Cancérogènes, toxiques pour la reproduction ou l’ADN, perturbateurs endocriniens… 150 substances à risque ont été identifiées par l’UFC-Que Choisir parmi les 14 000 contrôles sanitaires officiels menés sur les aliments vendus en France. L’association révèle que plus de la moitié des fruits et légumes issus de l’agriculture intensive testés sont contaminés par ces pesticides à risque. À la lueur de ces résultats, l’association l’affirme “le bio est le meilleur moyen d’éviter les pesticides”. Elle saisit également les autorités, dont l’ANSES, pour obtenir des procédures plus strictes d’autorisation des pesticides.
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92 % des cerises et 80 % des pommes contaminées
51 % des contrôles révèlent la présence d’un de ces pesticides à risque dans les fruits et légumes issus de l’agriculture intensive et pour 30 % des contrôles au moins deux pesticides à risques ! “Loin de ne concerner que des traces infinitésimales non quantifiables, dans près d’un cas sur deux (43 %), les autorités ont été en capacité de mesurer les doses de ces substances”, précise l’association. 92 % des cerises et 80 % des pommes non-bio sont contaminées.
Les produits de l’agriculture biologique : “un recours pour les consommateurs“
“Dans les rares cas, où le bio est contaminé, les teneurs relevées en pesticides à risque sont beaucoup plus faibles qu’en conventionnel”, note l’association. D’autant que les teneurs ne sont quantifiables que pour 8 % des échantillons, “dans tous les autres cas les substances étant généralement absentes ou présentes à l’état de traces non quantifiables”. “Conformément aux recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS) du Ministère de la Santé, les produits de l’agriculture biologique constituent donc un recours pour les consommateurs, notamment les plus sensibles aux effets de ces molécules : femmes enceintes, enfants et adolescents”, conclut l’UFC-Que-Choisir.
“la réglementation actuelle en matière de pesticides ne permet pas de garantir l’absence de risque dans les aliments”
L’association dénonce des “constats globaux inquiétants” qui “sont le résultat d’un cadre réglementaire particulièrement laxiste” : “la réglementation actuelle en matière de pesticides ne permet pas de garantir l’absence de risque dans les aliments”. Et ce pour deux raisons, selon l’UFC : ces contrôles tiennent compte des limites maximales de résidus autorisées (LMR) par la réglementation y compris pour les substances à risque qui “pourraient être nocives pour la santé même à très faibles doses. La conformité aux LMR est donc une notion obsolète qui n’offre pas de protection suffisante pour ces substances dont aucune trace ne devrait être tolérée, d’autant plus que leur action peut être accrue lorsqu’elles sont présentes en mélange (effet cocktail)”. Autre raison : “Bien que les études indépendantes s’accumulent pour alerter sur la dangerosité de certains pesticides, les agences sanitaires continuent de les autoriser sur la seule base des études transmises par les fabricants. Plus consternant encore, elles attendent généralement la fin des périodes d’autorisation pour procéder aux réévaluations”.
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Renforcer le cadre réglementaire national et européen
En conséquence, l’UFC-Que-Choisir s’insurge “que la FNSEA et le Ministre de l’agriculture, instrumentalisant les conséquences de la guerre en Ukraine, demandent de façon irresponsable un abandon des propositions européennes pour renforcer le cadre réglementaire sur les pesticides”. Face à ces postures qu’elle juge “inadmissibles”, l’UFC-Que Choisir “exige un renforcement du cadre réglementaire national et européen, à travers :
– la remise à plat des procédures d’autorisation et notamment l’élaboration de méthodologies officielles pour mieux identifier les composés cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques ou les perturbateurs endocriniens, ainsi que les effets en mélange de substances (effet cocktail) ;
– des contre-analyses indépendantes réalisées sous la responsabilité des agences sanitaires en cas de doute sur la nocivité de certains pesticides ;
– l’interdiction immédiate de commercialisation et d’utilisation des molécules les plus à risques, en application du principe de précaution”.
L’UFC-Que Choisir met à la disposition de tous les résultats complets de son analyse en libre consultation.