Nous avons transmis à l’expert retail Fabien Foulon (Retail&Detail) les données de nos pages Repères Économiques que vous retrouvez dans le dernier Bio Linéaires. Ces données comprennent notamment quatre pages d’IRI sur les chiffres à fin juin 2022 de la bio en grandes surfaces (GMS), une page de données brute sur le marché en magasin bio spécialisé (MSB) au premier semestre 2022.
Voici son analyse.
Écrit par Fabien Foulon
Au regard des données Repères Économiques de Bio Linéaires, je vois quelques signes encourageants sur l’évolution des derniers mois.
D’après les données de l’Insee, l’inflation globale était d’environ +3 % en début et elle est montée progressivement à +6 % au mois de juin :
Dès le début de l’année (inflation à +3 %), les Français ont fait des arbitrages forts en termes de consommation alimentaire, en particulier sur le bio (cf. tendance à -16 % pour les MSB dès le mois de janvier).
Mais avec un doublement de l’inflation au cours des derniers mois, on aurait pu s’attendre à que la baisse des MSB s’accentue encore plus.
Or, cela n’a pas été le cas et la comparaison avec les achats en GMS montre même qu’il y a une légère “amélioration” (plus précisément, un léger ralentissement de la baisse) au cours des derniers mois :
Le deuxième graphique montre par ailleurs qu’au cours des deux derniers mois et sur un périmètre bio, les MSB perdent deux fois moins de parts de marché que sur les premiers mois de l’année.
Pour le moment, on peut identifier plusieurs explications possibles :
- la forte réduction de l’offre bio en GMS amène peut-être certains clients GMS à reporter une partie de leurs achats bio vers les MSB ;
- certains clients qui, à l’inverse, avaient transféré des achats en MSB vers des achats bio en GMS ont peut-être été déçus par certains produits bio de GMS et sont revenus vers les magasins bio ;
- la troisième explication est plus subjective : la “discountisation” des enseignes GMS (mise en avant des marques Premier Prix au détriment du reste) a peut-être aussi amené certains clients “premium” à se tourner davantage vers les MSB ou d’autres circuits alternatifs ;
- enfin, il ne faut pas oublier que les -16 % du début d’année n’étaient pas due qu’à l’inflation, cette baisse était multifactorielle et amplifiée par certains événements : Complément d’Enquête et son reportage à charge de septembre 2021 contre Biocoop, très faible visibilité de la question écologique pendant la campagne présidentielle… Ces événements commencent à s’éloigner dans le temps et dans l’esprit des Français et ne pénalisent peut-être plus autant l’attractivité des magasins bio.
Bien entendu, ces comparaisons d’évolution sont encore fragiles car basées uniquement sur deux mois, mai et juin, marqués par des décalages calendaires et/ou par certains événements. En particulier la réouverture des restaurants fin mai début juin 2021 qui fait que l’historique de juin 2021 était moins haut que celui des premiers mois de l’année. Il faudra donc attendre encore quelques mois avant d’avoir une confirmation ou une infirmation de cette tendance.
Selon les données Good. / BioAnalytics, et après désaisonnalisation, si les ventes baissent toujours (par rapport aux mois précédents), les baisses sont moins marquées : entre -5 % et -10 % alors que la pente était entre -15 % et -20 %, il y a quelques mois. Tout cela reste fragile et à confirmer sur les prochains mois.