low-cost » a été popularisée par une émission sur France 5 qui visait les dérives du bio en prenant comme exemple la production intensive de fruits et légumes hors saison et sous serre, à Almeria, et l’utilisation de nitrites dans le jambon bio. Dans les deux cas, il s’agit de productions qui respectent le cahier des charges, ce qui met en évidence ses lacunes. Dans la pratique, lorsqu’on parle de bio low-cost, on pense souvent à celui distribué dans les grandes surfaces. Mais le vrai débat est ailleurs : il est entre la bio paysanne, issue d’exploitations à taille humaine et diversifiées, et la bio dite «  industrielle », souvent issue de grandes exploitations spécialisées dans une ou deux productions et mondialisée.

Bio paysanne contre bio industrielle

Les produits de la bio industrielle sont-ils vraiment bio ? Oui, si l’on s’en tient à la définition règlementaire, c’est-à-dire le respect du cahier des charges. Pas vraiment, si l’on considère qu’un produit bio devrait aller au-delà, c’est-à-dire intégrer des critères sociaux et environnementaux, absents du cahier des charges. Pour le consommateur, faire la différence entre les deux bio – la paysanne et l’industrielle – est difficile puisqu’elles bénéficient de la même garantie, le label AB ou l’Eurofeuille. Pour les distinguer, deux moyens : les labels privés qui ajoutent des contraintes supplémentaires à celles du cahier des charges européen (Nature et Progrès, Bio Cohérence, Demeter), et la vente directe ou de proximité.
La bio industrielle est surtout présente dans la grande distribution, ce qui ne veut pas dire que tous les produits bio que l’on y trouve sont issus de cette agriculture, et qu’on ne trouve dans les magasins bio que des produits de l’agriculture paysanne.

Bio paysanne, bio industrielle et qualité des produits

Les produits de la bio paysanne sont-ils meilleurs que ceux de la bio industrielle ? Curieusement, on dispose de très peu de données sur cette question. En matière de résidus de pesticides, il n’y a probablement aucune différence significative, les contrôles étant sans doute aussi rigoureux pour les produits des supermarchés que pour ceux vendus dans les magasins bio. Pour une raison très simple : si, à l’occasion d’analyses comparatives entre bio de magasins spécialisés et bio de grandes surfaces, on trouvait davantage de résidus dans ces dernières, cela ruinerait durablement leur réputation.

En matière de qualité gustative et nutritionnelle, il y a au moins deux différences incontestables :
1) Pour les fruits et légumes, le temps passé entre la récolte et l’arrivée sur le point de vente est en général plus court avec la production paysanne, souvent de proximité, qu’avec l’industrielle, d’origine plus lointaine, d’où, pour les fruits, une cueillette presque toujours avant maturité complète et, pour les légumes, des pertes en vitamines plus importantes (à la température ambiante, une salade peut perdre jusqu’à 50% de sa vitamine C en une journée).
2) Pour les œufs, les bio devraient normalement contenir davantage d’oméga 3 que les conventionnels, les poules ayant accès à un parcours théoriquement enherbé. Or, la majorité des études comparatives a conclu à une absence de différences significatives pour ce critère, entre œufs bio en conventionnels.
On trouve la réponse à cette anomalie dans une étude réalisée en Italie qui a montré qu’il faut que les poules disposent chacune de 10 m2 enherbés – et non de 4 m2 comme le prévoit le cahier des charges européen – pour que l’on constate une augmentation importante de la teneur des œufs en oméga 3 et en vitamines. Or, dans les grands élevages bio de pondeuses (le cahier des charges autorise 3000 poules par bâtiment, avec la possibilité de juxtaposer plusieurs bâtiments), cela suppose une très grande surface de terrain enherbé – 6 hectares pour un élevage de 6 000 pondeuses – dont les éleveurs ne disposent pas toujours.

L’agriculture bio « low-cost » – c’est à-dire industrielle – est incontestablement un progrès par rapport au conventionnel, mais elle ne répond qu’à une partie des objectifs de l’agriculture biologique. Il faut donc encourager les magasins bio à avoir le moins possible recours à ses produits.

Claude Aubert

La référence pour les professionnels de la distribution bio spécialisée et alternative

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