Concentré de bienfaits riche en nutriments l’amande est une véritable star parmi les fruits secs. Derrière sa simplicité apparente se cache en fait un véritable métier qui nécessite un investissement permanent et une attention de tous les instants. Certains le font en plus avec une véritable passion, ce qui est indubitablement le cas de la société Damiano. Une passion qui se traduit même sur des plans que l’on ne soupçonnerait pas…
Une affaire de famille
Torrenova, une petite ville sur la côte nord de la Sicile. L’aventure familiale commence dans la région au milieu du 19e siècle avec un commerce entre la ville et les îles Éoliennes, au large de la côte. A la génération suivante, Antonino Damiano, l’arrière-grand-père de Riccardo Damiano, actuel PDG de l’entreprise, se consacre à l’agriculture puis son fils Vincenzo exploite un moulin à blé et se lance dans la fabrication de pâtes. Après avoir participé à la commercialisation des produits de son père, Pasquale, fils de Vincenzo, fonde en 1964 l’entreprise sous sa forme actuelle. En 1976, il prend le virage de la bio, ce qui en fait un des pionniers en Italie.
« Ma génération est arrivée dans l’entreprise familiale au tournant des années 2000, explique Riccardo Damiano. Nous avons pris conscience du fort potentiel qui était le nôtre, en particulier sur le plan qualitatif. Et en 15 ans, nous sommes devenus le leader mondial de l’amande bio, exportant 85 % de notre production dans une vingtaine de pays à travers le monde, et passant de 6-7 employés à 60 aujourd’hui, en développant la partie industrielle ».
Un expert présent sur le marché à différents niveaux
Noisettes, pistaches, amandes et tous les autres fruits secs Damiano, issus de l’agriculture biologique, sont récoltés à la main, puis décortiqués, pelés, grillés ou frits, salés ou enrobés de chocolat, emballés ou encore transformés en purées et en pâtes à l’usine de Torrenova en Sicile. L’activité commerciale se divise en trois parts à peu près égales : la livraison de produits finis aux magasins pour la consommation grand public, la fourniture de matières premières plus ou moins transformées à l’industrie alimentaire (pour la fabrication de lait d’amande, de barres énergétiques, de biscuits, comme fourrage, etc.) et enfin la vente à des revendeurs qui livrent les produits à de petits utilisateurs transformateurs, comme les pâtissiers.
En 15 ans, Damiano est passé de 6-7 employés à 60, exporte 85 % de sa production dans une vingtaine de pays à travers le monde et est devenu le n°1 mondial de l’amande bio.
L’entreprise a acquis cette position de leader en se concentrant sur ce métier, dont elle est devenu un expert, comme l’explique Riccardo : « Ma génération a décidé non seulement de passer totalement au bio, continuant le virage pris par mon père, mais aussi de limiter les activités familiales aux fruits secs, laissant de côté les autres affaires que nous avions, qui allaient du sucre à la construction. Aux amandes et noisettes traditionnelles sont venues s’ajouter les pistaches, les cacahuètes, les noix de cajou, le sésame, etc. Environ 60 % des produits proviennent de Sicile, ce qui représente 500 producteurs de noisettes ou 350 pour les amandes, allant de très petits fournisseurs qui nous livrent 50 kilos venant de leur jardin à des exploitations couvrant 200 hectares ».
Transformateur… et producteur
Si au départ la société faisait surtout du négoce de fruits secs, les achetant pour les décortiquer puis les transformer, depuis une dizaine d’années, elle est également passée du côté des producteurs. Une différence importante en comparaison d’autres acteurs du marché : « Tout en continuant à travailler avec ces producteurs avec lesquels nous avons des relations très fortes depuis 50 ans, nous avons commencé à acheter des terrains, continue Riccardo Damiano. Nous sommes ainsi devenus une entreprise agricole, avec deux ingénieurs agronomes, et projetons d’avoir à terme 1000 hectares. 10 % de nos fruits secs proviennent aujourd’hui de nos propres terrains, toujours en bio bien sûr. Nous avons planté ces terrains à la fois avec des amandiers et avec des oliviers, pour conserver une variété de cultures bénéfique aux sols ».
Devenue acteur direct de la production d’amandes, la société en améliore la qualité par une sélection attentive des variétés cultivées : « Nous avons choisi une variété précise d’arbre, qui produit une qualité d’amandes à coque tendre, plus riches que les amandes espagnoles ou les américaines. Et nous aidons les producteurs avec qui nous travaillons à remplacer leurs amandiers par cette variété, au fur et à mesure du vieillissement de leurs arbres (un amandier n’est économiquement rentable que jusqu’à l’âge de 25 ans maximum) ».
Objectif qualité
Outre la production partielle des matières premières utilisées, l’attachement de Damiano à la qualité est illustré par le fait que l’entreprise est certifiée ISO depuis 1999 déjà, certification à laquelle s’ajoutent celles selon les normes IFS (International Food Standard) et BRC (British Retail Consortium) portant toutes deux sur la qualité et la sécurité des aliments, plus les certifications bio par Ecogruppo, Bio Suisse, USDA Organic, ainsi que Kosher, Carbon Foot Print, etc.
