Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a annoncé de nouvelles mesures en soutien à l’agriculture biologique. Des aides jugées insuffisantes par les organisations professionnelles. Avec également une interrogation quant à la possibilité que le label HVE puisse bénéficier de l’aide octroyée au respect des objectifs d’Egalim en restauration collective relevant de l’État.
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Ce que contient ce nouveau plan de soutien au Bio
-une enveloppe de 60 M€ d’aide d’urgence pour soutenir les filières les plus en difficulté (avec des modalités d’octroi à définir avec les professionnels) ;
-pour le secteur des fruits, sera mobilisé plus particulièrement le programme européen de distribution de fruits dans les écoles pour prioriser l’utilisation de fruits issus de l’agriculture biologique ;
-nouvel abondement de 500000 € à la campagne #Bioréflexe portée par l’Agence Bio qui s’ajoutent aux 750 000 € annoncés par l’État fin 2022 ;
-une enveloppe de 3 M€ issus de France 2030 permettra de lancer une seconde campagne de communication ;
-l’État s’engage au respect, d’ici fin 2023, des objectifs d’Egalim en restauration collective : « dans chaque établissement relevant de l’État soumis à cette obligation, les objectifs de 50 % de produits sous signe de qualité et durables, et de 20 % minimum de produits biologiques, seront ainsi atteints. Cela représente un soutien par la demande d’environ 120 millions d’euros ».
-> Lire le communiqué du ministère de l’Agriculture
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Des montants en-deçà des besoins
La Fnab (fédération nationale de l’agriculture biologique), le Synabio et Forébio ont annoncé dans un communiqué commun accueillir positivement ce nouveau plan d’aides, mais rappelé que « les montants annoncés sont en-deçà des besoins chiffrés depuis un an. Nous attendons donc le troisième volet du plan de soutien à la Bio, que nous espérons plus structurel. Sur la seule année 2022, les pertes ont été chiffrées à plus de 150 millions d’euros par les filières. Le CNIEL identifie un besoin de 71 millions d’euros sur la seule filière laitière pour 2023 (après 53 millions d‘euros en 2022) et les professionnels du porc biologique environ 30 millions d’euros (en 2022 et aussi en 2023) ». La Fnab dans un précédent communiqué (15 mai) avait également appelé au rétablissement de l’aide au maintien.
-> Lire le communiqué de presse de la Fnab / Forébio / Synabio
De son côté, la Maison de la Bio juge que ces aides vont dans le bon sens mais sont encore insuffisantes, invitant « le Gouvernement à faire preuve d’une plus grande ambition pour soutenir la filière bio. Au-delà de la nécessité de renforcer les agriculteurs bio, qui ont été durement affectés par la crise, il est crucial de relancer la consommation et d’amorcer une transition durable vers un modèle agricole plus sain », souligne ainsi la Maison de la Bio.
Besoin d’éclaircissement quant à HVE
Gilles Perole, adjoint au maire de Mouans-Sartoux, qui propose depuis des années des repas 100 % bio à la cantine scolaire, déplore pour sa part que ce plan soit « avant tout au bénéfice de l’État lui-même » et s’est interrogé sur la répartition de l’aide 120M€ pour atteindre « les 50% de produits sous signe de qualité et durables, et de 20 % minimum de produits biologiques » et sur la possibilité que cette aide bénéficie aussi au label HVE.
Une interrogation partagée par le Synabio qui demande « au Ministère de clarifier les budgets annoncés pour la restauration collective : nous comprenons que les 120 millions vont soutenir la bio… mais pas que. HVE, qui relève davantage du greenwashing que du signe officiel de qualité, va aussi bénéficier de ces fonds publics ! Ce n’est pas acceptable ».
Stop Mépris Bio, stop ou encore ?
Ces aides s’ajoutent à l’aide de 10 M€ (soit 160€ par ferme bio) annoncée lors du Salon de l’Agriculture. Celle-ci avait provoqué un tollé chez bon nombre d’organisations professionnelles bio et avait initié l’opération Stop Mépris Bio qui a recueilli plus de 66 000 signatures.