Rappelons que les tensioactifs sont des composés qui modifient la tension superficielle entre deux surfaces, ils ont une partie qui retient les matières grasses et une autre qui se mélange à l’eau.
Prenons comme exemple une huile végétale et de l’eau. L’eau ne peut pas mouiller l’huile parce que la différence en tension superficielle est trop grande. En ajoutant un zeste de tensioactif à l’eau, cette différence est dramatiquement réduite : l’eau a un tension superficielle de 72 mN/m, l’huile de 30-35 mN/m. Un simple détergent vaisselle est en mesure de réduire celle de l’eau à 25-30 mN/m, donc proche de celle des huiles – ce qui nous permet de faire la vaisselle.
C’est l’eau qui fait le boulot
Chose importante à retenir : c’est l’eau qui fait le boulot, nous modifions seulement ses caractéristiques moyennant les tensioactifs.
Or, en réalité c’est bien plus compliqué que cela, parce que d’autres éléments comme la température, le pH, la concentration, la solubilité, la dureté de l’eau etc. viennent influencer le process. Un des éléments des plus importants est la charge électrique de la partie « eau » (hydrophile) du tensioactif. Cette charge détermine l’aptitude du tensioactif pour telle ou telle application.
Elle est aussi utilisée pour distinguer les tensioactifs en quatre familles :
- – tensioactifs anioniques : charge négative
- + tensioactifs kationiques : charge positive
- ± tensioactifs amphotères : charge peut varier
- Ø tensioactifs nonioniques : aucune charge
Cette classification a même été adoptée par le législateur : sur les étiquettes il faut décliner les tensioactifs présents selon cette formule, même si cela n’augmente point la compréhension du côté consommateur.
Bien sûr, la charge électrique des surfaces à traiter est tout aussi importante. Les fibres des textiles végétaux n’ont pas de charge, mais les salissures ont une charge positive. La laine et les fibres de synthèse ont une charge positive, mais différente. Une sélection de tensioactifs qui n’en tient pas compte peut carrément donner des mauvais résultats de nettoyage ou lavage. Entre autres pour cette raison, il n’est pas possible de créer un nettoyant universel, qui fait tout.
Ah, la famille !
Pour raccrocher au savon : il appartient aux tensioactifs anioniques. Cette famille, très hydrophile, dispose d’un excellent pouvoir mouillant, émulsionnant et de lavage, mais elle est moins apte à nettoyer les substances synthétiques modernes : plastics de tout genre, polyester, nylon, acryl… D’autres molécules de cette famille sont e.a. le lauryl sulfate et le sulfosuccinate.
Une deuxième famille est celle des cationiques. Ils contiennent généralement de l’azote et en solution, ils libèrent une charge positive.
De ce fait, ils vont s’absorber à des surfaces à charge négative pour y générer un film plus ou moins tenace. Les conditionneurs capillaires, mais aussi les assouplissants de linge en font partie, comme certains produits à effet bactéricide ou bactériostatique. Les esterquats et l’ammonium quaternaire y appartiennent également.
La troisième famille est celle des amphotères. Ses membres peuvent libérer une charge positive comme négative, d’après le pH du milieu où ils se trouvent. Ils sont moins agressifs que les anioniques et de ce fait utilisés en shampooings et gels douches, démêlants, démaquillage, lavage de linge délicat. Ils se combinent bien avec les autres familles de tensioactifs. Les bétaïnes et les polypeptides en sont des membres assez connus.
La quatrième et dernière famille est celle des nonioniques. Ils n’ont pas de charge, ils ne libèrent pas d’ions chargés dans l’eau. Ce qui fait qu’ils sont super-compatibles avec des surfaces de tout genre – et donc une bonne base des nettoyants pour matières synthétiques. Comme ils sont également compatibles avec la majorité des autres tensioactifs, on peut corriger leur points faibles – par exemple question lavage de tissus – en les combinant. Un exemple connu sont les alkylpolyglucosides.
Il n’y a donc que l’embarras du choix quand on développe des formulations !
Les tensioactifs renouvelables
Petits conseils
Lisez les étiquettes pour vous familiariser avec cette terminologie et sachez que toutes les matières premières ne sont pas toujours affichées.
Demandez si les tensioactifs utilisés sont issus du fossile ou du végétal.