Le moulin  Marion mène de front plusieurs activités : minoterie, alimentation de bétails, amendement, aide et conseil aux agriculteurs en culture bio, etc. Il est l’un des leaders européens dans cette catégorie.

Quel est l’ordre de marche du moulin Marion pendant la crise épidémique ?

“Nous avons été habitués, de par nos activités en agriculture biologique, à avoir des méthodes de travail et d’analyses très strictes, nous permettant de toujours agir par anticipation. C’est dans cette logique que, bien en amont des directives de l’État, nous avons pris les mesures qui nous semblaient s’imposer dans la perspective de la pandémie qui s’annonçait.”

Comment cela se traduit-il?

“Nous avons beaucoup informé sur les risques du Covid-19, pris des dispositions pour la protection des salariés et partenaires, adaptant les conditions de travail, les réceptions et livraisons à chaque nouvelle directive. Après la mise en place du confinement, nous avons opté pour une alternance en chômage partiel ou télétravail pour certains salariés des services administratifs, de même pour les technico-commerciaux, évitant ainsi une trop grande promiscuité dans les bureaux et des déplacements à risques.”

La demande en farine est très forte actuellement. Quelles actions ont été mises en place ?

“Pour répondre à la demande, notamment en farines petite sacherie, les équipes de production sont présentes et travaillent beaucoup, secondées par du personnel intérimaire, avec une assiduité et une solidarité exceptionnelles, que nous tenons vraiment à saluer. Elles se relaient ainsi en 2 ou 3/8, y compris le samedi et parfois le dimanche.”

Dans quelle ambiance le travail est-il accompli tout au long de la chaîne de production?

“Les partenariats forts que nous avons tissés depuis de longues années avec nos fournisseurs, prestataires et clients, sont précieux en ces périodes difficiles, et les engagements de chacun nous ont permis jusqu’alors d’appréhender avec une certaine sérénité les contraintes actuelles. Même si pour les responsables de services et les membres de la direction, la tension est grande pour faire face à ces contraintes (organisations logistiques, manque de temps, d’emballages, de place, de personnel…) Fort heureusement, les nouveaux liens, une volonté de bien faire, la spontanéité et la solidarité qui se sont vraiment renforcés sur cette période au sein de nos équipes compensent largement ce stress.”

Quelles réflexions cela vous amène-t-il ?

“Un grand espoir en ce sens. Gageons que cette pandémie permette de recréer un lien social bien au-delà de nos entreprises, lien trop souvent défaillant ces dernières décennies dans nos pays de privilégiés. Plus globalement, n’oublions jamais que de semblables crises peuvent s’ajouter aux catastrophes climatiques hélas prévisibles. Une nouvelle étude américaine relie la pollution de l’air et la létalité du Covid-19.”

Quelles leçons en retenir ?

“Nous devons tous faire preuve d’une grande humilité face à cette pandémie douloureuse, et agir en toute conscience pour un changement radical de nos modes de vie. Ensemble, nous pouvons beaucoup. D’ores et déjà, nous constatons une plus grande solidarité, des changements de comportements très positifs. Gageons que l’Humanité entière, confrontée aux mêmes problématiques, gardera une trace indélébile de cette période troublante, et dans un élan de lucidité, saura s’adapter pour un avenir plus serein.”