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DOSSIER 105 : Des aliments plus riches en nutriments

Des centaines d’études comparatives ont été réalisées depuis une trentaine d’années pour déterminer si les aliments bio sont réellement plus riches en minéraux, vitamines et autres nutriments que les conventionnels. Avec des résultats variables selon les conditions dans lesquelles les comparaisons ont été faites. De ces comparaisons ont été tirées plusieurs méta-analyses, tentant de faire la synthèse des comparaisons publiées jusque-là.

Le « plus bio » des produits végétaux 

La plus récente et la plus complète parmi des études portant sur les produits végétaux (Baransky, 2014) conclut clairement à des teneurs plus élevées des produits bio en plusieurs constituants importants :

  • Vitamine C : + 6 %
  • Caroténoïdes : + 17 %
  • Antioxydants : + 19 % à + 69 %

Les chiffres relatifs aux antioxydants sont évidemment les plus intéressants, en raison de l’importance des différences avec le conventionnel mais aussi des causes de ces différences. La majorité des antioxydants mesurés sont en effet ce qu’on appelle des « métabolites secondaires », c’est-à-dire des substances que les plantes synthétisent lorsqu’elles ont à faire face à un stress, une des causes principales de stress étant l’attaque par un ravageur ou par une maladie. Les cultures bio ayant plus souvent que les conventionnelles à faire face à ce type de stress, car moins protégées par les pesticides, il n’est pas surprenant que les plantes en bio en fabriquent davantage. Par ailleurs, des apports élevés d’azote diminuent la synthèse par les plantes de ces précieux constituants. Les plus connues de ces substances sont les polyphénols, présents dans la plupart des végétaux, mais aussi d’autres composés comme les glucosinolates dans les crucifères. La supériorité des produits bio selon ce critère n’est pas pour autant systématique, car il y a d’autres causes de stress comme, par exemple, la sècheresse ou au contraire un excès d’eau, mais elle est très majoritaire comme l’ont confirmé les dernières études publiées.

Un autre avantage nutritionnel des fruits bio est que, contrairement aux fruits conventionnels, on peut les manger sans les éplucher, beaucoup de nutriments utiles (notamment vitamines et polyphénols) étant concentrés dans la peau. De plus les variétés pauvres en vitamine C, comme la Golden, sont peu présentes dans les magasins bio. Si l’on combine le choix de la variété avec l’épluchage, on voit qu’une Golden épluchée apporte sept fois moins de vitamine C qu’une Reinette du Mans non épluchée.

Pour certains fruits et certains constituants utiles, la différence de richesse de la peau et de la chair est encore plus importante. Par exemple, une étude récente portant sur douze variétés de prunes a montré que la peau contient 18,7 fois plus de flavonoïdes que la chair. Rappelons que les flavonoïdes sont de puissants antioxydants qui contribuent à nous protéger des maladies cardiovasculaires et de certains cancers.

Le « plus bio » des produits animaux

Pour les produits animaux, les différences peuvent être également très importantes en faveur du bio. C’est le cas en particulier des acides gras oméga 3. De nombreuses études ont comparé la teneur en oméga 3 des produits laitiers bio et des conventionnels. Là aussi les différences sont très nettement en faveur du bio. Elles vont, selon les études, de + 21 % à + 116 % !  Pourquoi des différences aussi importantes ? Parce que dans les élevages bio, les vaches ont le plus souvent une alimentation à base d’herbe alors qu’en conventionnel, elle est souvent à base de maïs et de soja. Or l’herbe est riche en oméga 3 alors que les céréales et le soja n’en contiennent pas. À titre d’exemple, une vaste étude (Butler, 2010) réalisée en Grande-Bretagne, sur deux ans, comparant 22 marques de lait, dont 10 en bio, a donné les résultats suivants, qui confirment les précédents :

  • Acides gras polyinsaturés : + 24 % en bio
  • Acide linoléique conjugué (CLA) : + 30 % en bio*
  • Acide alpha linolénique (oméga 3) : + 57 % en bio

*Cet acide gras, présent dans les produits laitiers et la viande, est considéré comme bénéfique par de nombreuses études scientifiques.

