Bio augmentée – Défi n°5 : nouveaux formats, circuits, univers / L’interview minute de Sauveur Fernandez

Après le défi n° 4 de la biodiversité des marques, voici celui de la nécessité de s’adapter à un commerce devenu fragmenté et à un néo-client en mutation.

Bio Linéaires : quelle est la situation actuelle des grandes enseignes bio, côté circuits et formats de distribution ?

Sauveur Fernandez : On en trouve deux majeurs : le circuit proxy, historique (300-350 m²) et, depuis 2005, les périphéries (550-800 m²). Leur forme et conception, sauf exception, ont peu évolué depuis 20 ans. Ce qui n’a pas empêché une croissance à deux chiffres.

Or, une fragmentation de la société française avec de nouvelles habitudes d’achat se fait ressentir depuis les années 2015. La population s’urbanise, avec des achats plus fréquents et de petits volumes. Le télétravail se banalise, les jeunes adultes conduisent moins, l’essence est plus chère, on peut redevenir précaire à tout âge. Les gens ont aussi besoin de relationnel.

Consciente de ces mutations, la GMS crée depuis plusieurs années des concepts stores adaptés que je visite régulièrement…

Côté magasins bio, il devient urgent d’enrichir la biodiversité d’emplacements et concepts.

BL : Mais comment opérer ? 

S. F. : Il faut commencer par apporter une coloration, un positionnement particulier à l’enseigne ou point de vente : plutôt santé, royaume du goût, etc. Ensuite, une inversion de tendance s’opère : un magasin sera d’autant plus désirable qu’on se sentira proche de lui, au propre comme au figuré. Le lieu d’achat principal devient le sofa du client avec son ipad ou smartphone, le perron de sa demeure, son lieu de travail, sa zone pavillonnaire. Le point de vente en périphérie va perdurer, à condition d’avoir le « look and feel » d’un magasin lieu de vie ou l’on se sent bien.

*Découvrez le grand dossier La Bio augmentée : les 6 défis anti-crise pour une bio à nouveau désirable