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Les huiles essentielles en cosmétique

Les huiles essentielles sont omniprésentes dans le monde de la Bio. En tant que telles en aromathérapie bien sûr mais également en cosmétique : comme principe actif soigneusement sélectionné et dosé, mais parfois malheureusement aussi comme « gage » de naturalité dans certains produits qui sont pourtant loin d’être réellement d’origine naturelle. Dans tous les cas, leur utilisation en cosmétique est loin d’être anodine.

Un usage millénaire, une définition moderne

Nul besoin de s’étendre ici sur le sujet, mails il est reconnu que l’utilisation des huiles essentielles de plantes (HE) pour des usages « thérapeutiques » remonte à plusieurs millénaires, notamment déjà du temps des Grecs anciens voire des Perses.

De nos jours, la définition légale la plus récente les concernant est celle de la norme ISO 9235:2013 : « Produit obtenu à partir d’une matière première d’origine végétale, après séparation de la phase aqueuse par des procédés physiques : soit par entraînement à la vapeur d’eau, soit par des procédés mécaniques à partir de l’épicarpe des Citrus, soit par distillation sèche ».

L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) dépendant du ministère de la Santé et qui est l’organisme de tutelle officiel pour les cosmétiques, en a tiré sa propre définition, très proche mais un peu plus précise : « Produit odorant, généralement de composition complexe, obtenu à partir d’une matière première végétale botaniquement définie, soit par entraînement à la vapeur d’eau, soit par distillation sèche, soit par un procédé mécanique approprié sans chauffage. L’huile essentielle est le plus souvent séparée de la phase aqueuse par un procédé physique n’entraînant pas de changement significatif de sa composition ».

Un monde complexe

Dans la pratique, les procédés d’obtention des HE sont, comme on le sait, nombreux, conformes dès lors qu’effectivement ils n’entraînent pas de modification significative de leur composition : pression, distillation à la vapeur (hydro-distillation), distillation sous vide, par un fluide supercritique, c’est-à-dire mi-gazeux mi-liquide (ex. CO2), etc. mais aussi enfleurage (macération dans une matière grasse), extraction par solvant…

Le but est bien sûr d’extraire les HE, qui sont contenues dans toutes sortes de parties de plantes : fleurs, feuilles, graines et fruits, racines, écorce, bois, rhizome… La teneur en HE d’un végétal, sauf rares exceptions, est très faible, de moins de 0,01 % à 2  %. Avec 100 kg de végétal, on obtient entre quelques kilos d’HE et…. quelques grammes.

Teneur et composition de l’HE varient selon l’espèce, la partie de plante, son stade de développement, le terroir, les conditions météo ou encore le mode d’extraction… Les HE contiennent des substances très variées : hydrocarbures (composés terpéniques), alcools, phénols, aldéhydes, cétones, acides, esters, etc. On les trouve dans tous les végétaux aromatiques : elles leur communiquent l’odeur qu’ils dégagent. Mais leur vrai rôle est tout autre : protection contre les parasites, insectes ou champignons, les animaux herbivores ou le rayonnement solaire, attraction des insectes pollinisateurs.

La vente des HE est libre mais, selon un décret de 2007, celle de 15 d’entre elles est réservée aux pharmaciens en raison de leur risque élevé de toxicité en cas de mauvais usage. Parmi elles figurent la petite absinthe, l’armoise commune, la tanaisie, le sassafras, la rue, la moutarde…

L’usage détermine la réglementation

Les domaines d’application des HE sont à l’image de leur complexité : agro-alimentaire, pharmacie, cosmétique et parfumerie, soins esthétiques, aromathérapie, produits d’entretien, parfums d’ambiance, répulsifs contre les insectes…

Comme le souligne la DGCCRF dans de nombreux documents, « les huiles essentielles ne doivent pas être présentées sans fonction déterminée. De fait, il incombe au responsable de leur mise sur le marché d’informer les consommateurs sur le mode et les précautions d’emploi. C’est donc en fonction de la mention sur l’étiquette que chaque produit peut ainsi entrer dans une catégorie soumise à une réglementation particulière ».

Selon leur usage prévu, la réglementation applicable n’est ainsi pas la même. Pour les répulsifs contre les insectes par exemple, il s’agit de celle sur les biocides. Et si des allégations thérapeutiques sont faites, l’HE relève de celle sur les médicaments à base de plantes. Régulièrement, la DGCCRF se penche sur leur commercialisation, en raison de manquements fréquents, en particulier sur l’étiquetage, un usage inadapté pouvant en effet causer des problèmes graves comme on le sait, sans oublier les contre-indications – par voie interne ou externe – pour certaines voire toutes les HE : pour les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes, les personnes avec un terrain épileptique, en cas de maladies hormono-dépendantes, d’exposition au soleil et bien entendu d’allergie.

