Une dizaine de responsables d’ONG*, dont Pollinis, Demeter France, Bio Consom’acteurs et Bio Cohérence, alertent dans une tribune publiée dans « Le Monde » sur l’autorisation à venir de nouveaux OGM par la Commission européenne. Et appellent la France à « défendre un maintien de la réglementation OGM actuelle ». Bio Linéaires a été autorisé à publier la synthèse de cette tribune.
*Sciences citoyennes ; Greenpeace France ; France Nature Environnement ; Groupe international d’études transdisciplinaires et de l’Association pour la suppression des OGM dans l’alimentation ; Pollinis ; Générations futures ; Demeter France ; Antidote Europe ; Bio consom’acteurs ; Bio Cohérence.
Comment faire accepter les organismes génétiquement modifiés (OGM) dans un pays qui, comme la France, y est historiquement opposé ? En soutenant qu’il ne s’agit pas réellement d’OGM.
Dans une tribune collective parue le 14 septembre dans les colonnes du Monde, 10 associations dénoncent cette logique simple et redoutable au nom de laquelle la Commission européenne s’apprête à ouvrir, en grand, les portes de notre agriculture à des plantes et semences génétiquement modifiées par le biais de nouvelles techniques génomiques.
Ces procédés, rendus accessibles par l’invention des « ciseaux moléculaires » Crispr-Cas9, permettraient de conférer artificiellement aux plantes et aux semences certaines caractéristiques censées répondre aux problèmes engendrés par l’agriculture intensive (tolérance aux herbicides chimiques qui déciment le vivant, résistance aux maladies souvent favorisées par les monocultures, …).
Ces nouveaux OGM sont le socle d’un futur modèle agricole industriel qui dépendra non seulement des intrants chimiques, mais aussi des intrants génétiques. Un modèle qui permettrait aux firmes agrochimiques de conserver les profits faramineux qu’elles tirent de la chaîne de valeur agroalimentaire, aux dépens des agriculteurs et des citoyens.
Aucun garde-fou
La proposition de réglementation présentée le 5 juillet par la Commission européenne vise ainsi à exonérer la majorité de ces nouveaux OGM d’évaluation des risques, d’étiquetage et de traçabilité. Pour être autorisés, les OGM de demain n’auraient besoin que… d’une simple procédure de notification, se retrouvant alors dans les étals des primeurs et les supermarchés sans que les consommateurs n’en soient informés !
Alors que les études scientifiques pointent d’ores et déjà les multiples problèmes que ces nouveaux OGM engendreraient (mutations imprévues, altérations imprévues chez les plantes attractives pour les pollinisateurs, effets cumulatifs…), la proposition de règlement de la Commission empêcherait même les Etats européens d’interdire unilatéralement et sur leur territoire ces nouveaux OGM.
Cohabitation impossible avec l’agriculture
respectueuse du vivant
Alors que les modifications génétiques peuvent se diffuser sur plusieurs kilomètres, notamment par le biais des pollinisateurs qui transportent le pollen de fleur en fleur dans les cultures environnantes, il est urgent, pour les associations signataires de rappeler que ces plantes :
- Présentant les mêmes risques pour l’environnement que les OGM transgéniques ;
- Et mettront en péril les seuls modes de production alimentaire qui pourraient permettre d’enrayer l’extinction des pollinisateurs et de la biodiversité provoquée par le recours massif aux pesticides chimiques.
Au lieu de soutenir ce dévoiement de l’agriculture européenne, la France doit défendre un maintien de la réglementation OGM actuelle.
Signataires : Edgar Blaustein, membre du bureau de l’association Sciences citoyennes ; Jérôme Frignet, directeur des programmes de Greenpeace France ; Antoine Gatet, président de France Nature Environnement ; Frédéric Jacquemart, président du Groupe international d’études transdisciplinaires et de l’Association pour la suppression des OGM dans l’alimentation ; Nicolas Laarman, délégué général de l’ONG Pollinis ; Nadine Lauverjat, déléguée générale de l’ONG Générations futures ; Pierre Mainaud, président de l’ONG Demeter France ; André Menache, conseiller scientifique de l’ONG Antidote Europe ; Julie Potier, directrice générale de l’association Bio consom’acteurs ; Dominique Techer, président de l’association Bio Cohérence.
Retrouvez l’intégralité de cette tribune (pour les abonnés) dans Le Monde : ICI