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Biocoop Cholet réemploie 600 bouteilles par mois

Thierry Lisée, président de la Scop Biocoop Cholet. Photo : Antoine Lemaire.

Thierry Lisée, président de la Scop Biocoop Cholet, qui rassemble quatre magasins, a mis en place depuis 2021 le réemploi avec la consigne. Il nous fait un point, trois ans après ce lancement sur l’enjeu de la standardisation du verre, l’adhésion des consommateurs et les freins qui restent à lever. Bio Linéaires l’a croisé le 3 avril, lors du salon ProBio Ouest, où il participait à la table ronde sur le développement du réemploi des contenants dans la bio.  

 

Bio Linéaires : Thierry Lisée, quelles étaient vos motivations pour mettre en place le réemploi dans vos magasins ?

Thierry Lisée : Les motivations de départ sont vraiment ancrées dans le projet Biocoop puisque depuis quatre ans, on a voté au sein de la coopérative le vœu d’être sur une ambition de vendre 50 % de produits sans emballage à usage unique. 

Après, il y a différents leviers, ça passe du vrac au service arrière traditionnel mais aussi les fruits et légumes ou la recharge, mais le réemploi pour nous est un levier d’avenir puisque ça permet d’éviter l’emballage à usage unique. 

 

BL : Quel est le bilan trois ans après ce lancement ? 

T. L. : On est encore en phase d’expérimentation, on construit avec les partenaires, dans le cas présent avec Bout’ à Bout’ sur les Pays de la Loire (ndlr : filière de réemploi des contenants en verre ayant une usine à Carquefou, à proximité de Nantes). On le fait aussi avec 19 partenaires sur l’ensemble du territoire français.

Cette construction se fait suivant le nombre de produits : plus on a de productions disponibles pour le réemploi, plus on augmente les volumes ! Je parle de nombre parce que derrière se cache cette question de standardisation du verre dont on a besoin pour localiser et éviter que les emballages vides fassent du transport. C’est-à-dire qu’on va collecter du verre qui va être nettoyé en proximité qui, ensuite, va être revendu à des producteurs en proximité, on a une boucle hyper locale, ça nous évite de revendre un emballage qui va traverser la France entière. 

C’est ça l’enjeu majeur : la création de filière. Mais on sait que ça correspond à notre vœu et à notre envie environnementale en termes de résultats… et petit à petit, ça nous permet d’avoir des gens très engagés, aussi bien au niveau producteur qu’au niveau consommateur. 

« Aujourd’hui, le résultat est là. Pour notre structure avec quatre magasins, on est à une palette par mois, soit 600 bouteilles ! C’est tout ça qui ne va pas dans des bacs à verre, va être réutilisé et qu’on va retrouver dans les circuits locaux » 

BL : Comment réagit votre clientèle à la consigne ? Adhère-t-elle ou pas ?

T. L. : Quand on commence à parler de l’organisation, comment le mettre en place, il faut l’adhésion du consommateur, c’est un acte citoyen mais en même temps très concret et c’est ça qui fait le succès du réemploi. Chacun peut se dire : « Rien de plus facile : je garde mon emballage vide, je le ramène » ! 

On a un engagement qui a été plutôt facile ; bien sûr, il faut accompagner, communiquer, pouvoir le transmettre, surtout sur les relais styles caisse mais aussi en rayon, avec la signalétique, en tous les cas, ce qu’on entend de plus en plus, c’est que les gens sont vraiment motivés et nous disent : « Moi, je n’achèterai pas ma bière si elle n’est pas en réemploi ». Aujourd’hui, ça fait partie de leur acte d’achat et on trouve ça très positif parce que ça veut dire qu’on est prêt à franchir ce pas !

 

BL : Comment voyez-vous évoluer la démarche et quels sont, selon vous, les freins au développement de la consigne ?

T. L. : On expérimente. En même temps, il y a des sujets sur lesquels on est plus avancé : les bouteilles de bière et de vin – pas tous les formats encore mais quelques-uns -, la limonade ou style bouteille de cidre, mais le frein pour avancer c’est la standardisation. Il faut vraiment accompagner les producteurs pour aller vers une évolution de leur emballage, ce qui n’est pas simple parce que techniquement, il y a des chaînes qui peuvent être derrière, ça dépend de la taille du producteur… Et, bien sûr, c’est aussi économique. C’est pourquoi on compte sur l’accompagnement de Citeo et des organismes au niveau national pour donner des aides, parce qu’il y a une volonté politique de le faire – ça a été indiqué dans la loi, il y a un échéancier. Il y a aussi une volonté d’avoir des emballages standards, c’est positif, ce sont les vrais leviers qui vont permettre de développer le réemploi. 

Après, les freins peuvent être partout, on les identifie, que ce soit au niveau consommateur, dans son acte d’achat. Aujourd’hui, on est sur des consommateurs qui sont plus engagés, qui le font facilement, peut-être que demain, il faudra instaurer la consigne avec une question rémunératrice pour ramener son emballage… Mais en tous les cas, on ne se ferme aucune porte, c’est vrai que ça peut être un autre levier pour amener encore plus de réemploi. 

On peut aussi avoir des freins, au niveau de la place : le stockage, la réserve… Dans nos magasins plus ruraux, on a plus de place mais dans les magasins en ville, type parisiens, ça devient plus compliqué. Et en termes de logistique : est-ce qu’on va prendre un demi format de palette ? Est-ce que ça va être une palette entière ? Il y a tous ces niveaux d’expérimentations qu’on a besoin de mieux travailler aujourd’hui et d’adapter.

Propos recueillis par Antoine Lemaire

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