Plusieurs études ont montré que les poulets bio étaient moins gras que les conventionnels et que leur viande, ainsi que les œufs, contenaient davantage d’acides gras polyinsaturés et en particulier d’oméga 3 qu’en conventionnel. La teneur en oméga 3 des œufs est directement liée à la surface de parcours dont disposent les poules et à l’enherbement de cette surface. Le cahier des charges européen impose au moins 4 m2 par poule mais si cette surface est plus grande et est bien enherbée, la teneur en oméga 3, en caroténoïdes, en polyphénols et en tocophérol (vitamine E) augmente fortement. Signalons que le cahier des charges de Nature et Progrès exige, lui, 10 m2 par poule.

*Quantité exprimée en % des acides gras totaux – Source : Muhnai, 2009.

**Rappelons que ce rapport doit être aussi bas que possible.

Le bien-être animal, une préoccupation essentielle en bio

La recherche du bien-être animal est un objectif important en élevage biologique. La règlementation impose des surfaces minimales par animal et la possibilité d’accès à un espace extérieur. Les volailles doivent avoir accès à un parcours avec une surface d’au moins 4 m² par animal. Dans les bâtiments, elles doivent disposer d’un nombre suffisant de perchoirs et de nids pour la ponte. Le nombre de volailles par bâtiment ne doit pas dépasser 3 000, et la densité des animaux ne pas être inférieure à six poules par m². Mais la recherche du bien-être animal va au-delà. Chaque animal doit pouvoir exprimer les comportements naturels propres à son espèce et les relations entre l’éleveur et les animaux doivent être apaisées et éviter au maximum le stress. Par ailleurs, des études ont montré que le stress a un impact négatif sur la qualité de la viande.

Quand l’Académie d’agriculture dézingue la bio

Nous avons pu penser, et nous avons écrit il y quelques années, qu’ « Il aura fallu plus de 20 ans pour que plus personne – ou presque – ne conteste la supériorité des produits bio en matière nutritionnelle ». Mais c’était sans compter les irréductibles « biosceptiques ». La contestation de l’intérêt du bio pour la santé et l’environnement a donc repris de plus belle, avec un certain nombre de livres et d’articles, mais aussi et surtout avec une étonnante prise de position de l’Académie d’agriculture. On peut en effet lire sur son site, sous le titre « L’agriculture biologique en questions », un document contestant la supériorité du bio en matière de santé et d’environnement.

On lit, dans la conclusion de ce texte : « L’agriculture biologique est […] soutenue par les pouvoirs publics en raison du sentiment que le bio serait meilleur pour la santé et pour l’environnement. Pour la santé, les données actuelles montrent que ce n’est pas le cas. Pour l’environnement, les conclusions sont plus mitigées, mais il apparaît que souvent le conventionnel fait aussi bien ou mieux que le bio ». Autrement dit cultiver et manger bio ne présenterait aucun intérêt. Une affirmation qui, venant de l’Académie d’agriculture, étonne et qui contribue sans doute à une certaine désaffection des consommateurs vis-à-vis des produits bio et aux problèmes que rencontrent, de ce fait, de nombreux agriculteurs bio.

Rappelons que l’Académie d’agriculture a pour président d’honneur le ministre de l’Agriculture et « a vocation à éclairer les pouvoirs publics et la société en général sur les évolutions souhaitables pour tout ce qui concerne l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. » Surprenant donc d’y trouver, comme seul texte parlant de l’agriculture biologique, un tissu de contrevérités et une démolition en règle de cette agriculture.  

Claude Aubert

DOSSIER 105 : Pourquoi produire et manger bio ?
SOMMAIRE

Des aliments plus riches en nutriments

Des aliments plus riches en nutriments

Voir >

Des aliments beaucoup moins pollués

Des aliments beaucoup moins pollués

Voir >

Des techniques de transformation plus respectueuses

Des techniques de transformation plus respectueuses

Voir >

Des données scientifiques sur l’impact sur la santé

Des données scientifiques sur l’impact sur la santé

Voir >

L’environnement préservé

L’environnement préservé

Voir >

Un fort potentiel d’augmentation des rendements

Un fort potentiel d’augmentation des rendements

Voir >

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