Depuis des dizaines d’années, le logo Demeter apparaît sur la face principale de milliers de produits alimentaires et parfois cosmétiques, mais ce n’est pas une marque commerciale… Depuis 1932 en effet, Demeter est un acteur important de l’univers de la bio, dont il est même un des pionniers originels, avec des valeurs qui n’ont pas perdu de leur force et de leur intérêt, bien au contraire.
Des inquiétudes anciennes, toujours d’actualité
Expliquer Demeter commence par un historique inévitable : « Demeter existe depuis 1932, explique Aurélie Truffat, Responsable Communication de Demeter France. C’est à la fois la plus ancienne marque collective pour l’agriculture agro-écologique et, aujourd’hui, le nom de la structure internationale de certification de l’agriculture biodynamique. Les premières bases de cette agriculture biodynamique ont été posées dès les années 1920.
Déjà à cette époque, des agriculteurs et agronomes allemands s’inquiétaient des premiers effets de l’agriculture intensive : dégénérescence des plantes, baisse de fertilité dans les troupeaux, emploi de substances chimiques de synthèse. Ils ont alors sollicité Rudolf Steiner, philosophe et scientifique autrichien, qui a défini les bases théoriques et pratiques d’une agriculture permettant d’offrir à l’Homme une alimentation de qualité : la biodynamie ».
Le but de celle-ci, pratiquée maintenant depuis plus de 90 ans, fut dès le départ d’améliorer la fertilité des sols, la santé des animaux et la qualité des produits : une démarche réellement pionnière.
Les principes de la biodynamie
Demeter est le nom de la déesse de l’agriculture et des moissons dans la mythologie grecque. De fait, l’agriculture biodynamique attache une grande importance au respect et au renforcement des processus de vie. C’est pour cela, aspect que l’on retient souvent en premier, que les agriculteurs en biodynamie utilisent des préparations à base de plantes, de minéraux et de matières organiques pour stimuler la vie des sols, la croissance et la santé des plantes, tout en respectant les rythmes naturels.
« En biodynamie, on estime que les sols ont été malmenés et épuisés par l’agriculture intensive, précise Aurélie Truffat. Il faut donc les régénérer grâce à des méthodes naturelles, notamment l’utilisation des préparations biodynamiques, qui vont entre autres améliorer la structure et la fertilité du sol ».
Sur la question des intrants – ces « additifs » ne provenant pas de la ferme apportés aux terres et aux cultures – les cahiers des charges Demeter sont plus restrictifs que la bio : l’utilisation du cuivre pour le traitement des plantes est plus limité, au moins 50 % de l’alimentation des animaux doit provenir de la ferme, l’écornage est interdit (comme toute mutilation des animaux d’ailleurs), les domaines agricoles doivent être entièrement en biodynamie (les conversions partielles sont interdites), etc. On retrouve le même principe d’exigences plus strictes dans la transformation des produits : interdiction des sels nitrités (E250, E252) dans les produits carnés, des arômes « naturels » (seuls les extraits purs sont autorisés), de l’acide ascorbique (E300), de l’homogénéisation du lait, etc.
Le symbole même du domaine agricole biodynamique, c’est une ferme d’élevage avec des grandes cultures lui donnant l’autonomie dont elle a besoin pour prendre soin de la terre et des animaux : « L’idée d’avoir un domaine agricole équilibré fait partie de notre cahier des charges. Cependant, les fermes spécialisées, par exemple les domaines viticoles, peuvent obtenir la certification Demeter, avec une incitation à la mise en place de zones de biodiversité sur la ferme », souligne Aurélie Truffat.
La certification
Demeter c’est aussi, ne l’oublions pas, une structure de certification internationale : « Si Demeter France existe depuis 1979, l’association Demeter International existe depuis 2007, reprend Aurélie Truffat. Elle fédère une soixantaine de pays et organise les suivis et mises à jour continues des cahiers des charges, nécessaires en raison de l’évolution de la réglementation, sur la bio par exemple. Aujourd’hui, 19 nations sont habilitées à faire les contrôles et la certification dans leur propre pays. Dans la quarantaine d’autres pays où la marque Demeter est aussi présente, le contrôle et la certification sont gérés par Demeter International, basé en Allemagne ».
