

Biofach et Vivaness ont fait leur retour du 14 au 17 février à Nuremberg (Allemagne), attirant près de 36 000 visiteurs professionnels de 135 pays. Michael Böhm et Burkhard Schear d’Ecozept y étaient et font le point pour Bio Linéaires sur l’état du marché bio allemand qui souffre également. Notamment la distribution spécialisée bio qui traverse une crise sans précédent. Le soutien politique en Allemagne reste toutefois très fort en faveur du Bio. Pour notre expert export, Jean-Marc Denan, également à Biofach, le salon fut cette année «plus qualitatif que quantitatif. À condition de l‘avoir bien préparé à l’avance».
Un bilan globalement négatif
Le bilan 2022 de la conjoncture bio en Allemagne, tel qu’il vient d’être établi pour le salon Biofach, est, il faut bien le constater, négatif pour la première fois dans son histoire : un recul de -3,5 % est constaté pour l’ensemble du marché. La grande distribution conventionnelle s’en sort, elle, avec un solde positif : ses ventes en bio progressent de +3,2 %. Mais ceci ne suffit pas pour contrebalancer les lourdes pertes enregistrées par la distribution spécialisée (-12,3 %) et par les « autres[1] » circuits de distribution (-18,2 %).
La part consacrée aux dépenses alimentaires de produits bio a également reculé. Après 7 % en 2021, ce ne sont plus que 6,3 % des dépenses alimentaires que les ménages allemands affectent aux produits bio.
Retrouvez les chiffres complets du marché bio allemand dans Bio Linéaires N°106. Sortie : fin février 2023.
La crise de la distribution spécialisée « à la loupe »
Le constat de Klaus Braun, qui base son observation de la distribution spécialisée en bio sur une expérience de 40 ans et sur plusieurs panels, est alarmiste : « Jamais, nous n’avons connu une telle situation ». Nombre de magasins auraient épuisé leurs réserves financières et sauf inversement de la situation on risquerait de perdre jusqu’à la moitié du parc (actuellement 2 500 magasins environ).
Le soutien politique reste fort
Le salon Biofach est aussi une tribune pour la politique agricole. Ainsi, nombreux sont les ministres de l’agriculture des Laender (les régions allemandes sont autonomes dans leur politique agricole) qui ont fait le voyage pour visiter les stands, encourager les acteurs économiques et afficher leur soutien.
«Le bio, c’est la meilleure réponse à la crise climatique. Si vous ne voyez pas cette réalité, alors allez vite chez votre opticien ! », le ministre fédéral de l’Agriculture
Dans son discours, le ministre fédéral de l’agriculture, Cem Özdemir, a réaffirmé tout son soutien par des programmes d’aides, de recherche et de développement, tous revalorisés et encore plus ciblés sur le bio. Une affirmation ministérielle dont on peut rêver pour la filière bio française.
[1] Sont regroupés dans la catégorie « autres » : boulangeries, boucheries, primeurs, marchés de plein air, vente directe, vente en ligne, stations de service, magasins diététiques.