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L’économie circulaire les leçons de la nature pour en finir avec les déchets

Le déchet est une invention de l’homme, et ce n’est pas la plus glorieuse. Le concept d’économie circulaire promet, dans l’absolu, de transformer les déchets en matière première de valeur. Le secteur bio et les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), de par leur nature ont déjà pris en charge une partie du problème, mais beaucoup reste encore à faire. Le point essentiel sur la question.

De l’ère du jetable à l’ère du durable : nous vivons actuellement dans un modèle d’économie dite linéaire qui consiste à produire et à consommer en générant des déchets. Or, en Europe, près de 50 % des résidus produits ne sont pas traités (décharges). Peu ou mal valorisés, ils entraînent des problèmes graves de pollution et une extraction permanente de matières premières indispensables à la création de nouveaux biens de consommation, eux-mêmes soumis à l’obsolescence programmée et à l’appétit consumériste des français. En France, les secteurs économiques sont responsables à 90 % des déchets produits. La nature est donc perçue comme une pourvoyeuse sans fin de ressources.

Avec l’économie circulaire, le déchet devient une ressource : selon L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) (il n’existe pas encore de définition officielle) : « Inspiré de la nature qui ignore la notion de déchet, c’est un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits et services, vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien-être des individus ». En d’autres termes, créer une boucle sans fin en utilisant  aussi souvent que possible les résidus transformés à nouveau en matière première et en responsabilisant les consommateurs.

– Cette philosophie du « zéro-déchet » fait partie avec le développement durable et la RSE (cf. Bio LInéaires N°65) des 3 concepts phares pour une économie responsable, et comprend 7 piliers qui peuvent varier suivant les « écoles ». Voici notre interprétation :

1 – Le recyclage et la valorisation : réutiliser les matières premières, réintroduire tout ou partie dans un cycle de production.

2 – L’approvisionnement durable : sélection des fournisseurs sur des critères environnementaux, accompagnement dans l’amélioration de leurs pratiques pour préserver les ressources, etc.

3 – L’écoconception : s’arranger dès la conception de l’objet pour que celui-ci soit facilement démontable, recyclable, réutilisable, réparable, durable, peu gourmand en ressources et énergie, etc.

4 – L’écologie industrielle et territoriale : les déchets d’une usine ou d’une organisation sont la nourriture d’une autre entité économique à l’échelle locale.

5 – Nouveaux modèles économiques (économie de la fonctionnalité, économie collaborative) : privilégier l’usage à la possession, et l’achat d’objet usager dans un rapport B2C ou C2C. L’objet appartenant à l’entreprise ou au particulier dans le cas de la location, ceux-ci seront encouragés à le rendre durable et solide.

6 – La réparation : trouver une deuxième vie aux biens en panne.

7 – La réutilisation (upcycling) : réemployer certains déchets ou certaines parties du déchet encore en état de fonctionnement dans l’élaboration de nouveaux produits (par exemple, utiliser ou modifier de vieux meubles en magasin pour en faire des linéaires).

  • Quelles certifications et réglementations ? Il n’existe pas à l’heure de label ou référentiel qui englobe toutes les facettes socio-environnementales de l’économie circulaire. Du côté de l’écoconception, citons le Cradle to Cradle (C2C) adopté aux États-Unis, en Allemagne et en Hollande, par près de 150 industriels. En France, l’écologie circulaire a fait son entrée dans la législation française en 2015, via la loi de programmation sur la transition énergétique pour la croissance verte.
  • Atouts et faiblesses : le point fort et le point faible de l’économie circulaire réside à la fois dans la vision transversale du traitement et de la réduction des déchets et des matières premières qui implique l’entreprise, les territoires et le consommateur : les freins évidents dus aux multiples leviers à actionner sont compensés par les possibilités offertes d’agir à son échelle, et selon ses moyens, sur un des 7 points de la boucle.
  • Secteur bio et de l’ESS, quelles implications ? Une agriculture biologique engagée, telle que pratiquée et soutenue en France par les marques et magasins bio spécialisés, porte en elle de facto beaucoup du principe de boucle économique : pas d’engrais de synthèse, circuits courts et locaux, vente directe, production d’énergie à partir des rejets animaux, etc. Les voies d’améliorations sont néanmoins importantes pour le secteur : approvisionnements locaux renforcés, synergie industrielle sur un territoire (alliance étroite d’agriculteurs, de meuniers, de distributeurs et collectivités régionales…), bâtiments bioclimatiques, meilleure gestion des invendus alimentaires (point faible des enseignes). etc.

Le secteur de l’ESS quant à lui s’est engagé dès les années 60 en faveur de la réutilisation et du recyclage de biens en fin de vie (objets, meubles, appareils ménagers) : Mouvement Emmaüs, réseau des Ressourceries, etc. Au-delà du souci de solidarité, de réelles capacités d’innovation industrielle sont mises en oeuvre : valorisation de déchets peu pris en compte par les grands opérateurs (transformation des rebuts de carton), savoir-faire technique en matière de collecte et de tri, création de plateformes de logistique d’unité de méthanisation, etc. Cependant, les enjeux de l’économie circulaire ne fédèrent pas encore l’ensemble des structures d’utilité sociale.

Sauveur Fernandez
fsauveur@econovateur.com

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