Six mois après la promulgation de la loi Agriculture et Alimentation, dite EGalim, qui a fixé un objectif de 50 % de produits de qualité, dont 20 % de bio, d’ici 2022 dans la restauration collective, la Fondation Nicolas Hulot et le réseau Restau’Co ont enquêté sur le retour d’expérience de gestionnaires de restaurants collectifs déjà engagés vers plus de bio et de produits de qualité. Les résultats sont sans appel : atteindre les objectifs en 3 ans, notamment pour le bio, sans plan d’accompagnement financier, c’est mission impossible ! Les professionnels motivés ont mis en moyenne plus de 6 ans pour y parvenir.
Cette enquête a été réalisée par téléphone en avril/mai 2019 auprès de 28 gestionnaires en gestion directe, représentants 617 restaurants collectifs (225 000 repas journaliers) en milieu scolaire, hospitalier et médico-social.
Des investissements de départ indispensables
Si 75 % des restaurants portent un jugement positif sur la loi EGalim, 78 % d’entre eux considèrent qu’ils n’arriveront pas à atteindre les objectifs sans financements adéquats. Les professionnels sondés estiment le besoin d’investissement de départ jusqu’à 99 centimes par repas, soit 16 % du coût complet moyen d’un repas :
– 95,2 centimes d’€ par repas pour couvrir les frais relatifs aux matériels, à la réorganisation et à la formation.
– 2,7 centimes d’€ par repas relatifs à la structuration de filières locales durables.
– 0,7 centimes d’€ par repas pour les campagnes de sensibilisation.
Ces investissements de départ sont estimés indispensables. Pourtant, six mois après la promulgation de la loi, 82 % des sondés déclarent qu’aucune hausse de dotation budgétaire n’est prévue ou observée.
La solution : une prime à l’investissement pour les restaurants collectifs volontaires
“L’Etat a la responsabilité de fixer des caps en inscrivant des objectifs dans les lois et d’inciter les acteurs à s’engager. Cela est nécessaire mais clairement insuffisant. Ce qu’il faut aujourd’hui c’est considérer la restauration collective comme un levier majeur de la transition agricole et alimentaire, et investir en attribuant une prime à l’investissement, à savoir 330 millions d’euros par an pendant 3 ans pour encourager les donneurs d’ordre de la restauration collective publique ou privée en gestion directe du secteur scolaire, santé et médico-social”, souligne la Fondation Nicolas Hulot.
Il s’agirait d’une aide volontaire (seuls en bénéficient les donneurs d’ordre qui en formulent la demande), limitée à 3 ans, renforcée dans les territoires les plus fragiles et dans le secteur médico-social et de la santé afin de rattraper le retard observé et répondre à un enjeu de justice social nécessaire.
Source : http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/impossible-datteindre-les-objectifs-de-bio-dans-les-cantines-dici-2022-notre-enquete