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Brésil : la duplicité d’un géant

Il est difficile d’aborder le bio au Brésil sans parler de la relation schizophrénique entre agriculture intensive basée sur les monocultures et agriculture familiale : soyons clairs, elles ne cohabitant pas en parfaite harmonie. Avec ses deux entités dédiées (MAPA, Ministério da Agricultura, Pecuária e Abastecimento  et ex-MDA devenu cette année Secretaria Especial de Agricultura Familiar e do Desenvolvimento Agrário), le gouvernement fait le grand écart et tente de cadrer depuis peu le bio, alors que l’agroécologie a été mise sur le devant de la scène en 1992, avec le sommet de Rio. À l’inverse du bio, cette dernière est politiquement et culturellement connotée comme une agriculture alternative, liée aux mouvements sociaux (notamment ceux des « sans terre ») et a précédé l’émergence de l’agriculture biologique.

Une croissance à deux chiffres

Le bio progresse à vive allure tant à l’export qu’au niveau local ; ceci dit, le montant est relativement modeste et le Brésil reste le champion du monde en matière d’usage de pesticides. Le chiffre d’affaires de l’agriculture biologique était de 2,5 milliards BRL en 2015 (678 MEUR) soit une croissance de 25% comparativement à 2014 (2 Mrds BRL). 60% étaient réalisés à l’exportation sur plus de 76 pays. Une hausse de 30% est prévue pour l’année en cours.

Plus de 13 000 producteurs bio sont enregistrés auprès du MAPA et localisés principalement dans les Etats du sud du pays : Rio Grande do Sul, Paraná et Santa Catarina, ainsi que dans l’État de Sao Paulo. Ils exploitent 950 000 ha. En parallèle, l’activité de collecte, en Amazonie notamment, constitue une source de revenus pour les communautés locales.

Offre brésilienne en produits alimentaires bio

  • Horticulture et maraichage
  • Canne à sucre : le Brésil figure dans le top 3 des producteurs mondiaux
  • Jus d’orange : le Brésil est aussi et surtout le leader mondial de la production d’orange conventionnelle
  • Riz et soja
  • Café, cacao & chocolat, maté
  • Noix : du Brésil, baru, cajou
  • Super-fruits (frais, poudre, pulpe surgelée) : açai, guarana, camu-camu, pupunha, juçai
  • Cœur de palmier
  • Huile de palme
  • Stevia
  • Miel
  • Fruits frais et transformés (pulpe congelée, confiture, jus, vinaigre)  : banane, kaki, citron, raisin
  • œufs,  produits laitiers et viande

Il importe de rajouter à cette liste le coton et une multitude d’ingrédients naturels utilisés en cosmétique, issus bien souvent de la biodiversité amazonienne : andiroba, buruti, babassu, candeia, murumuru, cupuaçu,  etc.

Un retard réglementaire certain

Le cadre réglementaire du bio est relativement récent. La loi a été votée en 2003 (Lei dos Orgânicos 10831/03) mais mise en application qu’en 2011, avec, notamment, l’entrée en vigueur de la certification nationale qui a du se frayer un chemin parmi la myriade de certifications régionales. Le gouvernement a instauré trois systèmes pour garantir le caractère bio des aliments :

  • Audit : certification réalisée par des organismes accrédités au nombre de 7 dont 4 filiales de groupes internationaux. Le Brésil ne bénéficiant pas du régime d’équivalence de la règlementation avec l’Union Européenne, il se voit obligé d’exporter essentiellement des matières premières, ingrédients et produits bruts non transformés.
  • SPG (Sistema Participativo de Garantia) : il se caractérise par la responsabilité collective de ses membres (producteurs, consommateurs, techniciens ou autres). Des OPAC (Organismos Participativos de Avaliação da Conformidade) accrédités par le MAPA valident la conformité des aliments et enregistrent les producteurs bio dans le registre national.
  • OCS (Organização de Controlo Social) : pas d’obligation de certification dans le cas des circuits courts mais les producteurs concernés doivent néanmoins faire partie d’une OCS enregistrée auprès de l’administration fiscale. Cette OCS peut être un groupe d’agriculteurs familiaux, une association, une coopérative ou un consortium, avec ou sans personnalité juridique. Elle a un rôle de conseil et de soutien des associés et afin d’être crédible et reconnue par la société, elle doit établir une relation d’organisation, d’engagement et de confiance entre les participants.

Les deux premiers systèmes imposent l’usage du label bio, le 3e, non, mais les exploitants concernés sont enregistrés directement auprès du MAPA.

Bettina Balmer
Mobile: + 33 6 69 53 44 84
bettina.balmer@biolineaires.com

La référence pour les professionnels de la distribution bio spécialisée et alternative

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