Fac-similé d’un des premiers emballages du Pain Lemaire, première réalisation biologique accessible à tous les
consommateurs en boulangerie.
La santé du consommateur étant leur même objectif final, on aurait pu penser qu’ils allaient faire front commun dans leur combat contre les méthodes d’exploitation intensives de l’agriculture chimique: ce ne fut pas le cas… On se souvient, en effet, que Nature et Progrès est né, entre autre, à la suite d’une divergence de vue au sein de l’AFAB concernant la Sté Lemaire. Certains membres, dont les futurs fondateurs de Nature et Progrès, lui reprochaient d’exercer une activité commerciale en vendant les fertilisants d’origine marine qu’elle avait mis au point pour sa méthode biologique et en assurant la commercialisation des productions biologiques récoltées (reprise des blés bio pour la fabrication du Pain Lemaire). Une certaine neutralité aurait pu être observée… Mais, non. Nature et Progrès qui se proposait de promouvoir toutes les méthodes d’agriculture biologique, ne manquait pas, notamment par la voix de son vice-président, de souligner à ses interlocuteurs ‘’ l’âpreté au gain’’ de la Sté Lemaire. Il dénonçait les prix élevés des fertilisants qu’elle distribuait pour l’application de la méthode Lemaire-Boucher, ignorant délibérément l’assistance technique apportée gratuitement sur le terrain par ses agents et leur prix de revient à l’utilisation particulièrement économique. Ainsi chacun de son côté et à sa façon, s’engagea dans la bataille de l’Agriculture Biologique..
Parler de culture biologique, c’est bien, c’est même très bien…
Dans son numéro de Juillet 1984 réservé à son vingtième anniversaire, Nature et Progrès indique que « les premiers membres se recrutent dans des milieux professionnels très variés que l’on peut classer en deux groupes : les « agricoles » (agriculteurs, agronomes, transformateurs de produits agricoles et autres professions liées à l’agriculture) et d’autre part ceux qui s’intéressent surtout à l’aspect alimentation et santé (médecins, professions de santé, simples consommateurs » Dans ce même numéro, sont relatées les activités de l’Association au fil des années :
1964 – Les premiers bulletins de l’Association comprennent une cinquantaine de pages réparties en 6 grands chapitres dont un sur l’agriculture et l’élevage et l’autre sur la commercialisation avec une rubrique ‘’J’achète – je vends’’. / Réunions, conférences, visites de fermes, voyage d’étude en Suisse et en Allemagne
1965 – En février, le nombre d’adhérents dépasse 500. / Première Assemblée Générale à Paris / Voyage d’étude en Hollande et en Allemagne / les conférences, réunions et expositions se multiplient notamment dans le Sud-ouest.
1966 – Assemblée Générale le 8 mai (plus de 100 personnes) précédée la veille par des visites de fermes / Voyage d’étude en Allemagne et en Alsace / La revue 4./66 annonce 924 adhérents.
1967 – Assemblée Générale à Paris précédée d’une journée de visite de fermes et suivie de plusieurs allocutions : nouveaux administrateurs : Claude Aubert, ingénieur agronome et le Dr Bas / visites de fermes biodynamiques au Danemark et en Allemagne du Nord / pose des premières bases de l’organisation
de la Mention N. et P. : Comité technique central d’agrément et de contrôle, réseau délégués régionaux, élaboration d’un cahier des charges
… mais la faire, c’est mieux, beaucoup mieux ! (Raoul Lemaire)
De son côté et en cette même période, la Sté Lemaire est sur le terrain avec des objectifs précis: amener le maximum d’agriculteurs à pratiquer la culture biologique méthode Lemaire-Boucher, rechercher la valorisation de leurs productions biologiques, organiser une première filière professionnelle d’alimentation biologique pour mettre à la disposition des consommateurs du vrai pain. Les actions entreprises par la Sté Lemaire et ses partenaires agrobiologistes sont donc nombreuses. Les visites des cultures biologiques sont déterminantes comme nos lecteurs ont pu le voir dans nos précédentes éditions qui retracent ‘’l’épopée’’ jusqu’en 1965. Pour 1966 et 1967, le mensuel ‘’Agriculture et Vie’’ qui fut un formidable support au lancement de la Bio nous en rapporte les détails :
En 1966
● appuyés par quelques experts (techniciens), 150 agents sont à l’oeuvre sur le terrain pour engager les agriculteurs à pratiquer la méthode Lemaire-Boucher
● formation de conseillers agrobiologistes par Jean Boucher, avec une nouvelle promotion en Janvier
● près de 80 boulangers en France fabriquent sous contrat qualitatif du Pain Lemaire. Ils sont suivis techniquement et contrôlés par un expert boulanger
● pour appuyer leurs actions et disposer d’une structure représentative auprès des Institutions, les producteurs en méthode Lemaire- Boucher rassemblent les syndicats départementaux qu’ils avaient constitués dans la Fédération Nationale des Syndicats de défense de la culture biologique
● André Biard, jardinier chef au château d’Angers sort ‘’Mon jardin sans engrais chimique’’. Ce livre offre un éventail de conseils pertinents : c’est la méthode Lemaire-Boucher appliquée au jardinage
En 1967
● Le Service Agronomique de la Sté Lemaire se renforce avec l’arrivée d’Antoine de Saint Henis. Il est chargé de l’assistance technique auprès des agrobiologistes et de la cohésion des travaux des experts sur le terrain
● lancement des cours d’agrobiologie par correspondance préparés par M. Pécot. (répartis sur 5 mois en 10 leçons)
● le nombre de boulangers ‘’Lemaire’’ se situe en début d’année autour de 150
● mise en place d’une organisation permettant l’approvisionnement du consommateur en produits fermiers garantis sous la marque ‘’Production de la méthode agrobiologique Lemaire-Boucher’’. Jean-François Lemaire