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À propos de ceux qui jettent le bébé avec l’eau du bain…

À force de mettre en avant les faiblesses et les insuffisances du bio, certains commentateurs, sous prétexte d’objectivité, en oublient l’essentiel et font une contre publicité au bio.

Le Canard Enchaîné, puis la revue 60 millions de consommateurs, ont récemment consacré un Hors-série au bio (Ndlr : cet article est paru dans Bio Linéaires N° 85 – Septembre / Octobre 2019 à retrouver ICI). En mentionnant ses avantages, mais en insistant tellement sur ses faiblesses, avec parfois des arguments plus que contestables, que le lecteur non averti est tenté d’en conclure qu’au fond il n’y pas beaucoup d’avantages à manger bio.

Haro sur les pesticides autorisés en bio

S’il interdit les pesticides de synthèse, le bio autorise quelques pesticides d’origine naturelle. Une réalité largement exploitée par les ennemis du bio, mais aussi par certains prétendus défenseurs de ce mode de production. On peut lire par exemple, dans le Hors-série de 60 millions de consommateurs, dans un paragraphe intitulé « L’huile de neem aussi nuisible que le glyphosate » que « Si l’on évaluait l’huile de neem avec les mêmes critères que ceux pour le glyphosate, elle devrait être interdite ». En réalité, les données scientifiques sur la toxicité de l’huile de neem sont très peu nombreuses et non concluantes. Par ailleurs cet insecticide végétal n’est autorisé en France qu’à titre dérogatoire, pour une durée limitée à 120 jours, et uniquement contre le puceron du pommier et du poirier. La comparaison avec le glyphosate n’a donc aucun sens.
La roténone est également mise en cause, alors qu’elle est interdite depuis 2011. On peut aussi lire dans le Hors-série cité « Quant aux quelques 100 pesticides d’origine naturelle autorisés en bio, ils forment ¼ du tonnage des pesticides utilisés en agriculture ». Une info dont on aimerait connaître la source. Le lecteur non averti peut conclure de ces différentes contre-vérités qu’en matière de pesticides, le bio ne fait pas mieux que le conventionnel.

D’autres reproches faits au bio

Pour montrer que le bio n’est pas parfait, ce que personne ne conteste, les nouveaux bio sceptiques mettent en avant les différents problèmes que rencontre ce mode de production : une contamination des œufs et du lait parfois supérieure à celle des produits conventionnels, notamment à proximité des incinérateurs, par des polluants de l’environnement comme les dioxines, car les poules bio picorent dans le sol et les vaches bio sortent dehors pour manger de l’herbe. Est-ce une raison suffisante pour que ces animaux ne voient jamais la lumière du jour ? On reproche aussi – à juste titre – l’utilisation, comme en conventionnel, de nitrites en charcuterie, et des conditions d’élevage certes meilleures qu’en conventionnel, mais « loin d’être idylliques ». Et aussi les conditions de travail et de rémunération des ouvriers, parfois inadmissibles, dans les grandes exploitations de production de fraises et autres fruits et légumes bio sous serre. L’industrialisation du bio, tant en matière de production que de commercialisation, est une autre dérive que tous ceux, largement majoritaires parmi les producteurs bio, qui restent attachés aux valeurs de la bio, sont les premiers à regretter et à combattre. Tout cela est vrai et le fait que ce soit encore pire en conventionnel n’est évidemment pas une excuse.

Des atouts décisifs, trop souvent oubliés

Presque plus personne ne conteste que les produits bio contiennent rarement des résidus de pesticides, qu’ils sont plus riches en nutriments que les conventionnels et que les
consommateurs bio sont en meilleure santé que les autres. Mais d’autres atouts du bio, tout aussi importants, doivent être rappelés :
● contrairement à l’agriculture conventionnelle, l’agriculture biologique ne pollue ni l’eau, ni les sols, ni l’air,
● l’agriculture biologique n’utilise pas d’engrais azotés de synthèse, grands consommateurs d’énergie, émetteurs de gaz à effet de serre, polluants majeurs de l’air et sources, avec les pesticides, de la majorité des impacts négatifs sur l’environnement de l’agriculture d’aujourd’hui,
● l’agriculture biologique utilise beaucoup plus de main d’oeuvre que la conventionnelle : 9,5 % des fermes françaises sont en bio mais elles assurent 14% des emplois de l’agriculture. La conversion de toute l’agriculture au bio créerait plusieurs centaines
de milliers d’emplois,
● l’agriculture biologique préserve la biodiversité,
● enfin, et ce seul argument devrait suffire, l’agriculture biologique est la seule qui entretienne la fertilité des sols et qui soit durable et généralisable.
Il ne faudrait donc pas que ceux qui, pourtant convaincus de l’intérêt de l’agriculture biologique, critiquent avec trop de zèle ses insuffisances et ses dérives, nous amènent à penser qu’avec de tels amis, nous n’avons plus besoin d’ennemis….

Claude Aubert

Cet article est paru dans Bio Linéaires N° 85 – Septembre / Octobre 2019 à retrouver ICI

 

 

 

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