Qui dit certification dit cahier des charges. En l’occurrence, la certification Demeter garantit d’une part que les produits sont issus de l’agriculture biodynamique, et d’autre part qu’ils répondent à des cahiers des charges pour la production et la transformation, plus stricts que la réglementation bio européenne. Il s’agit d’un ensemble de cahiers des charges, spécialisés pour la production (élevage, aquaculture en eau douce, maraîchage, culture en plein champ, arboriculture, champignons…) et pour la transformation : viande et produits carnés, céréales et produits céréaliers/pâtes, pain/pâtisseries/viennoiseries, vins, jus de fruits, bière, plantes médicinales/aromatiques/épices, …
« Un point très important est que pour être certifié Demeter il faut déjà être certifié bio, souligne Aurélie Truffat. Et s’il y a des cahiers des charges internationaux, chaque pays peut les rendre plus stricts, mais pas plus laxistes. Certains pays ont en effet des exigences encore plus grandes sur certaines familles de produits, pour des raisons culturelles, comme le vin ou le pain en France, qui font partie de notre culture d’une certaine qualité alimentaire ». A cette liste de cahiers des charges spécifiques, il faut en rajouter deux qui ne se réfèrent pas à une réglementation européenne, puisque inexistante pour ces domaines : les cosmétiques et les textiles.
Dans tous les pays, ce n’est jamais la même personne qui fait le contrôle et la certification, qui sont donc indépendants. Si la certification est obligatoirement faite par Demeter, le contrôle est fait soit par un contrôleur Demeter (ce qui est systématique la première année) soit par certains organismes de contrôle bio, formés et mandatés par Demeter pour le contrôle de ses cahiers des charges : Agrocert, Alpes Contrôles, Certipaq et Ecocert.
Des produits « meilleurs » promis à un bel avenir
Quel est le résultat de la démarche biodynamique ? « En travaillant sur la qualité et la structure des sols, sur la santé des plantes et des animaux, on obtient des aliments plus ‘‘vivants’’, plus sains et souvent meilleurs sur le plan gustatif ».
La notion de « meilleur » est certes subjective. Mais un excellent exemple à citer est celui des vins, production pour laquelle la biodynamie rencontre beaucoup de succès (380 viticulteurs certifiés ou en cours en France) : « S’il y a bien un produit où les saveurs s’expriment, c’est le vin. La notion de terroir est très importante dans ce domaine et les techniques biodynamiques apportent beaucoup : les préparations font que le sol sera plus vivant, l’enracinement des pieds des vignes va être meilleur, ce qui va leur permettre de puiser des minéraux en profondeur, etc. Le terroir peut ainsi exprimer tout son potentiel. Parlez également avec un producteur de café biodynamique et il vous dira que les ‘‘connaisseurs’’ sentent tout de suite la différence… Mais des produits bruts tels que les fruits ou légumes vont aussi exprimer toutes les saveurs de leur terroir ! ».
Et pour ceux qui veulent des éléments plus concrets et moins « subjectifs », il suffit de consulter l’étude comparative DOC (Demeter, Organique = Bio, Conventionnel) menée en Suisse depuis près de 30 ans : elle a démontré que les sols cultivés en biodynamie sont plus riches en nutriments, en micro-organismes et… en vers de terre que les sols cultivés en conventionnel et même en bio. Ces sols sont donc bien plus « vivants ». Grâce à toutes ces qualités, les produits certifiés Demeter se révèlent donc être en phase avec les attentes actuelles des consommateurs : des produits sains, respectant la nature et l’environnement au plus haut point, et très savoureux. Si aux Etats-Unis, Whole Foods, le « géant » de la distribution bio l’a bien compris, sortant en 2 ans une gamme de tous les produits de base en Demeter, si en Allemagne il sort 20 à 30 nouvelles références chaque semaine, la France n’en est qu’au début : « Nous avons 10 % de croissance par an depuis 10 ans, se réjouit Aurélie Truffat, et pas loin des 20 % en 2016. L’offre en vins est bien là et d’autres filières se mettent en place, les conversions à la biodynamie couvrant aujourd’hui un plus large éventail de productions. L’intérêt actuel pour les produits Demeter est très fort à l’international comme en France, et nous proposons un service de sourcing pour accompagner les entreprises dans la mise en place de filières ».
Les produits Demeter représentent une voie royale permettant aux magasins de se différencier.
Au final, et sans oublier la riche offre Demeter de nos voisins allemands, portant sur quasiment tous les types de produits, Aurélie Truffat conclut sur l’intérêt évident des produits certifiés biodynamiques pour le circuit spécialisé : « Les produits Demeter offrent des garanties supplémentaires pour le consommateur, qui est de plus en plus exigeant : démarche globale, durabilité de la production via un respect très poussé des terres agricoles, limitation encore plus grande des intrants ou des additifs… Et enfin, même si cela est certes subjectif comme déjà évoqué, les produits Demeter révèlent tout le potentiel du terroir dont ils sont issus, pour offrir au consommateur des produits savoureux. C’est donc quelque part une voie royale pour se différencier ».