Rentrent dans la catégorie des cosmétiques les HE (et les produits qui en contiennent) ayant des propriétés parfumantes (parfums notamment), purifiantes, apaisantes, astringentes, anti-oxydantes, etc. Les produits destinés aux massages ou utilisés comme adjuvants pour le bain sont également des cosmétiques. Mais si les allégations concernent les piqûres d’insecte, les coups ou bleus, les contractures musculaires, on sort légalement du cadre cosmétique, sans parler des allégations de prévention ou de traitement de maladies, interdites bien sûr, qui feraient des HE ou des produits les contenant des médicaments. « En cas d’usage cosmétique, les allégations doivent respecter les critères communs auxquels sont soumises les allégations relatives aux produits cosmétiques » (DGCCRF). La concentration en HE peut également amener à classer un produit en médicament, en cas « d’activité pharmacologique significative incompatible avec la définition du produit cosmétique ».

Les obligations des fabricants

S’il n’existe donc pas de réglementation française concernant spécifiquement l’emploi des HE dans les cosmétiques, quand les fabricants souhaitent les utiliser dans leurs produits, ou vendre des HE comme cosmétiques, ils peuvent le faire dès lors qu’ils respectent la réglementation applicable de façon générale à la cosmétique (Règlement cosmétique européen CE No 1223/2009), en particulier tout ce qui concerne l’étiquetage et, en amont, ce qui concerne l’évaluation de la sécurité pour la santé humaine.

Sur un plan plus général, les dispositions relatives à l’interdiction dans les cosmétiques de certaines plantes, quelle que soit leur fonction, s’appliquent également à leurs HE. Certains composants d’HE sont également interdits, comme le méthyleugénol sauf s’il est naturellement présent dans les extraits et les HE et sous réserve que sa concentration n’excède pas des valeurs variant selon le type de cosmétique.

L’ANSM a de plus émis une série de recommandations particulières, comme de ne pas incorporer de camphre dans les cosmétiques, de ne pas mettre d’eucalyptol ou de menthol dans les cosmétiques pour les enfants de moins de 3 ans. D’autres recommandations ont été faites par l’IFRA (Association Internationale des Parfums), portant sur des restrictions quantitatives pour certaines HE et leurs constituants.

Vigilance en magasin

Concernant la vente des HE isolées (ou leur mélange) à usage cosmétique, comme le souligne une étude publié en octobre 2016 par l’organisme officiel France AgriMer, le problème est que si « la majorité des producteurs concernés par les produits cosmétiques connaissent la réglementation, […] peu l’appliquent, surtout à cause des coûts élevés et de la complexité des démarches pour la réalisation des dossiers [exigés par le Règlement européen] ».

Dans le cas de vente d’HE unitaires (ou en mélange), il convient donc d’être extrêmement prudent si ces produits ne sont pas proposés officiellement comme cosmétique par le fabricant : les vendre comme cosmétique engagerait la responsabilité du magasin, car les « garde-fous » prévus par la réglementation cosmétique ne seraient pas garantis : respect du principe d’innocuité, règles de composition particulières, production d’un dossier d’information, règles d’étiquetage, notification des produits sur le portail cosmétique européen…

C’est notamment le cas de la vente de certains kits d’HE (avec ou sans autres ingrédients isolés) destinés à la fabrication « maison » de produits cosmétiques. Si le fabricant les présente comme tels, pas de souci. Mais si cela n’est pas le cas, c’est le magasin qui, en les vendant à usage cosmétique, doit en théorie se mettre en conformité avec le Règlement européen.

Les « composants des huiles essentielles » dans l’INCI

Utilisés (ou présentés) comme compositions parfumantes et aromatiques, les HE apparaissent dans la liste des ingrédients des produits cosmétiques (INCI) sous le nom « parfum » ou « aroma ». Depuis 2005, la présence de 26 composants, dont 16 naturellement présents dans les HE, doivent apparaître dans l’INCI lorsque leur concentration dépasse un certain seuil, car « identifiées comme susceptibles d’entraîner des réactions allergiques de contact chez des personnes sensibilisées » : alcool benzylique, alcool cinnamique, citral, eugénol, géraniol, linalol, citronellol, etc.

La présence de ces composants dans les cosmétiques bio est souvent dénoncée dans les revues de tests comparatifs en raison de ce risque allergique. Mais il faut souligner d’une part que cela ne concerne que les personnes allergiques à ces substances, qui ne sont qu’une minorité (1 à 3 % de la population présente une allergie aux parfums), et que d’autre part, comme le reconnaissent les textes officiels, les « 26 substances identifiées englobent des substances considérées comme faiblement sensibilisantes ».

Mais surtout, le souci est que les tests d’allergénicité ont été réalisés avec les molécules isolées, et non avec les HE les contenant, alors qu’il paraît clair que l’effet n’est pas le même dans les deux cas. C’est ce qui semble notamment ressortir d’une étude réalisée en 2010 par le BDIH avec le géraniol sur 50 personnes. Lors de ce test, aucune de ces personnes n’a présenté de réaction allergique lors de l’exposition à des HE contenant du géraniol. Mais avec le géraniol chimiquement isolé, 20 % d’entre elles ont réagi avec des éruptions cutanées.

S’il ne faut donc jamais oublier que les huiles essentielles « ne doivent pas être considérées comme des ingrédients courants mais comme des substances particulières non dénuées d’effets secondaires » (ANSM), et que si nécessaire il faut toujours conseiller de tester au préalable les cosmétiques qui en contiennent (par exemple dans le creux du coude), il existe donc suffisamment d’éléments pour rassurer la grande majorité des consommateurs sur la présence d’huiles essentielles dans les cosmétiques bio.

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