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« Je voulais que ce soit plus qu’un magasin : un lieu d’échanges » (épicerie L’Essentielle)

L’épicerie « L’Essentielle » est située 48 Avenue Lacassagne à Lyon. Crédit photos : L’Essentielle.

D’un statut de gestionnaire de projet dans l’industrie de la santé, à celui de gérante d’une épicerie écoresponsable dans un quartier résidentiel, Carole Petitjean, fondatrice de « L’Essentielle » à Lyon, nous explique son parcours.

Bio Linéaires : Carole, pouvez-vous vous présenter et nous dire comment vous avez fondé votre épicerie vrac ?

Carole Petijean : Avant je travaillais dans une unité de service pour l’industrie pharmaceutique, dans la partie « qualité de vie du patient », et je tournais en rond depuis quelques années déjà. Suite au rachat de l’entreprise par un grand groupe, mon travail a perdu de l’intérêt à mes yeux : ce côté « médicament » ne me parlait pas, moi qui me soignais par les plantes et l’homéopathie, qui consommais bio, qui étais à fond dans le zéro déchet et le circuit court ! J’ai commencé en 2019 à chercher un nouveau projet à une échelle plus humaine, fait un bilan de compétences, découvert des exemples de reconversions réussies dans des épiceries bio. J’habitais un grand quartier très résidentiel, le 3e arrondissement de Lyon, dans la partie Est, où il n’y avait aucun commerce de ce genre, il fallait marcher 20 minutes pour trouver le premier magasin bio. L’idée de créer mon épicerie est venue comme ça.

Une EAP animée par deux anciennes « collègues ».
 
BL : Avez-vous fait une étude de marché avant de vous lancer ?

C. P. : Oui, car c’est un domaine que je connaissais mal, je voulais m’assurer du potentiel du quartier. L’étude a identifié un réel besoin. Aline, une ancienne collègue de travail, a souhaité me suivre dans cette aventure, et après avoir fait des stages immersifs dans deux épiceries, des formations à la CCI, avec Réseau Vrac, nous avons ouvert en octobre 2021, après avoir cherché un local durant deux ans à cause de la crise sanitaire ! Sur Lyon nous avons une structure, le GRAP, qui nous a accompagné en formation sur le côté bio.

«Je voulais que ce soit plus qu’un magasin vrac et bio, mais aussi un lieu d’échanges et de convivialité qui manquait dans le quartier »

BL : Que proposez-vous dans votre EAP ?

C. P. : Avec 1300 références au total, notre offre est très complète, nous avons presque doublé le nombre de références depuis l’ouverture, pour une surface de vente de 65 m², plus une réserve de 20 m². Nous privilégions le circuit court en collaborant avec des producteurs locaux ou via le grossite Relais Local qui nous permet de trouver un maximum de produits dans les départements autour de Lyon, notamment au niveau des fruits et légumes, sans que le producteur ait besoin de se déplacer pour nous livrer deux cagettes. Pour les oranges, les bananes ou les avocats, nous ne pouvons bien sûr que les commander via Relais Local, et pour les endives, elles viennent toujours du nord, il est très difficile d’en trouver ailleurs.  Nous proposons aussi chaque semaine des paniers de fruits et légumes sauvés du gaspillage. Côté vrac, nos 380 références sont très variées : épicerie sucrée et salée, rhum et whisky, vin, vinaigre, kombucha, mais aussi sauce soja, sirop d’érable et d’agave, purées de fruits secs, pâtes à tartiner, beurre de cacahuète, confiture, ainsi que des produits de détergence, cosmétique…sans oublier les produits plus « brut » destinés à créer ses propres cosmétiques : savon, cire d’abeille, argile… Nous sommes en bio sur quasiment la totalité des produits, mais nous faisons des exceptions, comme pour les producteurs de fruits et légumes qui sont en cours de conversion ; ou pour les paniers de poisson « Poiscaille », un réseau français de pêche éco-responsable, livrés chaque vendredi à la boutique. Nous ne proposons pas de viande en frais, il y a un boucher dans le quartier, mais nous avons des conserves de qualité, des terrines… un peu de charcuterie, comme le saucisson. Nous avons essayé de proposer du jambon en frais, mais la demande était trop faible, ce qui impactait le prix.

Le nombre de références proposées à doublé depuis l’ouverture.

Pour la crèmerie nous travaillons avec trois fromagers, des producteurs de lait de vache et de chèvre, une coopérative laitière dans les monts du Lyonnais, et complétons cette offre avec les grossistes, pour le parmesan par exemple. Nous avons aussi des yaourts végétaux, des œufs, un peu de service traiteur. Côté boissons, notre offre est régionale : nous proposons des vins issus des monts du Lyonnais, des Côtes du Rhône et de Bourgogne, et du rosé de Provence. Et aussi une offre large de bières bio, plus de 50 références, en raison du très grand nombre de micro-brasseries présentes à Lyon.

Un espace est spécialement dédié aux formations, aux échanges et aux dégustations de produit.
BL : Que peut-on dire de la clientèle et de votre valeur ajoutée ?

C. P. : Notre clientèle est éclectique, il y a pas mal de turn-over dans le quartier, elle se renouvelle régulièrement : des végan et des végétariens, des célibataires, des familles, des étudiants, des seniors ; des personnes plus ou moins aisées, qui privilégient la qualité de leur alimentation. Nous comptons environ 80 clients/jour en semaine, et 120 clients/jour le samedi. Le panier moyen est d’environ 23 euros. Nous pratiquons la « Gonette », monnaie locale Lyonnaise. L’objectif c’est que nos clients trouvent chez nous « l’essentiel » de leurs courses, d’où le choix du nom de notre magasin ! Notre valeur ajoutée, c’est notre offre d’animations et d’échanges dans un « espace convivialité », où nous proposons des ateliers de fabrication avec des matériaux de récupération, des séances de bien-être avec des réflexologues et des naturopathes, des cours de Qi Gong… nous organisons aussi un petit marché de Noël, une friperie, des vide-greniers saisonniers, on essaye toujours de proposer de nouvelles idées : recettes anti-gaspi, boîte à dons, panneau petites annonces, jouets, un puzzle collaboratif chaque mois…nous restons très à leur écoute. Nous faisons aussi régulièrement venir les fournisseurs pour présenter leurs produits, échanger, faire déguster. Nous avons fait beaucoup de formations sur les cosmétiques, et avons maintenant une clientèle assez rodée sur le sujet.  Nos projets pour cette année, ce sera de développer l’offre frais, proposer des glaces en été, créer un espace café ou thé, peut-être embaucher une tierce personne pour gérer les animations et le mini salon de thé, et ouvrir le lundi car la demande existe.

Propos recueillis par Christophe Beaubaton

La référence pour les professionnels de la distribution bio spécialisée et alternative

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