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Contamination des vins et des spiritueux par des résidus de Phtalates

Les phtalates sont des composés chimiques extrêmement répandus dans notre environnement. Les vins et les spiritueux peuvent facilement être mis en contact avec des matériaux susceptibles de contenir ce type substances.
Les phtalates présentent un degré de toxicité variable selon les molécules considérées et leur capacité à migrer dans les organismes. La question de la toxicité de ces molécules fait toujours débat. En revanche, les avis sont relativement unanimes pour accorder à un potentiel de perturbateur endocrinien important pour certaines molécules.

Le règlement européen N°10/2011 CE du 14 janvier 2011 réglemente l’usage des phtalates dans les matériaux susceptibles d’entrer en contact avec les denrées et les boissons alimentaires. La réglementation porte une attention particulière à certains phtalates qui sont classés à l’annexe IV du règlement UE N°143/2011 CE comme repro-toxiques (CMR catégorie 1B) et prévoit leur interdiction pure et simple à compter du 1e janvier 2015. Dans les vins et les spiritueux il n’existe pas de teneur limites admissibles.
Dans ce travail nous avons procédé à l’analyse de la teneur en différents phalates dans des vins et des spiritueux d’origine vinique français mis en marché sur le territoire européen ou destinés à l’exportation. Dans les vins analysés, le di-butyl phtalate (DBP), le di-éthylhexyl phtalate (DEHP) et le butyl-benzyl phtalate (BBP) représentent les molécules les plus fréquemment dosables. Si seulement 15 % des échantillons examinés contiennent des teneurs quantifiables (> 0,010 mg/kg) de DEHP et de BBP, 59 % des vins recèlent des quantités significatives de DBP (> LOD) avec une valeur médiane atteignant 0,0587 mg/l. Seuls 17 % des échantillons ne contiennent pas de quantité détectable d’au moins un des phtalates reprotoxiques (< LOD) et 19% n’en contiennent que des traces non quantifiables (> LOD,<LOQ).
Dans les spiritueux analysés, le DBP (médiane = 0,105 mg/kg) et le DEHP (médiane = 0,353 mg/kg) sont les molécules mesurées avec les plus fortes concentrations et la plus grande fréquence (90 % des cas). Le BBP est retrouvé dans 40 % des cas à une teneur moyenne de 0,026 mg/kg. Le Di-isobutyl phtalate (DiBP), non autorisé au contact alimentaire, est dosé dans 25% des spiritueux contrôlés. Cependant, il faut noter que seules les eaux-de-vie les plus âgées (plus de 20 ans d’âge) de notre échantillonnage présentent des teneurs mesurables ; dans le reste des cas seul des traces de cette molécule sont détectables (< 0,010 mg/l, dans 10% des cas).
Dans les vins et les spiritueux il n’existe pas de teneur limites admissibles. En conséquence, dans l’Union Européenne, ce sont les limites de migrations spécifiques de chaque molécule, c’est-à-dire la quantité maximale d’une substance autorisée dans les denrées alimentaires qui s’appliquent (règlement CEE 2011/10). Globalement, si l’on compare les teneurs mesurées dans notre échantillonnage de vins et de spiritueux, on constate que, rapportées aux LMS spécifiques pour les matériaux en contact avec les aliments, un peu plus de 11% des vins analysés sont non conformes car ils dépassent la LMS du DBP (0,3 mg/kg) ; un peu moins de 4% s’approchent de la LMS du DEHP. En ce qui concerne les spiritueux, 19% des échantillons analysés sont jugés non conformes par rapport à la LMS du DBP et près de 7% s’approchent de la LMS du DEHP ; les eaux-de-vie anciennes analysées sont parfois excessivement contaminées par du DiBP non autorisé au contact alimentaire (> 0,01 mg/kg).
Les produits élaborés au contact d’un matériau non conforme à la réglementation sur les matériaux en contact avec les aliments ne devraient pas être mis en marché. L’étude de différents matériaux présents fréquemment dans les installations vinicoles montre qu’un assez grand nombre de polymères contiennent parfois des quantités importantes de phtalates. Néanmoins, compte tenu de leurs paramètres de migration, ce sont les revêtements de cuves en résine époxydiques qui représentent les sources majeures de pollution.
Les revêtements pollués peuvent être éliminés et les cuves réhabilitées avec des résines modernes indemnes de phtalates indésirables. Les essais réalisés dans notre laboratoire ont également permis d’imaginer une technique alternative devant permettre de maintenir en place des revêtements contaminants en mettant en place une surcouche à effet barrière. Compte tenu des sources de pollution majeures et secondaires identifiées dans ce travail, il paraît possible de réduire rapidement le niveau de risque de pollution des vins et des spiritueux d’origine vinique dans un bref délai ; il est souhaitable que les producteurs procèdent rapidement à une évaluation de leurs conditions de risque pour mettre en place au cas par cas des solutions de prévention des migrations indésirables efficaces.
source http://www.labexcell.com/
 

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