Parfois, les normes officielles les plus strictes ne sont pas suffisantes pour Damiano : « La présence de corps étrangers dans les fruits secs – cailloux, morceaux de verre, bois, plastique, métal ou coques, etc. – est un des premiers risques de ce métier. Alors que la seule vraie norme exigeante, celle en vigueur aux USA, autorise au maximum 100 à 1000 corps étrangers par tonne d’amande selon la classe de produits, nous sommes les seuls à garantir un maximum de seulement 10 corps étrangers ! Ceci grâce à un investissement de plusieurs millions d’euros sur des machines sophistiquées, laser ou résonance magnétique, là où les concurrents se contentent de simples scanners ».
« A cela s’ajoutent des bâtiments ultra-modernes, dans lesquels, grâce à des investissements lourds, nous garantissons un état de propreté maximale, même s’il s’agit au total de 13.000 m². Nous avons des audits internes permanents, avec un service qualité comportant 5 personnes, ce qui est presque surdimensionné par rapport au nombre total d’employés. Mais nous préférons faire trop que pas assez, précise Riccardo Damiano ». Dernier détail sur le plan qualitatif : les produits contenant des allergènes sont travaillés dans des bâtiments séparés de ceux qui n’en contiennent pas.
Préserver demain
Bien sûr, la qualité passe également par une gestion durable des fabrications, par une très grande attention portée à la consommation de l’eau, par l’utilisation de produits compostables, etc. « Nous commençons par exemple à utiliser des étiquettes faites avec le même plastique que les sachets, ce qui permet que les deux soient recyclables en même temps, précise M. Damiano ». Et qui dit gestion durable pense aussi à la nature : « Alors qu’en Californie la culture des amandes est une énorme consommatrice d’eau (jusqu’à 4.000 litres pour 1 kg d’amande), l’eau venant de très loin par drainage. De notre côté, nous nous contentons simplement de l’eau naturellement présente sur nos terrains, apportée par la pluie, dit fièrement M. Damiano. De plus, nos amandiers n’ont pas besoin d’abeilles car il sont ‘‘auto-pollinisants’’ et n’ont donc aucun impact négatif sur la population des abeilles, contrairement à ce qui se passe en général ».
Le partage comme vision d’entreprise
Mais ceci n’est rien si on ne respecte pas aussi les hommes. Un point qui ne pouvait échapper à cette société familiale qu’est Damiano : « Certes une entreprise doit faire des bénéfices, explique Riccardo. Mais pour nous c’est un devoir de les partager avec toutes les personnes qui ont contribué à les créer. Si notre société a atteint ce niveau d’excellence, c’est avant tout grâce à toutes ces personnes qui travaillent avec nous : agriculteurs, ouvriers, employés…Nous avons ainsi officialisé une série de mesures il y a une dizaine d’années, avec la création de la Fondation Damiano ».
« Pour nous c’est un devoir de partager les bénéfices avec toutes les personnes qui ont contribué à les créer ».
« Celle-ci a permis la création d’écoles à Madagascar ou la mise en place en Haïti, juste après le terrible tremblement de terre de 2010, et en collaboration avec la Fondation Francesca Rava (la plus importante en Italie), d’un atelier de fabrication de pâte nutritionnelle énergétique, qui permet de produire sur place des sachets unidoses destinés aux enfants de l’hôpital où cet atelier est installé. Des investissements qui ne sont aucunement liée à une activité commerciale – il n’y a ni achat ni vente – et qui sont juste ce que j’appelle un ‘‘investissement du cœur’’ ».
En Italie, la Fondation paie les études supérieures aux enfants des ouvriers et employés de l’entreprise, ou peut aussi prendre en charge les frais de santé (coûts médicaux directs ou de voyage) pour les enfants ou les ascendants des collaborateurs qui ne sont pas couverts par les assurances d’état. Enfin, une ligne de crédit financier (à 0 %) de 1000 € par année de présence est ouverte pour chacun des collaborateurs, sans obligation de rembourser. Sachant qu’à ce jour tous ceux qui en ont profité ont pour la plupart remboursé, à leur rythme, par solidarité. Les employés ont en moyenne une quinzaine d’années de présence, le plus ancien étant là depuis 46 ans.
Au plus près des clients
Etre au plus près des clients et des utilisateurs est dès lors également quelque chose qui coule de source, comme conclut Riccardo Damiano : « Parce que la France et les USA sont pour nous les deux marchés les plus importants, nous y avons créé des filiales, avec pour la France un entrepôt à Sorgues. En nous passant de distributeur, nous faisons ainsi en sorte de proposer nos produits le moins cher possible. Et autre détail que j’aime rappeler : au sein de notre équipe, nous maîtrisons parfaitement 5 langues, à savoir le français, l’allemand, l’anglais, l’espagnol et bien sûr l’italien. Cela permet de bien comprendre nos clients et les utilisateurs de nos produits… en d’autres mots d’élargir encore plus le champ du partage ».