Dernièrement, Bio Linéaires s’est rendu à Clermont-Ferrand pour faire le point avec Bertrand Perot, PDG du groupe Le Grand Panier Bio (20 magasins). L’occasion d’évoquer son année 2022 et sa vision du marché.
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Bio Linéaires : L’année 2022 a été complexe pour l’ensemble de la distribution spécialisée. Comment Le Grand Panier Bio a vécu cette année 2022 ?
Bertrand Pérot : On a vécu une année compliquée comme tout le monde. On a eu une baisse de la fréquentation des points de vente. Le panier moyen est resté stable parce qu’on avait anticipé en mettant une grosse dynamique commerciale. Mais oui une année qui reste compliquée où on a perdu pas mal de « nouveaux », ce que j’appelle les « néo bio » qu’on avait depuis une petite dizaine d’années mais qui sont repartis malheureusement, je pense, en grande distribution.
«Pour moi, 2023 risque d’être encore assez compliquée jusqu’à septembre-octobre»
BL : Selon vous quelles sont les principales causes de cette situation ?
B. P. : D’une part, le prix parce qu’il ne faut pas se leurrer on est quand même plus cher que les produits de grande distribution et d’autre part, tous les nouveaux labels, notamment la HVE, qui est un bel enrobage pour pas grand-chose mais qui trompe les consommateurs. Rajoutons l’incertitude de tous ces mouvements géopolitiques qui restent compliqués font qu’il y a une certaine appréhension et les clients reviennent sur des valeurs sûres et un pouvoir d’achat bas, donc vont en grande distribution.
BL : Comment voyez-vous l’année 2023 et avez-vous mis en place des mesures particulières pour contrer ou endiguer cette crise ?
B. P. : Pour moi, 2023 risque d’être encore assez compliquée jusqu’à septembre-octobre, le temps que tout se stabilise, que l’inflation, en tout cas je l’espère, se calme un peu aussi. Oui, effectivement on a mis des choses en place notamment la refonte complète de notre carte fidélité qui permet justement d’avoir des prix beaucoup plus avantageux avec des remises sur chaque rayon, chaque semaine, créer une récurrence d’achat. Ainsi, les clients qui souhaitent faire leurs courses au Grand Panier Bio chaque semaine trouveront donc des prix très attractifs en magasin.
«les nouveaux consommateurs sont moins fidèles et font vraiment attention au prix»
BL : Si on se projette un peu plus à long terme, comment voyez-vous le réseau spécialisé bio dans cinq ans ?
B. P. : Pour moi, malheureusement, il va y avoir une première partie 2023-2024 avec beaucoup de fermetures de façon à écrémer le marché. Il y a trop de magasins sur certaines villes où le potentiel n’est pas là. Par contre, je pense que les magasins qui vont rester arriveront à reprendre une croissance d’ici un an à un an et demi. Enfin, je pense que le magasin doit se réinventer en proposant des choses plus attractives, un bio qualitatif et surtout qu’on essaie d’avoir un décroché prix qui soit moins important avec ce que l’on a actuellement en grande distribution et les produits conventionnels. Si l’on veut continuer à démocratiser le bio – en 20 ans le chemin qui a été parcouru est énorme – les gens sont attentifs à ces notions. Il ne faudrait pas que l’aventure de notre belle filière bio s’arrête faute de produits bio ou que les gens ne puissent plus les acheter.